Quand marchand et forgeron se voient (PV: Amael Habriston)

Une autre journée qui commence... soupira Takimu en préparant sa cargaison de fruits fraîchement cueillies. Il s'assura que tout était en place et que rien ne manque. Il ne s'est pas encore habitué de vivre seul, sans sa famille et il ne s'habituerait peut-être jamais. Pour Takimu, rien n'avait été facile après la guerre. Mais bon, il s'était dit chanceux de rester en vie, même si une grande partie de celle-ci n'y était plus. La famille, comme pour tous les elfes, était quelque chose de fondamentale et de précieux. Tous ceux n'ayant pas cette précieuse chose vivaient généralement dans le malheur et dans l'obscurité.

Portes et fenêtres fermées, l'elfe commença sa route vers son marché, au Middle Way. La cargaison était lourde pour Takimu, mais il s'était toujours dit que c'était son seul gagne-pain. Et pour tout dire, les ventes ne sont pas si mal que ça.

En se rendant vers sa destination, Takimu entra dans une profonde réflexion, comme s'il entrait dans une seconde phase où seul ses pensées occupaient toute la place et rien autour de lui n'était visible. Il pensa à plein de sujets qui le mit en question.

... Vais-je trouver le pur bonheur dans cet endroit? ... Comment ce sera dans quelques lunes? ... Vais-je être capable de continuer de vivre dans cette solitude?... Comment...

N'ayant pas terminé de penser à ses inquiétudes et voilà que sa bulle s'éclata brusquement. Ses esprits revenus, il se trouva sur le sol. Tout ce que Takimu voit, c'est sa cargaison quasi vide, ses fruits et ses légumes de toutes sortes par terre ainsi que... un homme? L'elfe se rendit compte qu'ils s'étaient bousculés sans le vouloir.

Mais qui était-il? Ce fut la première fois qu'il le vit. Ne sachant plus quoi faire, Takimu resta secoué et ne dit rien.

Encore une autre journée commençait dans la vie d'Amael Habriston. La même qu'à chaque jour, depuis près de deux ans. Or, une grande différence était apparue aujourd'hui -Quel beau sarcasme, pensa le jeune homme-, c'était lui le chanceux qui devait aller vendre les casseroles au Middle Way. Lui, le forgeron en chef depuis 1 an et demi. Son travail était très valorisant, même après tant de métaux forgés et transformés, tant de nuits passées sans sommeil et tant de coups de chaleur étroitement évités. Cependant, c'est ce que le forgeron espérait vivre à tous les jours, sans arrêt. Je dois me punir, je n'ai pas le droit de connaître le bonheur, pas après cela... Sur ce, il avança avec son gros chariot rempli de casseroles, se dirigeant vers le lieu de vente. Il faisait ni trop chaud, ni trop froid. Ce n'était ni nuageux, ni ensoleillé. Un temps ennuyeux surplombait la ville. Un temps aussi ennuyeux que mon existence...

Le chemin abrupt et parsemé de bosses n'aidait aucunement le trajet, malgré le fait qu'Amael était un homme d'une bonne endurance musculaire, en terme de lourdeur. Pourtant, aujourd'hui, il semblait n'avoir aucune envie d'être ici. Peut-être est-ce le fait que je n'ai pas assez mangé ? Malgré toutes les restrictions qu'il s'imposait de jours en jours, le forgeron s'efforçait de manger assez pour survivre tout au long de son réveil. Viandes et légumes, il ne jurait que par cela! Vu son statut plus élevé que certains des autres habitants de son quartier, il pouvait se permettre des repas plus dispendieux. Le gros gibier surtout, mais le petit lui plaisait autant. Les chasseurs et les fermiers étaient ses êtres préférés dans Pacem Minara. Je me demande si j'aurai assez de pièces d'or pour me payer de bons lapins pour souper, ce qui me donnera de l'énergie pour une partie de la nuit... Puisque je dois souffrir, bien sûr! Bien qu'il essayait sans cesse de se convaincre, un des grands plaisirs d'Amael, dont il ne pouvait se passer, résidait dans la saveur des aliments. Avec des champignons et des carottes pour accompagner le tout, ce serait excellent! Je me demande si ce serait meilleur avec-

Il se retrouva soudainement sur le sol, avec une douleur dans la jambe. Que s'est-il passé? Je n'ai pas réussi à éviter cet accident, pourquoi? Il regarda autour de lui. Son chariot s'était renversé en bas de la côte qu'il venait de finir de monter. Diantre. Un autre chariot était renversé à ses côtés, avec nombre de légumes et de fruits tout autour. Un peu plus loin se trouvait un elfe. Amael le reconnut grâce à ses longues oreilles. Au moins ce n'est pas un nain. L'homme reprit ses esprits, et se leva d'un coup brusque. Sa jambe était très douloureuse. Il boitait tandis qu'il ramassait une partie des légumes égarés. Après en avoir ramassé une bonne partie, il parla.

