Pacem Minara
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Code promo Nike : -25% dès 50€ d’achats sur tout le site Nike
Voir le deal

 

 Deuxième Essai [PV Sinak]

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Locke Casseli

Locke Casseli


Messages : 68
Date d'inscription : 06/08/2013
Localisation : Bas Quartier

Deuxième Essai [PV Sinak] Empty
MessageSujet: Deuxième Essai [PV Sinak]   Deuxième Essai [PV Sinak] EmptyMar 30 Déc - 3:56

Locke passa doucement sa main sur le côté droit de son visage. Elle ne put s'empêcher de grimacer lorsqu'elle sentit sous ses doigts l'ecchymose qui entourait son oeil. La surface enflée était assez importante et une couleur rougeâtre la colorait. Toute cette partie de son visage était extrêmement sensible. La jeune femme jura et commanda une bière à Ada. Moi et ma grande gueule...

Son père lui disait souvent que les plus grands héros étaient des gens ordinaires et non des rois ou des généraux de guerre. C'était ceux qui mourraient sans nom qui méritaient la plus grande reconnaissance. Elle y avait cru, pendant un certain temps. Maintenant, elle regardait son visage défiguré dans le miroir derrière le comptoir et trouvait que ces « héros ordinaires » y allaient un peu fort. Gens ordinaires ou non, tous exerçaient leur emprise sur ceux qu'ils considéraient plus faibles qu'eux. La différence résidait seulement dans l'ampleur du pouvoir de la personne. Les riches pouvaient opprimer des gens à la centaine, tandis que les pauvres y allaient plus en cas individuel. La nature des hommes demeurait la même. Tous des sales-

-Locke, qu'es qui est arrivé avec ton visage?! Tu t'es encore retrouvée dans une bagarre de rue?! Moi qui te dis toujours de faire attention! Un jour tu te feras tuer! Et ne compte pas sur moi pour aller pleurer sur ton corps!

Ada déposa brutalement le pichet d'alcool devant la jeune femme. Elle la fixa d'un air fâché.

-C'est joli, non? J'ai pratiquement l'air d'une bourgeoise avec ce rouge sur ma joue...

La propriétaire de la taverne lui tapa plusieurs fois sur la tête d'une main ferme.

-Les bourgeoises ont du rouge sur les deux joues, Locke! Lภtu as seulement l'air d'une sale gamine qui se fourre le nez aux mauvais endroits!

-Ah ça va Ada, tu sais je me débrouillais bien jusqu'à ce que les amis de ce con arrivent, puis c'est lui qui me barrait le chemin pour rien, j'avais rien demandé moi.

-Tu te trouves toujours  des excuses! Ça y est, j'abandonne! Vas-y, meurs, laisse-moi seule! Fais à ta tête! répliqua Ada d'un ton outragé avant de repartir servir les autres clients.

Locke pouffa de rire et regretta ce geste dès que l'intérieur de sa joue recommença à saigner. Elle aurait pu se soigner avant d'aller à la taverne, mais elle avait opté pour une guérison naturelle après s'être souvint de l'incident avec le jeune garçon et le nain. Pour ce garçon nommé Kei, elle avait utilisé son don en abondance et s'était beaucoup trop épuisée pour penser à le réutiliser après une si petite période de temps. Maintenant qu'on l'avait vue, elle devait respecter le rythme naturel de la guérison, sinon on se douterait de quelque chose. Après tout, ce n'était pas peut-être pas si grave, guérir comme tous les autres...

...Sauf que j'ai une sale gueule

La jeune femme pensa à Sinak et Kei. Sûrement, lorsqu'ils reviendraient, le nain passerait un commentaire désobligeant sur son apparence après qu'elle l'ait interpellé. Il la regarderait avec cet air de dégout habituel et continuerait ensuite à ignorer sa présence. Locke comprenait son attitude, mais la détestait. Après tout, elle avait bien sauvé Kei. Grâce à elle, il pouvait désormais se promener en sa compagnie à Pacem Minara. Toutefois, il ne se montrait pas reconnaissant. En fait, il ne se préoccupait pas le moindrement d'elle. Il n’était ni reconnaissant, ni rancunier. Il lui avait donné un paiement et c'était tout. Elle n'arrivait pas à le faire fâcher et elle n'arrivait pas à le faire parler. Il la voyait comme une moins que rien, quelqu'un qui ne méritait pas son attention. Cela l'enrageait. Elle préférait se faire donner un coup de poing au visage plutôt que de se faire ignorer. Au moins, pour le coup, on reconnaissait son existence. Était-elle aussi dégoutante que cela? Si risible et insignifiante qu'elle ne méritait même pas un  mot de sa part? J'ai sauvé son enfant en risquant ma vie et il est même pas foutu de m'adresser la parole, il croit qu'il peut m'ignorer même si je suis juste là devant lui. Quand il reviendra avec Kei je lui prou- Locke discerna du coin de l'oeil Sinak qui entrait dans la taverne. Quelque chose clochait. Elle prit un moment pour comprendre, puis réalisa: Kei n'est pas avec lui. Locke réfléchit rapidement. Avait-il menti, après tout? Kei était-il réellement son ami, ou plutôt...

Ou plutôt...

Je vais le tuer.