Il ne regardait pas l'elfe lors de ces paroles. Il préférait se dépêcher, car il n'aimait guère ce genre de situation. Il ne pouvait ignorer l'attention qu'on lui portait, et donc désirait partir le plus vite possible. Amael ne souhaitait seulement que l'elfe ne soit point blessé, et que sa propre jambe ne le ralentisse pas.

C'est après un long moment que le temps de remit à avancer. L'elfe vit soudainement l'humain se lever et de prendre ses fruits et légumes avec tant de difficulté que Takimu se demandit si l'inconnu était blessé. Il pensa alors que cet inconnu l'aida à remettre les biens dans la cargaisons.

Comme il est gentil de faire cela alors que c'est moi qui devrait le faire... se dit Takimu dans son esprit.

L'elfe n'avait rien contre les humains, même qu'il les appréciaient. Peut-être car il n'avait rien à se reprocher d'eux et car ces deux races se ressemblaient beaucoup. Ce que Takimu n'avait pas vraiment, ce sont les nains. Ces nains si petits et si colériques...

"Je suis désolé, je ne regardais pas où j'allais. Êtes-vous blessé?"

Ces paroles éclatèrent la nouvelle bulle de l'elfe. Avait-il bien entendu cela? De la part de l'humain?

Sans hésitation, l'elfe se leva d'un coup bref et se mit à ramasser le reste des aliments se trouvant encore part terre. Pas question de laisser cet inconnu l'aider alors que ce n'était pas de sa faute. Ce fut alors que Takimu s'approcha de l'humain et répondit à sa question longuement posée.

-Non, je ne suis pas blessé. C'est moi qui doit être désolé. C'est entièrement de ma faute.

Et il posa la question suivante:

-Et vous? Êtes-vous blessé?

Takimu se mit ensuite à le regarder. Il sut que ça n'allait pas. L'humain ne le regarda pas, semblant tendu. Avait-il l'intention de faire un truc urgent?

Amael regardait encore le sol, cherchant les derniers fruits et légumes. Il en restait beaucoup, cet elfe semblait avoir beaucoup de marchandises. Pleins de bons légumes... Il boitait encore plus, et il tentait tant bien que mal de ne pas laisser paraître sa douleur sur son visage, ce qui était une tâche difficile. Son genou ne pouvait se plier, tant il souffrait à chaque essai. Il va falloir que j'aille voir le docteur, et c'est si loin, je devrai redescendre dans ma forge chercher de l'or et remonter jusqu'au Haut Quartier. Ou me contenter des bizarres de mon coin... Non, mauvaise idée. Encore une fois, Amael était perdu dans ses pensées.  Cela le surprit, car d'habitude, il se concentrait sur ce qu'il faisait. Autant à la forge qu'à la maison, il était un être concentré, jusqu'à ce qu'il s’assoit dans une chaise, pour manger ou dormir. Ce qui est très mauvaise pour le cou, car il ne se repose pas. Mais pour le cou, Amael le savait très bien, et c'était le but de ses sommeils étranges. Bref, en se tournant, il vit que l'elfe le regardait d'un air... ébahi? Qu'avait-il fait pour mériter ce regardait stupéfait ? Il continua à ramasser les biens de l'elfe.

En se retournant pour une deuxième fois, il vit l'elfe se lever rapidement et commencer à ramasser sa cargaison. L'homme se compara à l'inconnu en terme de grandeur. Ce dernier le dépassait de peu. Il semblait être une personne amicale, comparativement à Amael. Ses yeux noisettes étaient amicaux. Or, vu ses cheveux d'une couleur trop semblable à celle de ses yeux, l'elfe perdait un peu de son air majestueux venant de sa race. Cela lui offrait un air encore plus chaleureux, il doit être entouré d'amis constamment. L'elfe semblait se dépêcher dans sa collecte. Il se tourna vers l'homme, qui se détourna brusquement son regard.

Non, c'est mon erreur, comme toujours, je ne fais rien de bien! Au moins, l'elfe n'aura point besoin d'aide pour revenir, je ne devrai pas engager la conversation. Il tourna un peu plus son visage vers l'elfe, pour terminer cette embarrassante situation et partir.

Tout son visage se crispa. Une simple angoisse d'homme ayant une quasi-phobie d'attention. Bien qu'il voulait dire non, cela paraissait déjà dans sa façon de marcher qu'il s'était blessé. Or, il ne voulait pas qu'on l'accompagne jusqu'à sa demeure ou quoi que ce soit. D'un autre côté, il était déjà en retard pour vendre ses casseroles, et le temps qu'il redescende cette côte et qu'il la remonte, la plupart des clients potentiels seraient partis. Et il n'aurait fait aucun profit en cette journée. Il devait quand même se nourrir! Maintenant, le choix était clair.

Il parla d'un ton sans confiance et quasiment monotone. Il n'avait pas l'habitude de manipuler ou d'être sympathique.

Toute de suite après avoir posé sa question, Takimu sentit un froid paraissant intense sur le visage de l'humain. Ça ne va vraiment pas chez lui on dirait... A-t-il peur de... de moi? Takimu se mit à se sentir de plus en plus mal à l'aise devant cet inconnu, qui lui aussi, devait se sentir mal à l'aise. De plus, pourquoi avait-il dit ça si l'homme était blessé? Pas besoin de dire ça. Rien qu'en le regardant, on le savait tout de suite. Il était mal en point.

Mais les yeux de Takimu se retournèrent rapidement vers le visage de l'humain. Il avait les yeux bruns et les cheveux noirs. Mais ce qui était surprenant, c'était son visage trop blanc et très fatigué. Il n'a vraiment pas l'air dans son assiette. Cependant, il n'avait pu le voir que pendant une très courte période de temps. L'homme avait tenté de cacher son visage.

-En fait, je me suis blessé la jambe, et je dois aller vendre ces casseroles, pour la forge, je suis le forgeron Amael. Pourriez-vous m'aider, monsieur... Comment vous appelez-vous?

Par grande surprise, il avait répondu à la question de l'elfe. Sans grande surprise, il était blessé. Takimu pensa à son nom. Amael.... Amael.... Ça sonnait un peu comme du miel... Miam! Bref, Takimu se mit à aimer ce nom. Amael fut tou d'un coup sympathique à ses yeux. Il répondit avec assurance:

-Je m'appelle Takimu et bien sûr que je vais vous aider! Vous semblez vraiment mal en point.

L'elfe ramassa les derniers fruits et légumes et les mirent dans la cargaisons. Il prit ce dernier et chercha les objets d'Amael et les prirent pour ainsi les mettre dans son chariot. Cependant, tout ceci était lourd et Takimu ne put pas tout transporter cela et il serait ingrat de demander à Amael de transporter une partie. Alors, il chercha partout et trouva un assez gros buisson. Une bonne cachette où mettre sa cargaison. Il se dépêcha de déposer celui-ci et il prit une pomme et quelques carottes pour les mettre dans sa poche, au cas où...

Ces deux êtres marchèrent vers la forge. Takimu prit son temps et marcha au même rythme qu'Amael. Je vais être en retard dans mon horaire, mais bon... c'est mon commerce. Ça ne me dérange pas du tout.

Takimu, c'est lui le petit agriculteur! Cette jeune femme, quel est son nom... Peu importe, elle m'avait donné timidement des légumes en me disant qu'ils étaient les meilleurs du coin, venant d'un elfe nommé Takimu! C'est bon à savoir, je pourrai lui en acheter désormais.

Lorsqu'il se leva finalement, après sa réflexion, il vit Takimu cacher sa cargaison pour prendre celle du jeune Habriston. Ce dernier se sentit mal mais ne sut comment réagir. L'elfe se rapprocha de lui et ensemble ils partirent vers la forge.

Je dois sûrement le ralentir aussi dans ses ventes, et il a trop de chances de se faire voler sa cargaison. C'en est quasiment ironique, Pacem Minara, la cité de la Paix incarnée, regorge d'êtres malsains et voleurs. Qui dit que mes casseroles n'ont pas été elles aussi volées ! Je devrais me dépêcher, même si cela me fait souffrir encore plus.

Amael marcha plus rapidement, mais dut ralentir rendu à la côte qu'il avait si difficilement montée. Recommencer à parcourir toutes ces bosses avec son chariot était une idée qui le répugna. Le forgeron était épuisé de sa promenade douloureuse, et se sentait faible de n'avoir point arrêter l'accident. Maintenant, il devait se faire aider par un parfait inconnu, et, il ne pouvait se sauver, car les profits descendraient et certains de ses employés pourraient en souffrir. L'or amassé n'allait pas qu'à Amael, mais bien à toute sa forge. À quoi me servirait-il d'empêcher chaque accident si j'empêche mes propres compagnons d'avoir de l'or pour survivre en premier lieu? Ce serait stupide! Ressortant de ses pensées, il s'adressa à Taku... Tuka... Quel était son nom déjà ?