Elle n'avait pas sauvé ce garçon pour rien. Elle n'avait pas risqué sa vie pour rien. Elle n'avait pas soigné quelqu'un pour le faire retourner à une existence misérable. Plusieurs vagues idées du sort de Kei lui apparaissaient en tête et bien qu'elle ne comprenait pas trop ce que l'absence de l'enfant signifiait, elle avait sans aucun doute un mauvais pressentiment. Locke se leva brusquement et quitta le comptoir d'un pas rapide et lourd pour aller rejoindre le nain à l'entrée. Tout en marchant, elle commença à parler d'une voix forte lorsqu'elle vu que Sinak l'avait remarquée:

-Hey! Il est où Kei?! Pourquoi il est pas avec toi? T'as foutu quoi, dis-moi pas que tu l'as perdu! Si tu me mens ou m'ignores je te jure que tu vas le payer cher, j'ai pas-

Locke arrêta progressivement de parler lorsqu'elle vit l'air complètement atterré du nain. Une tristesse immense émanait de lui, il semblait prêt à craquer n'importe quand. Oh non. La jeune femme prit une grande inspiration, puis se calma. Moi et ma grande gueule.

Locke expira bruyamment et se passa la main sur le visage et dans les cheveux, avant de grimacer à nouveau, ayant oublié l'état lamentable de sa figure.

Sinak n'était probablement même pas fautif et elle arrivait comme cela, lui balançant des accusations par-dessus la tête avant même qu'il ait franchi le seuil de la porte. Il peut bien me détester... Locke reprit, cette fois-ci avec une voix plus détendue:

-Pourquoi tu fais la gueule comme ça? Et Kei, il n'était pas avec toi?

Pourquoi tu fais la gueule...? Bravo Locke. La jeune femme avait envie de disparaître. Elle était tout simplement incapable de parler aux gens. Les mots ne sortaient jamais comme elle le voulait et les phrases les plus inoffensives s'infectaient de venin lorsqu'elles passaient par sa bouche avant de sortir rencontrer leur destinataire. Locke était complètement inapte à la communication. Agacée, elle reprit, essayant tant bien que mal de se rattraper:

-Tout va bien, Sinak?
Revenir en haut Aller en bas
Sinak Pathara
Nain peu sympathique
Sinak Pathara


Messages : 92
Date d'inscription : 05/06/2013
Localisation : derrière toi conard

Deuxième Essai [PV Sinak] Empty
MessageSujet: Re: Deuxième Essai [PV Sinak]   Deuxième Essai [PV Sinak] EmptyMar 3 Mar - 12:56

Sinak regarda l’entrée de la taverne, surpris de s’être retrouvé là si vite. À ses côtés, Rigga respirait bruyamment, la langue pendante. Le nain se retint de justesse pour ne pas chercher un garçon aux cheveux blancs du regard. Il grinça des dents et se tourna vers sa chienne.

-Rigga, je suis con.

La chienne cligna des yeux et se lécha les babines. Je suis con, naïf et lâche. Sinak réalisa tout cela sans en ressentir vraiment l’impact. Ce qu’il se reprochait réellement, c’était de s’être donné autant de mal pour se convaincre qu’il avait besoin de Kei alors qu’en réalité, il avait été assailli de ce sentiment coupable de liberté dès qu’il lui eut tourné le dos. Un souvenir lointain qu’il avait crû enterré parmi les déchets de sa mémoire lui rappela qu’il avait expérimenté la même horreur quand sa mère avait été assassinée. La pensée avait surgi comme un diable en boîte, sans prévenir.

Elle est morte. Maintenant je n’ai plus à me soucier d’elle. Je peux passer à autre chose, je suis libre.

Sinak baissa la tête et ferma les yeux. Je suis un monstre, pourquoi ai-je tenté de prétendre que je pouvais apprécier un inconnu? Que je pouvais l’aider sans la moindre arrière-pensée? Je l’ai aidé parce que je cherchais à me pardonner, voilà tout. Je voulais me prouver que j’étais un être différent. J’ai joué au Seigneur, mais voilà que le diable me saute de nouveau à la figure.

Le nain grimaça et força des paupières jusqu’à ce que des feux d’artifice silencieux emplissent ses yeux. Il n’arriva cependant pas à chasser le chaos qui se jouait dans son esprit. Sa tête ressemblait à un nid de brindilles mal tissées dans lequel trois oisillons criaient des choses contradictoires. Il n’arrivait pas à décider lequel nourrir en premier, lequel faire taire.

Kei a retrouvé sa famille.

Ils vont bien s’en occuper, ils le connaissent bien. Mieux que moi. Le blond l’a dit, il a eu raison.

J’ai fait ma part, plus qu’il le fallait même.

Alors pourquoi. Pourquoi ces émotions égoïstes qui me semblaient bien réelles alors que je m’efforçais de tout faire pour garder Kei se sont évaporées quand j’ai réalisé que je ne pouvais rien faire de plus? Pourquoi n’ai-je pas été dévasté? Il est mon ami. Pourquoi ai-je simplement marché jusqu’à ici comme si rien ne s’était passé?


-Pourquoi Rigga…

Et pourquoi ça devrait être autrement hein? Kei n’est pas ma famille et il n’est pas mort. Je lui ai permis de retrouver sa famille, n’est-ce pas louable comme action? Pourquoi voudrais-je le retenir? Pourquoi ai-je pensé que j’étais mieux placé pour…

Le flot de pensées incohérent de Sinak fut interrompu par un grattement insistant. Rigga avait une patte posée sur la porte et son museau était tourné vers son maître.

-Merci Rigga, marmonna-t-il.

Sinak ne réfléchit pas avant de pousser la porte de la taverne. Ou plutôt, il n’avait jamais pensé être remarqué et encore moins abordé dès qu’il eut posé les pieds dans l’auberge.

-Hey! Il est où Kei?! Pourquoi il est pas avec toi? T'as foutu quoi, dis-moi pas que tu l'as perdu! Si tu me mens ou m'ignores je te jure que tu vas le payer cher, j'ai pas-

Pourquoi devait-elle arriver précisément à cet instant? Tout était déjà en bordel dans sa tête, pourquoi fallait-il qu’elle chamboule les choses à l’extérieur aussi?

-Pourquoi tu fais la gueule comme ça? Et Kei, il n'était pas avec toi?

Sinak fronça les sourcils et regarda la guérisseuse. Son œil et sa joue étaient rouges et enflés. Qu’est-ce qu’il lui était arrivé? Pourquoi avait-elle interrompu son discours de reproches?

-Tout va bien, Sinak?

Le nain était à présent complètement surpris. Il fixa son regard sur le visage de la jeune femme. Il n’était pas habitué de le voir. Il connaissait mieux le tissu de ses pantalons usés que ses traits faciaux. Quand il croisa son regard, il ne fut pas tenté de lire ce qui s’y trouvait. Il était simplement étonné de voir ses yeux. Le nain s’était habitué aux cheveux qui lui tombaient dans le visage et c’était généralement sur eux qu’il portait son attention.

Il détourna rapidement le regard et scruta le vide. Y a-t-il seulement une bonne façon de vivre? Une liste de tout ce qui est bien et de tout ce qui est mal? Les individus assez prétentieux pour décider de ce genre de lois se sont révélé être des êtres avares, menteurs et assoiffés de pouvoir. Alors de quel droit me juge-je?

Sinak secoua doucement la tête. C’était inutile. Tu vois Locke, je n’ai aucune réponse à te donner. J’ai juste des questions – un tas de questions.

Il pouvait se dire n’importe quoi, mais le sentiment de honte et d’embrouillement ne le quitterait pas. De plus, la confusion était devenue insupportable. Elle lui martelait le cerveau et lui torturait le ventre. Il avait envie de se tordre par terre, comme une guenille après lavage, pour se départir de tout ce jus malsain qui bouillait en lui. Il voulait rester vide et sec. Il voulait que tout soit simple et évident. Il voulait oublier, ou mieux encore, ne jamais savoir.

-Locke…veux-tu prendre un verre avec moi? Je pourrais te raconter…

Il n’allait pas lui raconter l’histoire parce qu’il considérait qu’elle était en droit de savoir où était Kei, mais simplement dans le but d’éviter d’éventuels problèmes avec Ada. S’il pouvait convaincre la guérisseuse qu’il n’avait pas vendu Kei au marché noir, il serait plus facile de rassurer la tavernière ensuite. Tu vois Kei, tu me causes du trouble même en n’étant plus là. C’est terrible.

Il se commanda une bouteille entière et monta dans sa chambre. Il devait se concentrer sur des problèmes plus urgents et mettre ses incertitudes de côté. Il savait qu’un jour il aurait à se confronter de nouveau et à faire le tri de ses émotions, de ses conceptions et de ses valeurs. Un jour, il devrait accepter et apprendre de ses erreurs. Cependant, cela ne serait pas aujourd’hui.
Revenir en haut Aller en bas
Locke Casseli

Locke Casseli


Messages : 68
Date d'inscription : 06/08/2013
Localisation : Bas Quartier

Deuxième Essai [PV Sinak] Empty
MessageSujet: Re: Deuxième Essai [PV Sinak]   Deuxième Essai [PV Sinak] EmptyVen 15 Mai - 1:38

-Locke…veux-tu prendre un verre avec moi? Je pourrais te raconter…

Locke souriait déjà intérieurement à la vue de l'alcool aux frais du nain. Ravie, elle allait s'asseoir au comptoir, oubliant complètement le sujet sérieux de son interrogation initiale, quand elle vu Sinak monter les escaliers de la taverne. Elle resta perplexe un moment.

Est-ce que je suis sensée le suivre? Non, il m'envoyait promener avec l'alcool, c'est ça?

Hésitante, Locke restait au seuil des escaliers.

-Idiote, suis-le, il est sûrement trop atterré par la disparition de son protégé pour boire parmi autant de gens, lui souffla une voix vaporeuse.

-Styln...

Locke prit délicatement la pierre dans ses mains, puis lui répondit, en faisant attention à ne pas verbaliser sa parole, comme elle en avait la fâcheuse habitude.

-Tu es sûr? Je sais pas, mais boire en tête à tête avec un nain qui se dégoûte de ma simple présence, ça m'attire pas trop, je pense pas être la bienvenue...

-Locke, bon sang, il t'a invité lui-même.

-Je veux pas être toute seule avec lui...

Styln, exaspéré, répondit rapidement:

-Bon, fait ce que tu veux, tu ne m'écoutes jamais de toute façon.

Il se défit de la connexion qu'il entretenait avec Locke et la laissa à elle-même. La jeune femme soupira, puis, réticente, monta rejoindre Sinak dans leur chambre.

La pièce était dans une semi-obscurité, Sinak en retrait dans un coin, assis au sol, verre déjà à la bouche. Elle le regarda quelques instants, avec un air qui semblait tendre vers la sympathie, puis alla allumer les lampes qui diffusèrent une lumière tamisée partout dans la pièce. Elle s'assit à côté de lui, un peu en retrait et tournée de manière à ne pas lui faire entièrement face.

Locke, mal à l'aise avec la situation, regardait la bouteille d'alcool et le verre vide à côté, en se demandant s'il serait approprié de s'en verser elle-même ou si elle devait attendre qu'il lui en offre. Perplexe, elle tournait une mèche de cheveux avec son index, la tête légèrement inclinée, en continuant de s'interroger sur le sujet. Sa vision commençait à s'affaiblir à cause de son œil et de sa fatigue, elle n'arrivait même plus à focaliser sur un point pendant plus de quelques secondes.

Super...

Le silence régnait dans la pièce. Rigga, ayant observé les deux de loin depuis quelque temps, décida de se lever et déposa de manière impromptue sa langue gluante sur la joue enflée de Locke.

-Raaaaaaaah, mais arrête s'il te plaît, c'est dégueulasse! se plaignit Locke à la chienne, lui poussant le museau hors de portée de son visage.