Enfin, ce calvaire sera bientôt fini et nous pourrons aller chacun de notre côté. Amael afficha un petit sourire pour sembler sympathique. Il prit pitié de cet elfe, si gentil qu'il prenait le risque de se faire voler son revenu afin d'aider un étranger à l'air bête. Ce serait le genre de personne à qui tous pourrait faire confiance... Même si j'ai déjà oublié son nom.

Ce n'était pas trop évident pour cet elfe de parcourir la côte. Disons qu'il était loin d'être la personne la plus athlétique, surtout lorsqu'il s'agissait de porter une lourde cargaison en montant une côte. Mais il le fit pour le bien de cette personne victime de sa maladresse. Pauvre Amael, cela ne doit être guère facile de se déplacer après cet incident. Et dire que ce n'était même pas de sa faute...

Cependant, Takimu trouva que celui-ci bougea de façon déterminée et rapide, malgré sa vilaine blessure. Avait-il quelque chose d'une haute priorité à faire? Devait-il se dépêcher? Bien sûr, l'humain devait se rendre dans sa forge pour le bien de son travail, mais n'était-ce pas plus important de s'occuper de sa santé? Un élément bien plus important dans la vie que l'argent? Bon, bien sûr, cela ne regardait que lui et Takimu ne dit rien par peur d'offusquer Amael.

Bref, l'humain se déplaça plus rapidement que l'elfe. Ce qui força ce dernier à augmenter la cadence de ses pas. Ce fut de plus en plus difficile, mais il ne lâcha pas le morceau en continuant jusqu'à voir Amael ralentir. Takimu l'imita par la suite. Il regarda ensuite cette vue qu'offrait le sommet de la côte. Ce n'était pas si désastreux de vivre dans un coin plutôt modeste. Ce coin était cependant très différent de celui où l'elfe avait vécu plus jeune… avec sa famille… Bref, il oublia définitivement ces pensée dont il se faisait souvent, à propos de sa famille et de sa vie antérieure dès que sa gorge se mit à picoter. Il ne faut surtout pas faire mauvaise impression sur Amael. En parlant de lui, Takimu aurait bien aimé en savoir un peu plus sur lui. Bien qu'il sut qu'il travaillait dans une forge, cet endroit où l'elfe ne serait pas intéressé d'y faire un tour, l'elfe pourrait faire connaissance avec lui. C'était bien la première fois qu'ils se rencontraient. Mais c'est en voyant l'humain essoufflé de cette montée  qu'il se retenu de parler. Bien qu'il s'adressait à toute sorte d'individus dans sont temps de travail, Takimu n'avait jamais entamé une séance de papotage avec un humain.

Ces humains… comment sont-ils? Bien sûr, il n'était pas rare d'en croiser et on pouvait facilement confondre les elfes à des humains si les oreilles étaient cachées. Mais à part le physique de ces individus, qu'avait de différents entre eux? Takimu ne le savait pas.

-Euh, l'elfe, ma cargaison n'est qu'en bas de cette pente, ce ne sera plus bien long, je suis désolé de vous ralentir!

Ralentir? Était-ce dans le commerce dont il parlait? Bien sûr que non! C'était sûr que l'argent ne rentrerait pas plus que s'il s'y métrerait tout de suite à son poste, mais Takimu se foutait carrément de cela. La principale raison pourquoi Takimu se mit à vendre ses fruits et légumes était au moins de faire quelque chose d'utile dans cette nouvelle société. Même s'il vécu dans sa nouvelle vie, l'elfe ne s'empêcha pas de garder ses principales valeurs de sa vie antérieure. La richesse acquise que par son rang dans la société, il avait eu une chance énorme d'y vivre avec ses parents… Bref, l'argent était absente dans sa ville natale. Ainsi, vivre dans le coins le moins fortuné, le Bas-Quartier, voulais dire qu'il était complètement en bas de l'échelle.

Évidemment, Amael avait raison à propos de sa cargaison: il faudrait descendre cette pente. Au moins, ce serait plus facile que de la monter. Takimu reprit rapidement son souffle et commença la descente. Cela prit moins de temps que prévu. L'elfe commençait à avoir hâte de déposer tout ce lourd fardeau qu'il emportait sur lui, et voilà qu'il le fit rendu à cette cargaison. Ouais, tout les objets d'Amael était là. Du moins, tout ce que l'elfe avait emporté. Il ne savait pas si Amael s'était fait volé quelque chose dans le chariot pendant que les deux personnes étaient en haut de la pente, mais ce chariot contenait des casseroles. Beaucoup de casseroles…  Alors comme ça, il se spécialise dans les casseroles? Moi qui pensait que seul les armes tels que les épées et les couteaux était à vendre dans la forge. Eh bien, j'ai eu tort!