La chienne retourna se coucher à l'opposé de la pièce, satisfaite de son travail. Locke prit un bout de sa loque pour s'essuyer le visage, puis grimaça en lançant un juron sous son souffle. Sa blessure devenait de plus en plus sensible plus le temps s'écoulait. Elle sentit une larme couler le long de sa joue, provenant de son œil tout rougi et enflé.

Devant lui en plus? Je veux mourir...

Embarrassée, elle détourna rapidement le visage pour éviter que Sinak l'aperçoive. La journée avait déjà été trop longue pour la jeune femme. La seule envie qui l'habitait était celle d'aller se coucher dans le lit à seulement quelques pas d'elle pour ne pas se relever avant le soleil tapant de midi. Locke prit le verre vide et se servit à boire, puis avala une grosse gorgée d'un trait. Elle soupira, puis interpella Sinak:

-Bon, alors gêne-toi pas pour commencer, c'est quand t'es prêt...
Revenir en haut Aller en bas
Sinak Pathara
Nain peu sympathique
Sinak Pathara


Messages : 92
Date d'inscription : 05/06/2013
Localisation : derrière toi conard

Deuxième Essai [PV Sinak] Empty
MessageSujet: Re: Deuxième Essai [PV Sinak]   Deuxième Essai [PV Sinak] EmptyJeu 21 Mai - 1:26

Sinak avait le regard fixe, ses pensées devenues depuis longtemps plus palpables que le monde extérieur. Sa tête et son estomac lui brûlaient et il se demandait si son corps crispé finirait par se consumer à la longue. Les évènements de cet après-midi repassaient en boucle dans sa tête, se mélangeant aléatoirement à d’autres évènements. Tout brûlait. Je dois avoir le visage tout rouge, se rendit compte le nain en baissant la tête.  Il prit une gorgée.  Il ne savait même pas c’était quoi et il n’arrivait pas à le déterminer. Il avait simplement demandé quelque chose de fort. Le liquide coula dans sa gorge, mais cette chaleur n’avait aucun impact en comparaison à l’autre. Sinak vida son verre d’un coup. Ils disent que les nains boivent beaucoup, qu’ils sont tous alcooliques. Mais c’est pas vrai, notre corps est juste beaucoup plus résistant à l’alcool. C’est pas pratique, il faut toujours plus dépenser, toujours plus….

-Raaaaaaaah, mais arrête s'il te plaît, c'est dégueulasse!

Sinak se tourna juste à temps pour voir Locke pousser le museau de Rigga loin d’elle. La blessure sur son visage faisait vraiment peine à voir. Le nain se détourna la sentant mal à l’aise. Il regarda son verre vide et les trouva vraiment ridicules tout à coup, blottis dans un coin sombre de la chambre, en train de boire sans se parler. Il se rendit compte de leur insignifiance et de leur solitude. La brûlure augmenta et Sinak se recroquevilla sur lui-même. Tout était pourtant parfaitement normal de l’extérieur. La chambre n’avait pas changé, il se sentait complètement réveillé et en forme, il n’avait même pas faim et cela l’énervait au plus haut point. Comment tout pouvait aller si bien alors que sa tête brûlait autant? Il aurait voulu être malade ou blessé comme Locke pour que le monde lui paraisse davantage sensé.  Le nain secoua la tête découragé. Toutes ses pensées l’agaçaient. Qu’est-ce que tu fais, à t’emmêler comme ça dans des toiles d’araignées alors qu’autrefois tu brisais des chaînes? Se demanda-t-il, frustré. Il était grand temps qu’il se ressaisisse et qu’il arrête de baigner dans tout ce regret, car il finirait par s’y noyer, il le savait.

-Bon, alors gêne-toi pas pour commencer, c'est quand t'es prêt...

Ramené à la réalité, le nain se redressa un peu, se remplit rapidement un verre et le vida presque aussi vite. Sinak ne savait quoi répondre à Locke sans sonner ridicule. Le fil de ses pensées avait perdu toute profondeur ou signification. Enfin, le nain se rappela qu’il voulait raconter ce qui s’était passé à Locke pour que j’aie quelqu’un pour me défendre si jamais Ada décide de me mettre dehors…ouais c’est ça. Il mit un moment à trouver ce qu’il voulait dire, puis réalisant que cela faisait beaucoup trop longtemps que l’humaine attendait une réponse, il se mit à raconter les événements n’importe comment.

-J’étais au marché avec Kei et on est tombés sur son cousin. J’avais aucune idée qu’il avait encore de la famille en vie. Son cousin m’a remercié d’avoir pris soin de lui et il l’a amené. Voilà. Kei ne m’a même pas dis au revoir. Mais il est avec sa famille maintenant, ce qui est sans doute mieux, n’est-ce pas?

Au moment où il finissait de poser sa question, Sinak se rendit compte du niveau de désespoir qu’il projetait. Il se mordit la joue, peinant à supporter son aspect risible autant intérieur qu’extérieur. Il vida un autre verre, si vite qu’il manqua de s’étouffer. Il n’avait plus envie d’être lui-même, il voulait être une vieille plume miniature qui avait été cruellement poussée hors de l’oreiller et qui voltigeait dans la pièce même s’il n’y avait pas le moindre vent. Le nain voulait être suspendu comme cela dans l’espace et n’avoir aucune tâche autre que son absurde existence. Il voulait être léger et complètement vide.

Sinak soupira. Son soupir fut assez puissant pour faire vaciller la plume. Quelque chose à l’intérieur de lui sourit et se dit qu’il n’avait aucune autre envie maintenant que de souffler sur cette plume. Cependant, le nain n’en fit rien et se tourna vers Locke, avec toute la lourdeur de son être.

-Et toi? Qu’est-ce qu’il t’est arrivé? Demanda-t-il, d’une voix qui lui semblait maintenant étrangement trop forte et grave.

Sinak avait l’impression que sa tête était constituée d’une membrane fragile et translucide. Il avait l’impression que Locke pouvait voir toutes ses pensées. Il avait aussi peur que tout explose si l’humaine parlait trop fort. Le nain ferma un instant les yeux, puis les rouvrit et tenta de se concentrer sur la petite plume flottante. Cependant, elle n’était plus là, alors il se contenta d’observer le mur en face en attendant dans l’inconfort le plus total la réponse de Locke.
Revenir en haut Aller en bas
Locke Casseli

Locke Casseli


Messages : 68
Date d'inscription : 06/08/2013
Localisation : Bas Quartier

Deuxième Essai [PV Sinak] Empty
MessageSujet: Re: Deuxième Essai [PV Sinak]   Deuxième Essai [PV Sinak] EmptySam 23 Mai - 21:09

-J’étais au marché avec Kei et on est tombés sur son cousin. J’avais aucune idée qu’il avait encore de la famille en vie. Son cousin m’a remercié d’avoir pris soin de lui et il l’a amené. Voilà. Kei ne m’a même pas dis au revoir. Mais il est avec sa famille maintenant, ce qui est sans doute mieux, n’est-ce pas?

Locke écoutait l'histoire en se retenant pour ne pas ajouter de commentaires déplacés. Celle-ci était l'une des plus pathétique et ridicule qu'elle n'avait jamais entendue. Quel genre de relation avaient-ils ensemble pour que Sinak s'attache à lui autant? Ils n'étaient même pas une famille. C'était ridicule et dégoutant qu'un nain de son âge agisse et pense de la sorte, Locke en avait la nausée. C'est qu'un putain d'enfant, laisse le vivre pour lui-même, merde...

On ne pouvait espérer quoi que ce soit des enfants comme Kei et cela était un fait chose bien connue de tous. Locke, contrairement à certains, n'éprouvait aucune aversion particulière pour eux, mais elle ne perdait pas non plus son temps à essayer de construire une relation sincère avec ces enfants.

N'as-tu pas des amis, Sinak, avec lesquels tu peux partager tes journées? Dis-moi, tu fais quoi de ta vie pour être désemparée à ce point par l'absence d'un enfant qui arrive à peine à parler?

-Tu es bien mal placée pour parler d'amis, Locke, rétorqua Styln.

-Haha! Peut-être, mais moi, au moins, j'en ai pas besoin désespérément comme lui.

-Pour ma part, je vous trouve d'un ridicule plutôt égal.


Locke soupira discrètement et avala une autre gorgée de son verre. C'est sûr qu'à tes yeux, Styln, nous sommes tous les mêmes: humains, nains, elfes... Tous la même bande de cons, pas vrai?

-Si tu assumes mes opinions comme ça, ça ne vaut même pas la peine de te les partager, car tu ne m'écouteras pas de toute façon.

-Ouais, peu importe...


Locke, décidée à aller se reposer, formulait déjà une réponse maladroite pour le nain dans sa tête  dans laquelle elle disait des banalités mensongères comme: "Ne t'en fais pas, il est mieux où il est." et "Je comprends que tu sois triste, mais ça va passer." quand son fil de pensée fut interrompu par la voix grave de Sinak:

-Et toi? Qu’est-ce qu’il t’est arrivé?

Locke du retenir son souffle et contrôler tout son corps et toute son âme pour ne pas soupirer, rouler les yeux au ciel, grogner et s'étaler de tout son long par terre. La jeune femme détestait au plus haut point se faire questionner sur sa vie. Aucun intérêt à dévoiler les banalités de son existence à quiconque. Surtout à quelqu'un comme lui, qui ne daignait même pas reconnaître sa simple existence, qui n'avait pour elle que du dégoût et de l'indifférence. Déjà qu'elle avait enduré ça une fois avec le vieux fou du Haut Quartier, pas question de répéter cette expérience désagréable avec le nain.

-Je suis contente que tu me le demandes! En fait, j'ai trébuché durant ma pratique de danse avec mes amies du Haut Quartier! Vu l'état de mon visage, elles ont toutes hurlé et se sont enfuies en courant. J'ai essayé de les rattraper en leur disant que ce n'était pas si grave, mais elles ne voulaient rien entendre. Ma tutrice m'a dit que des femmes aussi peu gracieuses n'avaient aucune chance de percer dans le domaine. Imagine ma déception. Alors je suis retournée à la taverne et me voici à boire avec toi. C'est fascinant, la vie.

Locke pouffa de rire en s'imaginant danser et effrayer les dames du Haut Quartier. Elle se dit qu'elle devrait l'essayer, un jour. La jeune femme, réalisant toutefois la cause de sa situation présente, reprit rapidement son sérieux et dit avec un air agacé au nain:

-Mais tu vois, le problème est que je ne peux pas me soigner présentement. Un certain enfant m'a pris toute mon énergie. Ce même enfant, assez étrangement, est présentement disparu on ne sait où et je ne peux même pas admirer le résultat de mes efforts. Et me voici ici à boire en te parlant, alors que j'arrive à peine à rester éveillée, que le goût du sang dans ma bouche me donne des hauts le cœur et que mon visage me fait souffrir au point où il me semble tentant d'y enfoncer mon poignard.

Locke sentait le sang lui monter à la tête, mais elle était beaucoup trop fatiguée et épuisée pour réussir à se contenir.

-Mais vas-y, noie tes souffrances dans l'alcool comme chaque bon homme sait faire! Continue de refuser de reconnaître le fait qu'à cause de Kei, moi aussi je souffre comme une chienne! Mais si tu crois que boire en te refermant sur toi-même et tes pauvres sentiments va changer quoi que ce soit, tu te trompes royalement!  