La forge ne fut pas loin des deux individus, une bonne nouvelle pour Takimu. Il était épuisé de tout cela. Il se mit à regarder l'humain. Ce dernier devait être fatigué aussi. Et c'est avec un léger sourire que l'elfe dit:

- Voilà qui est fait! Ce fut un plaisir de vous rencontrer malgré cet incident qui n'est pas de votre faute.

N'ayant pas oublié ce qu'il avait laissé dans sa poche, Takimu donna les aliments qu'il avait aussi emporté à l'humain qui était sûrement affamé. Il dit ensuite, en guise d'au revoir:

-Si vous voulez quoi que ce soit, n'hésitez pas à me voir. Je serai en haut, à chaque matin.

L'elfe se retourna lentement et se mit à se diriger vers le marché. Il pensa à l'incident. Ce n'était pas si mal de ne point l'avoir évité si c'était de rencontrer un forgeron plutôt sympathique, ce forgeron au nom sonnant comme le miel. Finalement, Takimu pensa à cette vilaine pente qu'il devrait monter.

Amael avança avec l'elfe qui suivait en-arrière. Honteux du fardeau qu'il faisait porter à cet individu, dont il cherchait sans cesse son nom, il essaya de garder sa cadence de marche, malgré la douleur toujours grandissante.

Quelle incompétence, non mais! À cause de ce stupide accident que j'aurais pu éviter si facilement, je fais souffrir Tami... Amael grogna par sa stupidité. Je dois me rappeler de son nom! Argh, ce stupide accident fait perdre des revenus certainement précieux à cet elfe, en plus de le faire travailler. En plus, mes camarades perdent un peu d'or qui sert à nourrir leur famille, une chose si précieuse.

Amael se retourna brièvement pour regarder ce jeune être, qui reprenait son souffle. Il semblait épuisé, ce qui embarrassa encore plus Amael. Quelle vie avait-il? Était-il épuisé du à un manque de sommeil? Avait-il travaillé jusqu'au quasi levée du soleil pour vendre sa marchandise et survivre? Pourquoi était-il si gentil? Ces questions perturbaient de plus en plus le jeune homme. Je ne peux profiter d'une si gentille personne. Je dois arrêter cette manie inconsciente.

Les casseroles faisaient beaucoup de bruit, chaque son semblant frapper avec force sa blessure. C'est pire que ce que je pensais... En regardant son genou, il vit à quel point il était enflé, et ce, à travers ses pantalons. Il savait fort bien que cette douleur résultait d'un os cassé. Après toutes les blessures qu'il s'était fait avant son arrivée à Pacem Minara, il savait très bien analyser une douleur. Entorses, bris d'os, nerfs accrochés, rien ne lui échappait. Et en ce moment, ce ne pouvait l'échapper; la douleur était bien trop grande.

Rapidement, ils furent arrivés en-bas de la côte. Il soupira de soulagement. Enfin, moins d'attention! Il aperçut la forge au loin. Maintenant, il ne me manque plus qu'à faire face à tous mes camarades... Et trouver de l'argent pour réparer ce bris! Le bruit provenant antérieurement des casseroles s'était arrêté.

- Voilà qui est fait! Ce fut un plaisir de vous rencontrer malgré cet incident qui n'est pas de votre faute.

Pas de ma faute? Je lui ai foncé dedans, ce n'est pas le contraire! Je dois m'excuser, pourquoi prendrait-il le blâme de mes erreurs? Or, sa tentative de réponse échoua lorsque l'elfe déposa quelques légumes et fruits dans les mains d'Amael.

-Si vous voulez quoi que ce soit, n'hésitez pas à me voir. Je serai en haut, à chaque matin.

L'elfe tourna et se dirigea vers la côte. Amael resta surpris un instant.

-Hey, Takimu, merci!

Mais l'elfe était déjà trop loin. Son incomparable gentillesse avait frappé Amael. Il devait remercier Takimu -finalement, j'ai trouvé son nom! - de cette courtoisie inlassable. Il débuta son chemin encore douloureux vers la forge, avec ses lourdes casseroles. Pauvre elfe, c'est si lourd! Je lui apporterai quelques outils pour cultiver ses aliments bientôt, en guise de remerciement... Maintenant, je dois confronter l'attention que les forgerons vont me porter...