Pourquoi devrait-elle écouter les lamentations d'une personne qui l'avait jusqu'à présent toujours dénigrée? Pourquoi devrait-elle montrer de l'empathie à quelqu'un qui s'était moqué d'elle, qui l'avait menacée? Depuis quand avait-elle descendu aussi bas?

Je n'ai jamais...

Des larmes coulaient à profusion le long des joues de Locke. Elle voulut mourir et se dit que c'était sa punition pour avoir poussé son corps à bout durant les derniers jours. Tout ce que Locke gardait habituellement sous silence voulut sortir d'un coup, mais à la place elle s'emporta sur une question des plus banales. Je veux mourir, je veux vraiment mourir.

-Peu importe, on s'en reparle demain, et bonne chance pour expliquer ça à Ada, moi je m'en vais mourir! Dormir! Dormir, merde!

Locke décida de retourner à son appartement plutôt que de passer la nuit à la taverne. Elle avait eu son lot de tout, en particulier d'interactions sociales. Elle allait se reposer durant les jours suivants et s'occuper de ses blessures. En fait, elle n'avait aucune raison de revenir à la taverne. L'enfant n'y résiderait évidemment plus et elle ne désirait pas profiter de l'amitié d'Ada une seconde de plus. Elle est la seule, la seule qui me regarde sans air de dégoût au visage...

Locke se leva et se dirigea vers la porte, réalisant à peine l'heure qu'il était et à quel point les ruelles du Bas Quartier pouvaient être fatales pour les femmes qui s'y aventuraient la nuit. Son esprit, tout autant que sa vision, était beaucoup trop embrouillé pour prendre une décision rationnelle.

-Bonne nuit, Sinak.
Revenir en haut Aller en bas
Sinak Pathara
Nain peu sympathique
Sinak Pathara


Messages : 92
Date d'inscription : 05/06/2013
Localisation : derrière toi conard

Deuxième Essai [PV Sinak] Empty
MessageSujet: Re: Deuxième Essai [PV Sinak]   Deuxième Essai [PV Sinak] EmptyMar 2 Juin - 2:56

Sinak était complètement ahuri et déstabilisé par le flot de paroles déboulant sur lui. Il ressentit un malaise profond alors que chaque mot s’inscrivait avec une précision déroutante sur ses tympans. Il sentit la colère bouillir dans son estomac et remuer brutalement l’alcool qu’il avait ingurgité trop vite. Il se demanda scandalisé pour qui elle se prenait cette humaine pour venir s’enquérir sur ce qui s’était passé pour ensuite lui déverser tout ce qu’elle pensait sur sa tête. Ce n’est pas de même qu’on commence les chicanes habituellement, tu t’y prends mal…

Le nain était révolté par tout ce que Locke lui lançait à la figure, tout en se sentant complètement ridicule et imbécile d’avoir cru qu’il pouvait lui raconter les évènements en toute honnêteté. Cela lui rappelait le moment quand, petit, il avait vomi à table et que sa tante l’avait forcé à tout engloutir ce que son corps avait rejeté, prétendant qu’il avait insulté ses talents culinaires. Sinak ne comprenait pas pourquoi il avait abaissé ses gardes maintenant, il aurait dû s’attendre à ne recevoir que des sarcasmes irrités venant de cette femme-là.  

Il baissa la tête puis la releva brusquement, en sentant l’alcool faire son basculer son cou un peu trop vers l’arrière. Il regarda le visage mouillé de Locke sans se détourner pour une des rares fois. Sa blessure était dégoûtante et ses joues étaient complètement mouillées. Le nain mit du temps à comprendre pourquoi. Lorsqu’il saisit enfin, il ressentit une touche de pitié pour cette femme à la figure en sang qui n’avait apparemment rien d’autre à faire en ce beau soir que de parler à un pauvre nain pour qui elle n’a aucune affection. S’ils étaient assis ici maintenant, c’était probablement qu’ils avaient tous deux fait plusieurs mauvais choix dans leur vie et qu’ils avaient manqué d’habiletés pour se sortir de leurs impasses. Et nos histoires ne sont probablement même pas dignes d’une mauvaise comédie, se dit le nain. C’est pour ça que même Rigga s’ennuie de notre absurde spectacle.

-Peu importe, on s'en reparle demain, et bonne chance pour expliquer ça à Ada, moi je m'en vais mourir! Dormir! Dormir, merde!

-Bonne nuit, Sinak.

Réalisant qu’elle allait réellement partir, Sinak se releva un peu, surpris. C’est encore trop tôt pour tirer les rideaux…

-Locke.

Tu m’as pas laissé dire mes lignes.

-Tu es bien mal placée pour parler des hommes qui boivent pour noyer leurs souffrances…figure-toi que je ne t’ignore pas au point de ne pas te remarquer au comptoir presque à chaque soir. Je ne suis pas dupe au point de penser que tu es juste là pour parler à Ada, dit-il sans réfléchir.

Sinak ne pouvait pas la laisser partir comme cela en avalant silencieusement toutes ses paroles. Il ne voulait pas la découvrir au matin agonisante quelque part dans la rue. Il ne l’appréciait pas, loin de là, mais elle était tout de même celle qui avait sauvé la vie de Kei et il ne lui souhaitait pas la mort.

-Mourir, tu es bien partie pour ça, beaucoup plus que pour dormir si tu pars maintenant, dit-il.  Je n’ai pas l’intention de garder la chambre, alors c’est peut-être notre dernière occasion de passer la nuit dans un endroit confortable et sécuritaire. Sérieusement Locke je ne comprends pas pourquoi tu te fâches c’est toi qui m’a demandé ce qui s’était passé, je n’ai jamais demandé ta compassion ou même ton écoute mais tu es venue me voir comme si tu étais concernée. Habituellement, quand les gens font ça ils n’envoient pas promener l’autre dès qu’il a fini son histoire. Je ne sais pas quel genre de personne es-tu et quels sont tes buts et je n’ai pas particulièrement envie de le savoir, surtout maintenant. Mais voilà tout de même mon conseil, reste dormir ici comme tu as si bien pris l’habitude de le faire, tu n’auras pas à supporter mes histoires pathétiques, t’inquiète,  je n’ai plus rien à te dire. Le lit est à toi. Tu devrais te coucher maintenant pour être en forme pour ta pratique de danse demain, il faut bien leur montrer à ces connasses que tu sais faire quelque chose.

Sinak n'avait aucune idée si cela allait la convaincre. Du moins il aurait fait sa part. Il n'était pas en position de décider à sa place ou de la retenir. Il l'avait déjà essayé une fois avec Kei et il n'avait aucune envie de recommencer. Se faire rejeter et ignorer une fois avait été assez. Il n'avait pas l'intention de jouer au désespéré pour une personne dont il se foutait. Cependant, il savait qu'il ne manquerait pas d'éprouver une mince inquiétude pour cette pauvre humaine blessée si elle décidait d'ignorer sa proposition et de s’aventurer dans le gouffre de Pacem Minara dont la nuit n'est même pas digne d'être éclairée par des torches. Feignant néanmoins l'indifférence, Sinak empoigna la bouteille et la vida sans prendre la peine de verser le liquide dans son verre.
Revenir en haut Aller en bas
Locke Casseli

Locke Casseli


Messages : 68
Date d'inscription : 06/08/2013
Localisation : Bas Quartier

Deuxième Essai [PV Sinak] Empty
MessageSujet: Re: Deuxième Essai [PV Sinak]   Deuxième Essai [PV Sinak] EmptyMar 2 Juin - 18:49

-Tu es bien mal placée pour parler des hommes qui boivent pour noyer leurs souffrances…figure-toi que je ne t’ignore pas au point de ne pas te remarquer au comptoir presque à chaque soir. Je ne suis pas dupe au point de penser que tu es juste là pour parler à Ada.

Je ne noie pas mes souffrances, j'ai juste une vie plate, alors je la passe à boire, voilà tout...

-Mourir, tu es bien partie pour ça, beaucoup plus que pour dormir si tu pars maintenant. Je n’ai pas l’intention de garder la chambre, alors c’est peut-être notre dernière occasion de passer la nuit dans un endroit confortable et sécuritaire. Sérieusement Locke je ne comprends pas pourquoi tu te fâches c’est toi qui m’a demandé ce qui s’était passé, je n’ai jamais demandé ta compassion ou même ton écoute mais tu es venue me voir comme si tu étais concernée. Habituellement, quand les gens font ça ils n’envoient pas promener l’autre dès qu’il a fini son histoire. Je ne sais pas quel genre de personne es-tu et quels sont tes buts et je n’ai pas particulièrement envie de le savoir, surtout maintenant. Mais voilà tout de même mon conseil, reste dormir ici comme tu as si bien pris l’habitude de le faire, tu n’auras pas à supporter mes histoires pathétiques, t’inquiète,  je n’ai plus rien à te dire. Le lit est à toi. Tu devrais te coucher maintenant pour être en forme pour ta pratique de danse demain, il faut bien leur montrer à ces connasses que tu sais faire quelque chose.

Locke avait honte d'elle-même. Elle aurait préféré que Sinak l'envoie promener pour pouvoir retourner chez elle. Le fait qu'il restait posé alors qu'elle avait complètement vidé son sac la rendait encore plus ridicule. Toutefois, il avait raison. S'aventurer dans la nuit de Pacem Minara en son état était une bêtise que seules les filles de nobles étaient dignes de faire.

La jeune femme observa les fissures du bois décrépit de la porte de leur chambre, puis se retourna pour faire face à Sinak.

Si elle était capable de dire tout le mal qu'elle pensait de quelqu'un, alors sûrement elle était capable de dire son bien, en toute honnêteté.

Ça ne doit pas être compliqué....

-C'est pas comme si j'étais concernée. C'est j'étais concernée, point.

Locke respira lentement pour faire baisser son stress, puis continua:

-Mais comme tu vois, ma place est davantage au comptoir à boire qu'à te parler ici, car mes aptitudes sociales semblent m'empêcher de montrer la moindre empathie pour quelqu'un sans tout foutre en l'air.

Locke fit une pause.

-Bon, il est temps de se reposer maintenant. Et toi aussi d'ailleurs. Profite de ta dernière nuit dans un endroit confortable et sécuritaire. Je suis presque convaincue que tu n'as pas dormi une fois dans ce lit. Quel gâchis, c'est toi qui paies en plus. À ta place, je l'essayerais au moins une fois. C'est pas magique, mais probablement mieux que le canapé ou le sol.

Elle partit pour la porte, quand elle se rappela de ce que Sinak lui avait dit.

-Oh et t'inquiètes, je ne m'en vais pas me faire tuer dans les ruelles de Pacem. Ada a une chambre qu'elle utilise comme endroit de stockage et elle me laisse le double de la clef pour me dépanner de temps en autre. Tu mérites bien une nuit de repos dans un lit tout à toi, non?

Locke quitta rapidement la pièce et ferma la porte derrière elle. Elle alla au fond du couloir, où la chambre se trouvait, puis débarras la porte et l'ouvrir brusquement avec un grincement qui fut peu agréable aux oreilles. Elle ouvrit l'unique lampe de la pièce, qui émit une faible lumière jaunâtre, puis observa l'état de la chambre quelque instant. Chaque meuble était recouvert d'une toile de lin qui accumulait la poussière. Des boîtes vides ainsi que quelques items pour le ménage jonchaient le sol. La pièce était étouffante.

Enfin chez soi.

La jeune femme se laissa glisser au sol, dos appuyé contre la porte. Elle enfouit son visage dans ses mains et se mit à pleurer doucement.

Elle n'avait pas pleuré depuis des années. La dernière fois était probablement à Eastloch, à l'époque où elle soignait encore les autres.

Voilà ce que ça donne, aider les gens.

Cette nuit, Locke décida qu'elle n'utiliserait plus jamais son Don pour personne.
Revenir en haut Aller en bas
Sinak Pathara
Nain peu sympathique
Sinak Pathara


Messages : 92
Date d'inscription : 05/06/2013
Localisation : derrière toi conard

Deuxième Essai [PV Sinak] Empty
MessageSujet: Re: Deuxième Essai [PV Sinak]   Deuxième Essai [PV Sinak] EmptyLun 8 Juin - 1:51

Sinak fixa longuement la porte une fois que Locke eut quitté la pièce. Il n’arrivait pas à saisir pourquoi elle l’avait complètement envoyé promener, puis lui avait gentiment laissé la chambre et le lit l’instant d’après. C’est peut-être ça que ça fait quand on est gentil avec quelqu’un parce qu’on le prend par pitié…la pitié opère bien des miracles donc, un peu comme l'amour ou l'espoir. Ou peut-être que les trois sont plus semblables qu'ils le paraissent.

Cependant, tous ces bons sentiments étaient peu utiles au final. Sinak avait fini par se soucier de Kei et à prendre Locke en pitié, mais tous les deux l’avaient quitté à présent. Le nain se dit qu’il était temps qu’il se reprenne en main et qu’il commence enfin à mettre ses plans en exécution. Il n’était pas venu ici pour rien, Viadhanga flottait toujours dans son subconscient et hantait ses rêves. C’était un fardeau dont il ne pourrait jamais se débarrasser avant d’avoir mené à terme son projet. Il devait cela à sa mère. Il lui devait le monde.

Jamais je n’aurais dû la laisser mourir…je pouvais les arrêter…je pouvais….

Sinak se cogna la tête un peu plus violement que prévu afin de disperser ses pensées, de la même façon qu’on disperse les chats noirs bagarreurs perchés sur un toit avec un vase d’eau. Sa mère faisait partie de ses erreurs du passé et s’il ne faisait rien maintenant, beaucoup, beaucoup de gens feraient partie de ses erreurs du futur. Le nain ferma les yeux et s’imagina un monde où tous avaient des dons, puis il s’imagina un monde où personne n’en avait. Les deux seraient possibles grâce à Viadhanga. Des dons transmis de génération en génération, des dons échangés, des dons donnés, des dons multipliés. Une myriade de possibilités, une myriade de scénarios tragiques et peu de chances de paix réelle, comme toujours avec les nains, les humains, les elfes et les fées.

Dire qu’à la base Viadhanga avait été conçue pour arrêter la guerre… Cependant, tout le monde savait que la guerre s'était terminée autrement. Tant de gens avaient péri alors que tout avait pu être arrêté par un simple pacte, un simple cadeau. Pourtant, Sinak aurait voulu que cet objet puissant n’ait jamais existé. Il offrait trop de possibilités et trop de pouvoir et n’était plus qu’un paquet de trouble maintenant. Le nain lui-même ne savait pas ce qu’il serait mieux d’en faire. Tout ce qu’il savait c’était que Viadhanga devait être retirée des mains de son père. Ensuite, il la confierait peut-être à quelqu’un d’autre. Oui, il transmettrait sans doute le fardeau du choix à une personne qui sera capable d’en supporter la responsabilité. Cependant, il ne connaissait personne correspondant à ce profil. Il devait, pour commencer, trouver des élus connaissant la légende de Viadhanga qui pourraient l’aider, ce qui était en soi une tâche peu facile, car les élus étaient presque impossibles à identifier et ceux parmi eux qui étaient dignes de confiance et bien informés, encore moins. Sinak soupira. Le moment était venu de se mettre sérieusement en quête de tout ce beau monde.

Le nain se releva résolument, faisant basculer la bouteille vide qui émit un son beaucoup trop strident à son goût. Sinak bascula à son tour, pris de vertige. Non, pas tout à fait le moment encore, se dit-il en s’accrochant au mur de justesse.

Il se rendit au lit et se hissa dedans, se rappelant du conseil de Locke. Comme prévu, il était beaucoup trop haut et trop mou à son goût. Le nain se laissa lentement glisser sur le sol. Là était sa place : dans la raideur, le froid et la poussière. Le bois non poli et par endroits pourri était ce qui rappelait le plus la roche glacée et humide des ténèbres dans lesquelles il était né. C’était le seul endroit où il se sentait réellement bien.

Avant de fermer les yeux, Sinak posa son regard sur Rigga. Son ventre était très gonflé à présent, elle n’allait pas tarder à mettre bas. C’était une autre chose dont le nain devait s’occuper. Il lui faudrait trouver un autre logement avec les quelques sous qui lui restaient et ensuite se trouver un travail. Il lui faudrait prendre soin d’une ribambelle de chiots et chercher les gens dont il avait besoin, incognito. Le matin, il se lèverait, prendrait un dernier bain et peignerait sa barbe, puis il quitterait ce lieu pour enfin commencer à agir. Demain, il l’espérait, sa vie aurait retrouvé son équilibre dans un acharnement qui lui-seul était en mesure de lui donner un sens.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Deuxième Essai [PV Sinak] Empty
MessageSujet: Re: Deuxième Essai [PV Sinak]   Deuxième Essai [PV Sinak] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Deuxième Essai [PV Sinak]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Sinak Pathara
» Première visite à Pacem Minara [PV: Sinak]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Pacem Minara :: Pacem Minara :: Bas Quartier :: Taverne-
Sauter vers: