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| La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) | |
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Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Ven 28 Juin - 16:03 | |
| Il faisait un froid de mort. Le corps de Sinak était aussi froid et dur que la roche. Un jappement sonore qui semblait insolite dans cet environnement résonna en écho à travers les épais murs rocheux. Lentement, le nain sortit de sa torpeur. Sans ouvrir les yeux, il prit conscience de son existence. Il ne savait pas où il était. Il ouvrit les yeux, et ne vit que le noir. Une obscurité aussi totale et écrasante que toute la roche qui l’entourait. Puis, il osa agiter un peu ses doigts. Ce mouvement lui fit brusquement prendre conscience qu’il avait un corps. Un corps entier et bien vivant. Quelque chose qui soudainement, se démarquait considérablement de toute cette roche et de toute cette terre. L’aboiement se fit plus insistant.
- Rigga? Demanda Sinak d’une voix enrouée où perçait l’incertitude.
Un heureux jappement lui répondit, et des grattements frénétiques à l’entrée de la petite caverne se firent entendre.
Le nain se frotta les yeux avec ses mains épaisses, puis essaya de se lever. Sa tête cogna durement contre le plafond rocheux, faisant tomber des petites pierres et de la terre. Sinak grogna en se rabaissant. Ainsi, même les nains étaient parfois trop grands.
Il se frotta la tête, puis sortit à quatre pattes du tunnel rocheux vers l’air libre, où l’attendait avec impatience sa chienne. Cette dernière l’accueillit avec des jappements presque étouffés tellement elle était heureuse. Sinak l’entoura de ses bras, trouvant le réconfort dans son épais pelage. Rigga lui lécha le visage et le nain força un demi-sourire. Il sortit ensuite de sa vieille besace quelques morceaux de viande séchée et les donna à la chienne qui s’empressa de les avaler avec appétit. Sinak se força lui-même à en mâchouiller en peu, bien qu’il n’avait pas faim et qu’il détestait cette nourriture. Ensuite, il se leva, vérifia l’état de Kehlar, chassa machinalement la terre et la poussière de ses vêtements usés, puis, se mit en marche.
C’était ainsi à chaque matin, à chaque jour. La routine de voyage. Un voyage dur et forcé, sans aventures.
Rigga le suivit plus gaiement, la langue pendante. Sinak secoua la tête avec amusement; parfois il aimerait lui aussi être un chien et sautiller joyeusement, libéré du poids de ses pensées, de ses souvenirs et de son devoir. Cependant, c’était impossible et le nain le savait très bien. Il ne rêvait plus depuis longtemps à des choses impossibles, et ne croyait pas que ses rêves pourraient un jour se réaliser. Il ne faisait qu’y penser parfois, et avec amertume. La réalité l’avait frappée à plein fouet il n’y a pas si longtemps, et il voulait éviter à tout prix d’autres gifles.
Sa compagnonne de voyage était partie devant depuis un moment, et Sinak était impatient de la voir revenir. Il savait qu’elle finissait toujours par le retrouver, mais il n’aimait pas la savoir quelque part dans cette forêt inconnue, loin de lui. Il y avait des hommes sauvages qui habitaient dans ces bois, et le nain avait peur qu’elle ne rencontre l’un d’entre eux.
À son grand soulagement, Rigga revint vers lui peu de temps plus tard. Elle semblait excitée et aboyait bruyamment en sautant autour de lui, puis partait vers la gauche et revenait vers lui. Sinak essaya en vain de la taire. Attirer l’attention était la dernière chose qu’il désirait.
Après un moment, il comprit toutefois qu’elle voulait absolument lui montrer quelque chose. Il soupira avec découragement, mais sut qu’elle n’arrêterait pas de japper s’il ne la suivait pas. Alors, le nain partit à sa suite vers la gauche, écartant des branches pendantes au passage, faisant attention pour ne pas les briser.
Devant, les arbres devenaient de plus en plus distancés, et la lumière du matin perçait de plus en plus à travers la végétation. Des rayons lumineux jouaient gaiement sur la surface des feuilles encore pâles, fraîches et nouvelles du printemps, tombant également parfois sur le visage du nain qui plissait les yeux avec irritation. Puis, le soleil devint soudainement omniprésent et la lumière écrasante. Le visage tout crispé, le nain mit une main au dessus de son front et essaya d’ouvrir les yeux, luttant contre cette soudaine apparition de lumière accablante.
Quand ses yeux y furent enfin habitués, il comprit pourquoi la luminosité était soudainement devenue aussi forte. Il venait de quitter le couvert des arbres, et se trouvait présentement dans un grand champ de fleurs à découvert, entouré de la forêt de tous bords. Sinak fut grandement étonné de trouver un endroit aussi vide et merveilleux, dans cette forêt que tout le monde appelait sinistre et impraticable. Des fleurs de toutes les couleurs peuplaient la vaste vallée, des papillons multicolores virevoltaient dans les airs sous le ciel bleu dégagé et des abeilles et des bourbons pressés butinaient hâtivement du pollen dans ce champ qui devait être pour eux, un lieu se rapprochant du paradis.
Sinak trouvait beaucoup de gens, de choses et de lieux laids. Il ressentait du dédain pour presque tout, mais étrangement, ce champ là lui ouvrit le cœur et il fut pétrifié par la beauté des lieux. Cela lui semblait tout simplement magique. Ses yeux, habituellement éteints, brillaient à présent d’une lueur nouvelle et témoignait d’une émotion qu’il n’avait pas souvent éprouvée dans sa vie. De l’émerveillement, et pas de n’importe quelle sorte. Un émerveillement qu’on ne rencontrait d’habitude que dans les yeux des enfants.
Évidement, cet émerveillement ne dura pas longtemps, et le nain fixa bientôt son regard, de nouveau éteint, sur Rigga qui gambadait joyeusement entre les fleurs, poursuivant des papillons. Sinak la rappela, mais la chienne l’ignora royalement. Elle ne lui accorda qu’un bref regard, puis courut vers quelque chose au milieu du champ et se mit à l’appeler avec ses jappements joyeux et excités.
Le nain soupira, mais se résolut à venir voir ce qu’elle avait trouvé, écartant les hautes tiges des fleurs qui lui atteignaient les épaules. Nageant littéralement dans le champ et submergé par l’odeur forte et délicieuse des plantes, Sinak en mit long pour atteindre sa compagnonne de voyage. Cette dernière fit de nombreux allers-retours de sa découverte jusqu’à lui, question d’être sûr qu’il marchait dans la bonne direction.
Finalement, alors qu’il croyait qu’il n’y arriverait jamais, que les fleurs allaient se poursuivre à l’infini et s’efforcer de ralentir pour toujours sa marche, le nain arriva brusquement devant ce que Rigga avait déniché au milieu de ce champ. La chienne sautait et jappait joyeusement, la queue battant l’air de façon enjouée.
Le nain fixa bêtement l’énergumène que son amie avait trouvé. Il passa de l’incrédulité à la méfiance, puis à l’agacement et à la colère. L’énergumène ne lui accorda même pas un regard au début et semblait perdu dans son propre monde. Sinak fronça les sourcils en remarquant qu’il faisait des…couronnes de fleurs?
Il cligna plusieurs fois les yeux en essayant de trouver en sens à cette scène. Un enfant, aux cheveux blancs et à l’expression perdue, qui fait des couronnes au milieu d’un champ à découvert? Mais qu’avait-il en tête?
Rien, décida Sinak. Il doit être probablement imbécile, et ne représente donc aucune menace. Mais c’est un humain. Je déteste les humains, se rappela-t-il.
- Rigga! Les puces t’on mangé le cerveau ou quoi? Pourquoi m’as-tu amené ici, vieille folle? Tu sais que nous n’avons pas de temps à perdre! Grogna furieusement le nain, même sachant d’avance que sa chienne allait l’ignorer.
Il porta un regard haineux et furieux sur l’énergumène. Sinak savait que son père aurait tué cet enfant, pour la simple et bonne raison qu’il était humain. Rien d’autre ne l’inquiétait, et il ne s’aurait même pas posé de questions. Il aurait sorti sa hache et lui aurait tranché la tête, sans même se demander qui il était, ce garçon.
Ce fut peut-être à cause de cela, parce qu’il détestait son père et savait ce qu’il aurait fait à sa place, que Sinak refusa catégoriquement de brusquer de quelconque façon l’énergumène. De toute façon, il ne ferait jamais de mal aux enfants et aux imbéciles, et le garçon ici présent possédait ces deux caractéristiques. Le nain avait plus d’honneur que cela et il savait se trouver des adversaires à sa taille.
Furieusement, il repensa à son père et à sa froide cruauté. Aussitôt, brusquement et sans prévenir, des souvenirs qu’il essayait d’oublier à chaque instant de sa vie lui revinrent en mémoire et il en eut momentanément le souffle coupé tellement la douleur était grande. Parfois, il avait l’impression qu’elle ne faisait qu’augmenter de jour en jour.
Le regard brouillé des souvenirs désastreux, le nain tomba à genoux parmi les fleurs, à côté du garçon, essayant en vain de penser à autre chose.
- Rigga…Partons, vite…Laisse cet imbécile tranquille et partons…souffla-t-il à travers ses dents serrées. | |
| | | Kei Personne spéciale à temps plein
Messages : 34 Date d'inscription : 05/06/2013
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Ven 28 Juin - 19:22 | |
| Des blanches… Il me faut…. Des blanches….
Kei passa délicatement ses mains dans les nombreuses fleurs qui l’entouraient. La sensation des fines gouttes d’eau contre sa peau lui était très agréable. Il avait toujours apprécié la rosée du matin qui recouvrait les plantes environnantes, leur procurant une allure brillante. En fait, il avait toujours apprécié ce champ de fleurs, depuis aussi longtemps qu'il pouvait s'en souvenir. Cet endroit était magnifique et après son départ du village, la clairière était devenue pour lui un refuge où il pouvait échapper aux dangers que recelait la forêt. Du moins, c'est ce qu'il aimait croire. Ici, il y avait seulement des insectes et quelques petites bêtes herbivores qui venaient de temps en autre pour satisfaire leur faim. Aucun animal menaçant, aucun monstre et aucun être humain. Un havre de paix perdu dans cette immense forêt verdoyante.
Kei continua à sa recherche. Les fleurs du champ avaient des couleurs toutes plus éclatantes les unes que les autres, mais celles qu’il désirait étaient dépourvues de coloris. Des fleurs blanches. Elles étaient beaucoup moins abondantes que celles colorées, mais il s'entêtait quand même à choisir exclusivement cette sorte. C'était pour sa mère. Sa mère aimait beaucoup le blanc. "C'est une couleur pure et délicate, douce et légère." disait-elle. Elle ventait les nombreux attraits de cette teinte et pouvait faire des discours interminables sur cette étrange passion qu'elle avait. Puis elle racontait souvent à Kei, quand personne d'autre ne l'écoutait, comment elle était impatiente d'être vieille, pour pouvoir avoir la tête complètement blanche, comme lui. Il avait hâte pour elle. Peut-être aurait-elle les cheveux blancs quand il retournerait au village. Sa couronne de fleurs serait alors parfaite. Blanc sur blanc. En repensant à sa mère il fut submergé de sentiments. Il voulait la revoir. Trop de temps c'était écoulé depuis la dernière fois qu'il avait vu son visage. Il avait à présent vécu deux hivers seul, deux hivers rudes et cruels à l'écart de sa famille. Deux hivers de trop. C’est pourquoi il avait décidé de retourner à Kahelli avant qu'un troisième n'arrive. Il faisait ainsi des couronnes de fleurs, pour pouvoir les donner à ses frères et sœurs et à sa mère qu'il manquait terriblement. Il quitterait la clairière dès qu'il aurait terminé ses cadeaux.
Kei s'apprêta à cueillir une petite fleur quand il entendit tout à coup des jappements au loin. Les aboiements se firent de plus en plus forts et il fut rapidement surpris par un chien qui lui grimpa sans gêne dessus. Le garçon essaya de le repousser, mais celui-ci ne fit que se rapprocher davantage, le couvrant de coup de langues. Il protégea avec ses bras les couronnes qu'il avait faites, craignant que la bête ne les piétine accidentellement. Une fois sa peur passée, Kei caressa le pelage cabot, puis celui-ci disparu aussi abruptement qu'il était arrivé. Le garçon essuya son visage couvert de bave tant bien que mal et retourna vaquer à son occupation.
Quelques minutes s'écoulèrent et à son grand étonnement, le chien revenu, cette fois-ci accompagné. Un petit homme se dressait devant lui, le visage agacé. Il avait de la barbe, comme les adultes, mais ne faisait même pas un mètre de grandeur. Le jeune garçon était très confus par ce fait. Il se concentra, réfléchi et après plusieurs réflexions décida que c'était probablement un enfant, seulement un peu différent des autres, comme lui. Un enfant aux traits adultes. Kei releva lentement la tête pour rencontrer durant un bref instant les yeux de l'étranger. Il n'aimait pas la façon dont il le regardait. Son regard ne laissait aucune place à la gentillesse.
Le petit homme s'abaissa puis murmura des mots à son chien, inaudibles pour Kei. Intrigué, ce dernier se rapprocha aussi du chien puis lui flatta la tête. Qu’es qu’il t’a dit le petit enfant, tu veux bien me le partager? Le cabot remua joyeusement la queue et sauta sur Kei, qui l'affubla de câlins et commença à jouer avec celui-ci. Il aimait beaucoup les bêtes de ce genre et ce chien lui rappelait ceux du village, avec qui il passait la plupart de son temps. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas eu de compagnie, il avait oublié comment c’était plaisant par moment. Perdu dans son jeu avec le chien, Kei remarqua que l’animal était en fait une femelle et nota aussi que son ventre était légèrement gonflé. Il arrêta peu à peu son jeu avec la chienne. Elle va avoir une portée, pensa-t-il. Il se colla l'oreille contre le ventre de la bête puis écouta les infimes mouvements des futurs chiots. 1... 2...3...4..5 et 6. Il percevait 6 bruits distincts. 6 chiots à naître. Il se demandait si le garçon à la barbe était au courant. Il se devait de lui dire. La chienne nécessiterait sûrement une attention spéciale, une fois sa grosse plus avancée. Kei fixa son regard sur celui de l'enfant jusqu'à ce que celui-ci se retourne, puis lui dit d'une voix douce:
-Elle en a six à l'intérieur.
Dernière édition par Kei le Lun 22 Juil - 16:50, édité 1 fois | |
| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Ven 28 Juin - 22:16 | |
| Le nain ressentit un petit pincement au coeur en voyant sa chienne l’ignorer de nouveau, mais ce n’était rien en comparaison à cette vague de douleur ancienne et profonde qui déferlait en lui, prête à le frapper en plein fouet et le balancer dans les profondeurs, le noyer à jamais dans les eaux de l’enfer.
Sinak ressentit un puissant choc, mais c’était physique cette fois. Son visage venait d’heurter durement le sol. La douleur se propagea de son nez jusqu’à son front, le forçant à cligner des yeux pour chasser les étoiles qui avaient si promptement peuplé sa vision. Sous le poids de ses affreux souvenirs, il avait dû avoir perdu l’équilibre et basculé.
Quelque chose pesa brièvement sur son pied avant de disparaître. Le nain tourna sa tête et vit Rigga et cet énergumène idiot jouer ensemble. La chienne devait avoir été celle à lui piler sur le pied.
Le nain sentit les griffes de la jalousie lui lacérer le cœur. Comment Rigga osait-elle jouer avec ce crétin sans dessein, alors que lui, était entrain de souffrir?
Non, c’est peut-être pour le mieux en réalité, se dit-il ensuite. Ainsi, tous les deux sont distraits et ne me verront pas comme ça…
La fierté du nain prit bientôt le dessus, et il se mit prestement en position assise. Il se sentait très vulnérable, au milieu d’un endroit découvert avec un humain à ses côtés, et ses souvenirs le mettaient inopportunément davantage en mauvaise position.
Ils semblaient aussi, malencontreusement, s'acharner particulièrement sur lui aujourd'hui, prenant un malin plaisir à le torturer de l'intérieur. Sinak resta un moment immobile, alors que les évènements du passé surgissaient de sa mémoire pour venir peupler le présent. Comme des serpents, ils glissaient lentement le long de son visage, sifflaient des mots qu'il ne voulait pas entendre à ses oreilles, entouraient son cou, passaient lentement leurs petites langues sur ses joues, frôlaient délicatement son cœur, puis, sans prévenir, mordaient avidement dans sa chair déjà meurtrie.
Sinak étouffa un cri et serra les dents alors que le poison se propageait lentement, sans se presser, dans son corps tremblant.
Allez, ressaisis-toi mon vieux! S’ordonna-t-il mentalement. Ce n’est pas le moment de fléchir, il faut combattre!
Il savait qu’il était inutile de demander aux serpents venimeux de le prendre en pitié, et il était de toute façon trop fier pour même penser à leur demander cela. Alors, il prit une grande inspiration, et fixa son regard sur le sol. Il savait que la seule façon de combattre les souvenirs, c’était de penser à autre chose.
Au sol, il y avait une limace. Alors Sinak se mit à l’observer intensément, la décortiquant jusqu’aux moindres détails. Quand le visage de sa mère osait lui revenir en mémoire, il le chassait hâtivement en murmurant à voix haute, mais de façon à ce que ses oreilles soient seules à entendre:
- Limace! Limace! Limace…
Et il regardait celle-ci de nouveau, portant toute sa concentration sur sa lente progression, sur ses piteux mouvements, sur son corps gluant et sur la traînée visqueuse qu’elle laissait sur le sol suite à son passage.
Il respirait déjà mieux à présent. Le poison commençait à être lentement évacué de son corps, avec la sueur qui perlait sur son large front. Cependant, il savait qu’il ne devait pas abandonner sa concentration, surtout pas à ce stade, car autrement, les serpents allaient revenir et en force.
Pourquoi ai-je choisi une limace? C’est ce qu’il y a de plus pénible à observer, une limace! Il n’y a probablement rien de moins intéressant que cela dans tout l’Univers! Déplora-il par pensée, tout en gardant ses yeux fixés sur la petite créature.
Cette dernière commença lentement à monter sur la tige d’une fleur.
Une fleur! Les fleurs! Oui, je vais compter les fleurs à la place!
Sinak passa le plus rapidement possible son attention de la limace, jusqu’aux fleurs, ne laissant pas le temps aux serpents de reprendre le dessus.
La fleur sur laquelle la limace était montée était une marguerite. Le nain la compta. Un. Puis, il passa à la fleur à côté. Deux. Trois. Maintenant, la bleue. Quatre. La jaune. Cinq. Six…
Au même moment, le nain sentit quelque chose de bizarre. Des picotements insistants, le long de son dos. Quelque chose qui lui donnait la chair de poule et qui faisait frémir son dos tout en le réchauffant.
Il se tourna brusquement et croisa le regard doux et innocent du garçon. Ses yeux étaient d’un vert à la voix profond et opaque, tout dépendant de la façon comment le nain regardait. Ils avaient la même couleur que les jeunes pousses du printemps, et étaient d’une rondeur peu commune. Quelque chose semblait même tournoyer, bouger, autour de ses pupilles…
- Elle en a six à l'intérieur.
La douceur de la voix du garçon surprit le nain tout autant que son affirmation.
Six. Sinak le regarda tout effarouché en tentant de comprendre comment il avait fait pour deviner le nombre exact de fleurs qu’il avait comptées.
Puis, le reste des paroles de l’enfant se rendirent à son esprit, ne rendant pas l’affirmation plus claire pour autant, mais portant son attention ailleurs. Elle, devait être Rigga. Mais pourquoi six ? Le nain fixa un regard soudainement effrayé sur sa chienne en essayant en vain de comprendre.
- Six ?! S’exclama-t-il enfin. Six quoi ?! Bon sang, qu’as-tu fait à ma chienne, innocent ! Qu’est-ce qu’elle a à l’intérieur ?
Son ton était rude, comme d’habitude. Il ne parlait plus que de façon agressive aux gens. D’un geste protecteur, il entoura Rigga d’un bras et posa impulsivement une main sur Kehlar. Quelque chose dans le comportement du garçon, dans sa façon d’être, le troublait et il n’aimait pas la confiance que lui accordait sa chienne. Ainsi, il devait être prudent pas seulement pour lui-même, mais aussi pour elle. Il devait protéger sa Rigga…
Dernière édition par Sinak Pathara le Sam 29 Juin - 12:42, édité 1 fois | |
| | | Kei Personne spéciale à temps plein
Messages : 34 Date d'inscription : 05/06/2013
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Sam 29 Juin - 1:28 | |
| Le garçon, assis au sol, recula de quelques pieds de l’étranger. Il enfonça inconsciemment ses doigts dans la terre humide, empoignant les pousses d'herbes qui reposaient sous sa main. Incliné vers l’arrière, Kei voulait s’éloigner davantage, mais il en était incapable. La peur le figeait sur place. Il essayait de s'agripper au sol, d'avoir une prise solide à la réalité, car il se sentait partir. La dernière fois qu'il s'était déconnecté ainsi des problèmes qui l'entouraient, il s'était réveillé couvert d'ecchymoses, de coupures et de sang. C'était toutefois une façon pour lui d'oublier la souffrance qu'on lui infligeait, car quand il redevenait conscient, tout était terminé. Les enfants du village avaient disparu. Plus de rires cruels, plus de coups de poing. Il se retrouvait seulement dans les bras de sa mère qui sanglotait.
Elle avait bien essayé de lui faire comprendre qu'il fallait se battre, ne pas se laisser faire et même fuir si nécessaire, mais tout ce dont Kei était capable, c'était de s'échapper de la réalité. De se séparer du monde l'entourant. Toutefois, s’il agissait ainsi aujourd'hui, qui sait si demain arriverait. Le petit homme avait sa main sur sa hache. Pourquoi? Qu'ai-je fait? Je ne comprends pas. Je ne comprends jamais. Je ne comprends jamais...
Kei voulait pleurer. Il voulait laisser de chaudes larmes descendre le long de ses joues creuses. Il était effrayé et ne voulait pas qu'on lui fasse du mal, il avait après tout sa famille à rejoindre. Pas maintenant, pensa-t-il. Plus tard, mais pas maintenant.
Il se demanda si l'enfant arrivait à discerner sa peur. Aucune chance qu'il remarque ses larmes par contre, car Kei n'avait jamais pleuré de toute sa vie. Au jour de sa naissance, aucune larme ne pouvait être vue, et aucun gémissement ne pouvait être entendu. Quand Kei était attristé, il pouvait sentir son cœur se serrer, ses émotions prendre le contrôle, mais jamais, jamais n'était-il capable de laisser les sanglots sortir de son corps. Tout restait toujours à l'intérieur. Il pouvait crier, rire et pleurer sans que personne n'en prenne jamais conscience. Il était prisonnier à l'intérieur d'un corps qui refusait de lui obéir.
Kei soutenu le regard de l'étranger avec une expression qui ne dégageait aucune haine et aucune intention malaise. Une expression remplie de gentillesse, sur le bord du désespoir. Il avait réellement peur. C'était le seul geste qu'il pouvait poser. Il ne voulait surtout pas abandonner, pas cette fois-ci. Il voulait prouver à l'inconnu qu'il avait tort de tenir ainsi sa hache, qu'il avait tort d'arborer cette expression de dédain face à lui et qu'il avait tort de protéger sa chienne.
-C'est des chiots. Elle va avoir des chiots. Elle est enceinte. Je ne lui ai rien mis à l'intérieur, je vous le jure.
Vous? Kei se demanda pourquoi il avait vouvoyé ainsi un enfant. C'était probablement à cause de sa barbe et de son allure adulte. L'étranger était petit, mais imposant. Il ne désirait pas le faire fâcher davantage. Le jeune garçon jeta alors son regard sur la hache de l'enfant, la fixant intensément avec un air implorant le pardon, comme s'il souhaitait que les mains de l'étranger, sous le poids de son regard, se détachent de l'arme accrochée à sa ceinture.
Dernière édition par Kei le Lun 22 Juil - 16:49, édité 1 fois | |
| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Sam 29 Juin - 12:34 | |
| - Des chiots?
Sinak n’arrivait même pas à exprimer tout son étonnement et toute son incrédulité. Il posa un regard troublé sur le ventre de Rigga en tentant d’apercevoir le moindre ballonnement, le moindre indice qui pourrait confirmer les paroles du garçon. Après un moment, il perçut en effet un léger gonflement et en fut estomaqué.
- Alors? Fit-il à l’intention de sa chienne. Où as-tu pris ça?
Son amie lui répondit d’un joyeux jappement et le nain secoua la tête avec découragement. Comme s’ils n’avaient besoin plus que de cela! Une portée de chiots qui s’en venait… Et leur devoir? Et tout le trouble que ces nouveaux-nés allaient causer? Et l’accouchement? Sinak regarda sa chienne, soudainement effrayé. Et si son accouchement se déroulait mal? Qu’allait-il faire? Mais Rigga ne semblait pas s’en faire du tout, et elle était joyeuse, alors le nain ne put s’empêcher de se sentir fier d’elle, et heureux. Félicitations Rigga, pensa-t-il, sans toutefois oser le formuler à voix haute. Pas devant le garçon. D’ailleurs, comment il a fait, celui-là, pour déterminer qu’elle était enceinte, à un stade où sa grossesse est si peu avancée? Se demanda Sinak avec un nouveau respect pour le garçon.
Il se rappela alors, brusquement, que ce dernier l’avait vouvoyé. Cela signifiait donc qu’il le respectait aussi, il n’y avait rien de plus évident. Il le voyait dans les yeux de l’enfant, dans ses façons d’agir, dans ses mouvements… Du respect, pensa Sinak avec une sorte de nostalgie et d’effarement. Je n’en ai pas rencontré dans des yeux humains depuis si longtemps que je ne croyais même plus à son existence …
Intrigué et ébahi, il plongea enfin véritablement son regard dans les profondeurs verdâtres des yeux énigmatiques du garçon. Il y vu alors tous ces détails qui lui avaient échappés depuis le début. Ce qui le frappa en premier lieu, fut sa peur. Celle-ci était dure à manquer, trahie non seulement par son regard, mais aussi par ses mouvements nerveux et futiles. Ce genre de détails n’échappaient jamais à Sinak. Il enleva prestement sa main de Kehlar, et se sentit soudainement très lâche d’avoir fait peur à l’enfant. Pardonne-moi, petit. C’est que je suis incapable de faire confiance à personne, même aux enfants. Tu aurais pu être placé ici pour m’attirer dans un piège, on ne peut jamais savoir. Les gens ont perdu tout honneur et sont prêts à se cacher derrière les femmes et les enfants pour tuer. Je me rappelle avoir souvent vu ça à la guerre. Je me rappelle aussi d’un enfant à la guerre qui avait tué un homme. Ils s’étaient croisés, au milieu d’un village en feu, et l’homme n’avait pas osé faire de mal à l’enfant. Quand il lui a tourné dos pour partir, l’enfant, au contraire, l’a attaqué sauvagement par derrière et l’a assassiné. Voilà pourquoi j’ai vu une menace en toi au début. Parce que la menace peut être partout.
À présent, Sinak comprenait qu’il n’avait rien à craindre de ce garçon là, assis devant lui. Il n’était pas comme les autres. Il ressemblait d’avantage à un animal, sensible à tout et capable de déterminer très tôt quand d’autres portent des vies nouvelles en elles, mais incapable de pleurer ni de rire, tout en ayant accès aux émotions. Cet enfant était comme une bête, et le nain aimait et respectait ces dernières.
Il porta un regard nouveau sur le petit étranger. Un regard toujours dépourvu de gentillesse, mais également dépourvu de dédain. Il soupira ensuite, puis reporta son attention sur la fraîcheur des yeux du garçon, et s’autorisa à y baigner de nouveau. Il y croisa sous peu, une gentillesse pure, réelle et inconditionnelle. Pas une gentillesse faussée ou une gentillesse hypocrite, ni une gentillesse qui sert à attirer les cœurs sensibles dans des pièges, pour ensuite en finir cruellement avec eux. Le genre de gentillesse qu’il voyait chez l’enfant, il n’en avait jamais rencontré dans les yeux de quiconque auparavant. Ensuite, le nain vit l’enfer au milieu des pupilles rondes et noires comme les abysses, du garçon. Ainsi, il avait vu l’enfer lui aussi. Un enfer qui lui était propre, pas un enfer partagé comme celui de la guerre. Cet abîme là, il était seul à le connaître, et il devait le supporter lui-même, sans appui extérieur. Sinak ne ressentit aucune pitié pour autant, seulement de la compréhension. Il savait ce que c’était, l’enfer. Il sentait aussi, étrangement, qu’il avait beaucoup en commun avec l’enfant. Il sentait qu’il y avait quelque chose de semblable dans leurs histoires respectives.
Un soudain gargouillement provenant du ventre du garçon se fit entendre, tirant le nain des mystérieuses profondeurs verdâtres, vers la surface. Presque inconsciemment, il porta ensuite son attention sur les petits membres frêles de l’enfant. Ce qu’il était maigre! Il devait probablement très mal s’alimenter pour avoir conduit son corps à un si piteux état. Sinak se demanda quand avait-il mangé convenablement pour la dernière fois. Il ne s’en rappelait peut-être même plus lui-même…
La maigreur du garçon faisait trop peine à voir, et le nain porta spontanément sa main à sa besace et en soutira une pomme.
- Tiens, grogna-t-il en la tendant à l’enfant visiblement affamé. Mange ça, les bruits de ton estomac irritent mes oreilles. | |
| | | Kei Personne spéciale à temps plein
Messages : 34 Date d'inscription : 05/06/2013
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Sam 29 Juin - 15:11 | |
| Kei fixa longuement l'objet qui se tenait désormais dans les mains trapues de l'étranger. Un fruit. Une pomme. On le lui offrait? Impossible. Tout ce Kei avait reçu des autres au cours de sa vie était des pierres, des coups, des insultes. Des regards remplis de haine, des visages de dégoût. Même ses frères et sœurs, sa propre famille, ne lui avait jamais porté une attention particulière. Alors pourquoi cet inconnu tendait-il ainsi sa main? Seule sa mère avait déjà agi de la sorte envers lui.
Kei garda ses yeux sur la pomme, il ne voulait pas regarder l'étranger, une peur résidait toujours à l'intérieur de lui. Qui était-il? Cette hache, cette taille, cette barbe... Cette barbe? Soudainement, le jeune garçon se rappela d'une histoire que sa mère aimait lui raconter quand il était tout petit. C'était un conte.... un conte sur quoi... des gens... des gens. Il faisait quoi déjà?... Il travaillait dans des mines. Oui, ses souvenirs lui revenaient. Une race complètement à part des humains, une race de forts guerriers, mais de.... mais de quoi.... de.. de.... de faible taille! Où les hommes portaient toujours la barbe! Des petits gens orgueilleux et remplis de fierté! Des nains! Il n'était pas un enfant, mais bel et bien un adulte, seulement d'une grandeur peu commune. C'était la première fois que Kei avait la chance de rencontrer quelqu’un d'une race différente de la sienne.
Il était désormais très intrigué par ce nain qui se tenait devant lui, mais ses yeux ne se détachaient toujours pas de la nourriture qui reposait au creux des mains du petit homme. Il avait terriblement faim. Il tendit la main pour prendre la pomme, puis arrêta son geste. Il voulait offrir à l'étranger quelque chose en retour, il était reconnaissant. Kei regarda autour de lui, cherchant du regard ses couronnes. Il était nerveux, jamais auparavant n'avait-il offert quelque chose à un inconnu. Il les localisa à quelques pieds d'où il était assis. Il marcha à quatre pattes jusqu'à son but, puis choisit un des ornements. Agité, il joua un peu avec les pétales des fleurs de la couronne et la retourna dans tous les sens, arrivant difficilement à la garder en mains. Il s'avança finalement vers le nain, prit le fruit rouge et remplaça le vide qu'il avait créé par la couronne de fleurs. Il empoigna doucement les mains du nain, puis les referma sur la couronne, sans toutefois appliquer aucune pression. C'était un geste délicat et calculé. Kei avait appris au court de sa courte enfance à ne jamais brusquer les gens, à ne jamais les provoquer ni à leur manquer de respect, car toutes les minimes erreurs qu'il commenterait seraient utilisées contre lui. C'est pourquoi il s'efforçait d'agir ainsi. De toute façon, Kei n'avait jamais été quelque de rude, ni de violent.
Il croqua de pleines dents dans le fruit. Il était si délicieux. Kei avait envie de pleurer cette fois-ci aussi, mais de joie. Il était tellement content. Il avait oublié le goût que pouvait avoir la nourriture et comment c'était une sensation merveilleuse de pouvoir calmer sa faim. Tandis qu'il allait prendre la dernière bouchée, il remarqua la chienne à ses pieds. Elle allait bientôt être mère. Elle se devait d'être forte et prête quand viendrait le temps de l'accouchement. Le garçon tendit alors sa main vers le cabot, qui s'empressa de manger le restant de la pomme. Sûrement, elle n'appréciait pas le goût d'une pomme autant que celui de la viande, mais c'était mieux que d'avoir le ventre vide. Seulement le cœur du fruit résidait maintenant dans les faibles mains du garçon. Il fit alors un trou dans le sol, la terre se glissant malgré lui en dessous de ses ongles, puis jeta le cœur dedans et le referma. "Tout ce qui vient de la terre retourne inévitablement un jour à la terre." C'est ce que sa mère lui disait tout le temps. C'était un cycle. Toute chose vivante retournerait un jour à la Terre Mère et humains, nains, animaux et plantes formeraient de nouveau un tout. "C'est pourquoi tu te dois de respecter la nature et les gens, car ils sont les mêmes que toi." Toutefois, sa mère était différente des autres. Ce nain aussi.
Kei se recroquevilla sur lui-même en se balançant faiblement d'avant vers l'arrière, attendant la réaction de l'étranger.
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| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Sam 29 Juin - 21:31 | |
| Sinak crût que la fin des temps allait arriver avant que l'enfant ne se décide d’accepter enfin la nourriture.
C'est une pomme bon sang! Tu ne peux pas juste la prendre et la manger? Ça ne demande pas tant d'efforts!
Le nain se sentit presque stupide alors que le garçon se détourna de lui pour chercher quelque chose, tout agité, à quatre pattes. Il fut tenté de laisser la pomme tout simplement au sol et de partir, mais il était curieux de voir ce que l'enfant allait faire. Alors, il se résolut à le fixer bêtement, bras étendu et paume grande ouverte, avec la pomme rouge logée en son milieu.
Il coula un regard à Rigga, qui s'était entre-temps, couchée dans les fleurs, la langue pendante. Ce qu'il aimerait faire comme elle, s’étendre simplement au milieu de ce magnifique champ de fleurs, fermer les yeux et oublier tout. N'avoir conscience plus que de la brise qui caresserait doucement sa peau, comme la tendre main de sa mère. Écouter le chant des oiseaux qui fredonneraient la mélodie de l’éden. La mélodie qui transportait l’esprit vers des lieux autrement inaccessibles, qui effaçait la douleur et qui plongeait l’âme dans une gamme d'émotions inexplorées. Ce qu'il aimerait oublier qu'il devait vivre, que tant de choses dépendaient de lui. Ce qu'il aimerait ne plus avoir peur, ne plus vivre sous constante tension, ne plus craindre les souvenirs du passé et ne plus trembler en pensant au futur. Ce qu'il aimerait abandonner... Le nain secoua la tête avec tristesse, regret et amertume. Il regarda de nouveau Rigga. Un petit papillon se posa brièvement sur sa tête, avant de s'envoler. La chienne suivit le petit insecte volant du regard, sans toutefois se lever pour le poursuivre. Le nain se demanda si c'était parce qu'elle était fatiguée dû à sa grossesse. Il espéra que non, qu'il se faisait simplement des idées. Et puis, il y a un moment, il n'avait même pas été conscient du fait qu'elle portait des chiots. Sinak se demanda comment allaient-ils être. S'ils allaient hériter des yeux gentils et compréhensifs de leur mère, et de son doux pelage couleur crème. Il se demanda aussi comment pouvait bien être le père. Ressemblait-il à Rigga? De quelles couleurs était son poil? Et où sa compagnonne de voyage l'avait-elle rencontré?
Le nain fut tiré de ses pensées quand le petit poids dans sa large paume disparût soudainement.
Il était temps! Se dit-il.
Il allait ramener sa main vers lui, lorsqu'il sentit des herbes se glisser dans sa paume et les petits doigts de l'enfant toucher les siens. Il tourna brusquement la tête, résistant contre l'envie de retirer prestement sa main, et vit que le garçon avait déposé dans sa paume...une couronne de fleurs?
Ce présent semblait absurde et incompréhensible. Sinak dévisagea l'enfant en silence alors que celui-ci refermait tout doucement ses larges mains autour de la couronne. Il n’osa pas bouger, stupéfait par la douceur des petites mains délicates et fragiles du garçon. Il resta toujours immobile, quand le petit croqua enfin à belles dents dans le fruit qu'il lui avait offert. Le nain ne jeta qu'un bref coup d'oeil aux fleurs tressées, en se demandant que pouvait-il bien faire de cela. Il tourna la tête vers Rigga, comme pour lui demander conseil, mais la chienne avait le regard perdu au loin, inconsciente de la question silencieuse que Sinak posait dans le vide. Elle ne s'activa que lorsque le garçon, à la grande surprise du nain, décida de partager le restant de sa pomme avec elle.
Pourtant il est affamé... Les affamés n'ont généralement plus assez de volonté pour partager leur nourriture, alors comment cet enfant réussit-il à partager? Et pourquoi le fait-il? Est-ce simplement parce qu'il a un grand coeur?
Sinak ne trouva aucune réponse à cet autre questionnement silencieux. Il regarda d'un air perdu le garçon qui enterra son coeur de pomme, une autre preuve de son respect pour ce qui l'entoure, pour la nature. Intérieurement, le nain approuva son geste.
Alors que l'enfant se mit à balancer doucement son corps de l'avant à l'arrière, comme s'il se berçait lui-même, Sinak serra légèrement la couronne de fleurs, en se disant qu'il devrait en faire quelque chose.
- Merci, dit-il mal à l'aise, en rangeant de façon maladroite le cadeau du garçon dans sa besace.
Il s'était efforcé de le placer délicatement, mais il n'était pas délicat de nature, alors ce fut difficile. Il espéra que le garçon ne se sente pas offensé.
- Comment t'appelles-tu? Demanda-t-il ensuite, en essayant de faire sonner sa voix le plus amicalement possible. | |
| | | Kei Personne spéciale à temps plein
Messages : 34 Date d'inscription : 05/06/2013
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Dim 30 Juin - 0:50 | |
| "Merci"
Kei vit l'étranger ranger sa couronne de fleurs dans son sac. Il avait accepté son présent. Kei était énormément soulagé, cela signifiait pour lui que le danger potentiel que présentait l'inconnu était parti, pour le moment du moins. Kei entendit le petit homme parler et se retourna vers lui en le regardant pour mieux pouvoir écouter le son de sa voix et comprendre le sens des mots qu'il prononçait.
"Comment t'appelles-tu?"
Kei le fixa pendant un moment et inclina légèrement sa tête. Il agissait ainsi par habitude, c'était une chose qu'il faisait inconsciemment depuis qu'il était tout petit. Il plongeait dans le regard d'une personne et ne la quittant jamais des yeux, il réussissait à l'hypnotiser. Ses yeux émeraude étaient peu communs, et ils avaient en eux une lueur mystérieuse. Les habitants de son village détestaient quand il se conduisait ainsi et trouvaient que cette attitude était celle d'un démon, essayant de pénétrer au plus profond de leur âme. Peut-être avaient-ils en quelque sorte raison, car le regard de Kei était bel et bien perçant. Mon nom?
-Kei.
C'était tout ce qu'il pouvait répondre. Il parlait rarement aux étrangers, et rarement en général. Il ne savait jamais quoi dire, quels mots utiliser, comment s'exprimer. Il était conscient de cette réalité. Le jeune garçon de Kahelli n'était pas ce qu'on pouvait appeler intelligent, mais il était assez éveillé pour réaliser qu'il était différent.
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| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Dim 30 Juin - 19:54 | |
| Le nain soutint le regard perçant du garçon en essayant de ne pas basculer en arrière tellement l'intensité de ses yeux était forte. Sidéré, il observa longtemps les différentes teintes de vert qui tournoyaient lentement autour de ses pupilles avec une sorte de crainte et d’émerveillement, en se disant que les yeux de cet enfant devaient être sa meilleure arme. Il n'avait jamais vu rien de plus captivant, de plus fort et de plus puissant. Le nain s'y sentait captif, et entièrement libre en même temps. Libre, parce qu'il ne pensait plus. Entouré de mystères et de fraîcheur, comme dans une forêt, il se sentait en quelque sorte, rassuré. Le nain baigna dans ce piège d'émeraude jusqu'à ce que le garçon daigne finalement mentionner son nom. Le contact visuel fut alors rompu, et Sinak put enfin retrouver sa liberté, avec à la fois soulagement et regret.
- Kei, répéta-t-il, comme pour tester le son de ce nom sur sa langue.
Kei. Il n'y a probablement pas de nom plus simple que cela dans l'Univers entier...
- Moi c'est Sinak, se présenta le nain à son tour.
Il n'avait pas mentionné son nom de famille, se disant que son prénom était déjà bien assez. Il ne voulait pas faire cela trop compliqué pour Kei. Sinak c'était suffisent, Pathara viendra peut-être plus tard, un jour. Ou peut-être pas.
Sinak Pathara n'était pas son vrai nom, évidement. Le nain s'en était depuis longtemps improvisé un nouveau, et tentait avec acharnement d'oublier l'ancien. C'était difficile et pénible, très pénible... La principale raison pourquoi il avait changé d'identité depuis sa fuite du territoire des nains, était son père. Jamais il n'aurait supporté de continuer à porter le nom de son père. Jamais. Ni de continuer à porter le prénom qu'il lui avait donné à la naissance. Sinak ne voulait plus rien avoir en commun avec lui. Il ne voulait plus jamais voir entrer, même la pointe de sa barbe, dans son champ de vision et il ne voulait plus jamais entendre sonner à ses oreilles, les vibrations de sa voix rude et grave. Enfin, à l'exception du jour où Kehlar tranchera sa gorge, mais jamais avant, ni jamais après. La deuxième raison qui l'avait forcé à abandonner son vrai nom était sa fuite. Sa tête valait probablement un fortune à la montagne des nains, alors autant prendre le minimum de précautions pour ne pas se faire reconnaître. Son physique trahissait déjà trop son identité, il avait donc décidé de ne pas laisser son nom empirer davantage la situation.
Un aboiement indigné tira Sinak de ses pensées. Il tourna la tête et croisa le regard foncé et insistant de Rigga. Probablement furieuse que j'aie oublié de la présenter...
- Elle c'est...
Le nain hésita. Rigga était bien connue des nains et son nom ainsi que sa description figuraient probablement sur la même affiche sur laquelle sa tête à lui valait une fortune. Cependant, Sinak savait qu'il ne pouvait changer son nom à elle. Il n'y avait que les humains, les nains et les elfes qui avaient des existences tellement misérables et des mentalités tellement minables qu'ils se permettaient de rejeter leurs identités. Aucun honneur, aucune honnêteté, aucun respect et aucun bon sens. Les animaux étaient différents, et Sinak respectait beaucoup trop son amie pour changer son nom à elle. Il savait qu'elle n'aurait pas voulu de toute façon.
- Elle c'est Rigga, dit-il et aussitôt, il sut qu'il avait commis une erreur.
C'était toujours ainsi, quand Sinak s'efforçait de faire tout pour être prudent. Il commettait l'erreur la plus idiote. Trop c'est comme pas assez, se dit-il, soupirant intérieurement. Cependant, il était trop tard pour changer quoi que cela soit. Le mal était déjà fait. D'un mouvement irrité et automatique, il plaça sa main sur la tête de Rigga et caressa doucement sa fourrure. Cette dernière lui lécha les doigts et donna un bref coup de museau sur sa main. Tu ne comprends rien Rigga...et tant mieux.
- Pour qui fais-tu ces couronnes de fleurs? Demanda ensuite le nain au garçon, désirant porter son attention sur un autre sujet et mettre en arrière plan les présentations.
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| | | Kei Personne spéciale à temps plein
Messages : 34 Date d'inscription : 05/06/2013
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Lun 1 Juil - 0:20 | |
| Le jeune garçon regarda à nouveau l'étranger et écouta sa réponse. Une fois qu'il eut fini de parler, Kei répéta après lui pour ancrer ces nouvelles informations dans sa tête.
-Sinak. Sinak le nain. Et Rigga. Rigga le chien. -Sinak le nain.... Rigga le chien... Sinak le nain.... Rigga...
Kei continua à se bercer doucement en disant ces noms, de plus en plus faiblement, jusqu'à ce que sa voix devienne un murmure imperceptible, mélangé aux autres bruits de la forêt. Sinak et Rigga. Il aimait bien leurs noms. Maintenant qu'il les connaissait, cela signifiait-il qu'ils étaient... amis? Cette idée traversa l'esprit de Kei pendant un bref moment. Kei n'en avait jamais eu et le concept même de l'amitié l'avait toujours intrigué. S'il pouvait être un jour amis avec Sinak et Rigga, il en serait bien heureux... Kei secoua la tête. Tout cela était beaucoup trop compliqué pour lui. Des amis, il ne savait pas comment s'en faire et c'est pour cette raison qu'il n'en aurait probablement jamais.
-Pour qui fais-tu ces couronnes de fleurs?
Kei regarda longuement les fleurs tressées qui reposaient à ses pieds.
-Ma famille, dit-il, en ne quittant pas des yeux les couronnes. Mes frères, mes sœurs et ma mère. Je retourne à mon village aujourd'hui, je vais leur donner.
Il eut un silence et Kei décida de continuer.
-Je dois y aller maintenant, au revoir Rigga, dit-il en flattant la chienne qui remua un peu la queue sans trop lui porter d'attention.
-Au revoir monsieur le nain, merci beaucoup pour la pomme.
Kei s'éloigna de ses deux nouveaux compagnons et entra dans la forêt. Il avait ainsi décidé de partir abruptement sans s'attarder davantage. L'idée de rester plus longtemps à la clairière avec le nain et la chienne était à présent absurde à ses yeux. Il s'en voulait d'avoir pensé à s'attacher à eux, à devenir amis. Ils appartenaient à un monde différent et le premier regard du nain, rempli de dédain, avait prouvé ce fait. Une connexion entre eux serait impossible. Les amis, c'était pour une prochaine fois. Sa place était auprès de sa famille.
Au fur et à mesure qu'il déambulait dans la forêt, Kei se sentit désorienté. Il se sentait affreusement fatigué et ses jambes étaient rendues si faibles qu'elles arrivaient difficilement à supporter son poids. Il voulait s'arrêter et dormir. Se recroqueviller sur lui-même et somnoler parmi les herbes sauvages. Oui, cette idée lui était très attirante. Dormir... Pris dans ses pensées, Kei ne vit pas l'immense racine d'arbre qui s'étalait devant lui. Il posa quelques pas puis s'enfargea dans celle-ci en tombant piteusement au sol.
-Ah!
Il poussa un faible cri, qui n'agressait étrangement pas les oreilles, mais qui était facilement audible à plusieurs lieux. Le jeune garçon décida de rester dans sa position misérable, trop épuisé pour se relever. Il avait envie de pleurer, encore une fois. Kei aurait été l'enfant le plus larmoyant du village si ses larmes avaient été capables de couler comme les autres.
Dernière édition par Kei le Lun 22 Juil - 16:48, édité 1 fois | |
| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Mar 2 Juil - 0:30 | |
| Sinak regarda s’éloigner Kei d’un air confus. Sa confusion ne fit qu’augmenter quand son regard tomba sur les couronnes de fleurs au sol, que le garçon avait visiblement oubliées. Quand il remonta les yeux, la tête et les épaules de l’enfant avaient disparu du champ de fleur et du champ de vision du nain. Il ressentit étrangement, une pointe de tristesse et de regret. Même s’il ne voulait pas se l’avouer, Kei avait réveillé en lui le peu de tendresse qui avait somnolé au plus profond de son être, depuis un peu trop longtemps. En réalité, la fleur de tendresse du nain, qui avait autrefois, puisé tant d’énergie dans la lumière du soleil et dans l’eau contenue dans la douce terre, avait fané à une vitesse fulgurante à la fin de la guerre. Le sourire de sa mère disparut, il n’eut plus de soleil, ses doux yeux bleus éteints, il n’eut plus d’eau pour alimenter la belle fleur, qui avait dans le passé dégagé un si bon parfum. Tout ce qui resta de cette merveilleuse plante fut une seule graine minuscule, délaissée sur une terre sèche et aride, condamnée à l’abandon. Mais voilà que soudainement aujourd’hui, il s’était mis à pleuvoir. De la pluie d’émeraude s’était abattue sur le désert, et la petite graine avait soudainement prit vie. Un petit arbre qui venait de prendre la relève, avait poussé au milieu de cette terre craquelée. Un petit arbre de tendresse, pour remplacer la fleur. Cet arbre, il était tout crochu, sans feuilles, ni fleurs, ni fruits. Un arbre pas beau à voir, dont l’écorce était même arrachée à certains endroits. Un minuscule épineux mal en point, mais un épineux bien présent et assez solide. Sinak savait qu’il devrait bientôt le faucher ; un arbre n’était pas le bienvenu dans son désert. Et pourtant, il n’en avait aucune envie. Je pourrais le laisser vivre, juste un peu, pas longtemps…seulement pour voir ce qu’il va devenir… Se dit-il. Cela sonnait bien raisonnable.
Lentement, il se pencha et ramassa les couronnes de fleurs que le garçon avait si soigneusement tressées. Combien devait-il y avoir mis d’amour… Il devait beaucoup aimer sa famille. Il devait être impatient de la revoir. Je dois lui amener ses couronnes. Quand il se rendra compte qu’il les a oubliés, il sera probablement déçu. Cela serait beaucoup de temps de travail perdu… Le nain fit signe à Rigga de se lever et de le suivre. Alors qu’il commençait à se diriger lentement vers la forêt, suivant le même passage entre les plantes que Kei avait tracé en marchant, le nain entendit un petit cri au loin. Aussitôt, il sut que ce cri appartenait au garçon. Sinak fronça les sourcils, inquiet et découragé à la fois. Presque inconsciemment, il accéléra le pas. Bientôt, il trouva l’enfant couché piteusement au sol dans une position qui ne devait probablement pas être des plus confortables. Le nain parcourut les environs d’un regard méfiant, mais ne perçut rien d’anormal. Rigga non plus. Alors Sinak s’agenouilla près du garçon et le secoua. Ensuite, après courte réflexion, il alla chercher une grande branche de sapin qu’il avait remarquée plus tôt. Cette branche devait avoir été arrachée de son arbre par un violent éclair, car elle en portait les désastreuses marques calcinées sur sa surface. Le nain la traîna jusqu’à sous un arbre et la plaça par terre, puis il retourna vers Kei. Il le souleva, remarquant avec horreur que son corps était un peu trop léger. Il pouvait très bien sentir ses petits os délicats à travers sa peau pâle. Son corps lui faisait penser à une petite feuille sèche d’automne, et cela l’effrayait. Sinak déposa Kei sur la branche de sapin qu’il espérait un peu plus confortable que le sol couvert de racines, et sortit prestement sa gourde d’eau. Il fit avaler le plus de liquide possible au garçon, et se servit du reste pour attendrir, du mieux qu’il pouvait, la viande séchée qu’il lui restait. Le nain en donna la moitié à Rigga, et présenta l’autre moitié à Kei. Ce dernier était tellement faible et affamé, que Sinak se doutait qu’il puisse réussir à avaler plus que ce qu’il lui donnait.
- Tu ne survivras pas seul, lui dit-il d’un ton découragé. Je vais t’accompagner jusqu’à ton village. Et je t’ai ramené tes couronnes de fleurs que tu avais oubliées. Maintenant, mange la viande et tâche de reprendre rapidement tes forces. Je n’ai pas une éternité de temps à perdre avec toi.
Sinak savait qu’il commettait de nouveau une erreur. Il ne pouvait se permettre de perdre autant de temps. Et pourtant, il était heureux de sa décision. Parce que pour la première fois depuis la fin de la guerre, il faisait ce qu’il voulait et non ce qu’il devait.
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| | | Kei Personne spéciale à temps plein
Messages : 34 Date d'inscription : 05/06/2013
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Mar 2 Juil - 16:30 | |
| Kei se sentit momentanément soulevé du sol, avec l'étrange impression qu'il flottait et pouvait s'envoler à n'importe quel moment. Toutefois, cette sensation ne dura pas longtemps puisqu'il fut de nouveau déposé à terre, cette fois-ci sur une surface plus agréable que la précédente. Il vu là une bonne occasion pour se rendormir, mais on le força à boire. De l'eau, pure comme celle du ruisseau avoisinant la clairière, descendait le long de sa gorge asséchée. Il fut ranimé par la sensation que le lui donnât le liquide dans sa bouche, puis ouvrit grand les yeux pour voir le visage de son bienfaiteur. Encore lui. Sinak était agenouillé à ses côtés et nourrissait sa chienne avec un bout de viande séchée. L'autre morceau était réservé pour lui. Kei ne désirait pas le prendre des mains du petit homme, mais il savait très bien que c'était inutile de se mentir à lui-même. Il avait terriblement faim et son instinct de survie était plus fort que sa volonté de ne pas profiter plus de la bonté soudaine du nain. Kei l'avala du mieux qu'il pouvait, le séparant en plusieurs petits morceaux, mais réussi quand même à s'étouffer. Il toussa plusieurs fois, jusqu'à ce que sa gorge soit complètement dégagée, puis finit le morceau de gibier.
"Tu ne survivras pas seul. Je vais t’accompagner jusqu’à ton village. Et je t’ai ramené tes couronnes de fleurs que tu avais oubliées. Maintenant, mange la viande et tâche de reprendre rapidement tes forces. Je n’ai pas une éternité de temps à perdre avec toi." Le nain avait prononcé ces paroles plus tôt, alors qu'il offrait pour une nouvelle fois son aide au jeune garçon. Kei les avait bien entendues, mais il ne les comprenait pas. "Je n’ai pas une éternité de temps à perdre avec toi." Alors pourquoi venait-il seulement à nouveau vers lui ? Kei pouvait vivre ou mourir et cela ne le concernait pas. Le nain l'aidait, comme si c'était une chose qu'il se devait de faire et prenait un ton impatient et découragé alors qu'il faisait tous ces gestes de son propre gré. Personne ne le forçait ou ne le retenait, il était libre de partir et de laisser Kei à son sort, mais il restait. Alors, pourquoi s'impatienter ainsi après un faible garçon qu'il avait volontairement pris sous son aile?
Il est drôle, pensa Kei. Il est bête avec moi, mais s'entête à me suivre partout. Il prend un air fort et imposant alors qu'il ne me veut aucun mal. Si tous les nains sont comme ça, alors je les aime bien.
Kei plongea son regard dans celui de Sinak. Depuis deux ans, il nageait pathétiquement dans tous les sens au milieu de l'océan, incapable d'avancer ou d'accomplir quoi que ce soit. Il se noyait peu à peu dans l'eau salée, sans être apte à se sortir de là. Cependant pour la première fois depuis ces deux ans, quelqu'un lui avait tendu la main. Ce n'était pas la bonté d'aucun dieu qui l'avait sorti du pétrin. C'était un petit homme à l'allure maussade, un petit homme qui essayait de refouler la gentillesse qu'il cachait à l'intérieur de lui. Un mortel parmi tant d'autres. C'était simple comme histoire, mais c'était plus réel et efficace que n'importe quelle prière que Kei aurait pu prononcer. Cette personne était sa bouée de sauvetage et le jeune garçon avait bien l'intention de s'y accrocher et de ne pas la laisser partir. Sinak souhaitait l'accompagner à son village? Il allait ainsi faire du mieux qu'il pouvait pour qu'ils se rendent tout les deux à destination. Pas question de paraître faible ou de se laisser abattre.
-Viens alors, je vais te montrer.
Kei agrippa fermement la main de Sinak, se releva du mieux qu'il pouvait et l'entraîna avec lui dans les profondeurs de la forêt. | |
| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Jeu 25 Juil - 2:12 | |
| Sinak fut surpris de la fermeté de la main du garçon, qui semblait pourtant si frêle, faible et fragile. En jetant un bref regard vers ce dernier, le nain comprit que la soudaine détermination du garçon n’avait rien à voir avec son allure. C’était sa force intérieure, celle qui lui avait permis de survivre jusqu’à maintenant, la force de l’espoir. Pendant un moment Sinak fut tenté de retirer sa main, jaloux de cet espoir qui l’avait abandonné lui, depuis la mort de sa mère. Puis, il sentit les ruisseaux de la rivière d'espérance émerger lentement des doigts du garçon, puis couler goutte à goutte dans les veines de ses propres doigts, puis, lentement, se déverser dans tout son corps. L’espoir peut donc se partager…jamais je n’aurais crû.
Alors Sinak tint la main de Kei et but dans sa source d’espoir avec l’avidité d’un assoiffé et d’un désespéré. Il avait crût dès le début que le garçon n’avait rien à lui offrir, qu’il n’allait que puiser dans ses dernières ressources et l’éloigner de son but, mais maintenant le nain se rendit compte qu’il était davantage celui qui profitait de la situation. Il gagnait beaucoup de la situation, plus qu’il ne l’avait espéré. Plus que l’enfant ne gagnait peut-être lui-même.
Avec recul, il se rendit compte qu’il avait besoin de Kei, tout comme Kei avait besoin de lui. Leur rencontre n’était pas un hasard. Elle était leur salut commun, leur délivrance.
Ainsi, Sinak était reconnaissant à Riga de l’avoir conduit au milieu de ce champ qui restera à jamais gravé dans sa mémoire. Les fleurs, leur parfum, les papillons et les abeilles, la clarté ; jamais il ne pourra oublier aucun détail. C’était son premier bon souvenir depuis sa fuite, et il avait l’intention de le préserver comme le plus précieux des trésors.
Perdu dans ses pensées, il marcha ainsi presque la journée entière. Il était en compagnie d’une chienne et d’un humain idiot, au milieu d’une forêt peu accueillante, à court de provisions, et celui lui convenait parfaitement. Il marchait vers un village inconnu pour convaincre ses habitants de l’aider dans sa quête. Un village complet pouvait lui être d’une aide considérable, à condition que ses habitants ne soient pas tous aussi idiots que Kei. Le nain ne savait pas encore comment il allait faire pour les convaincre, mais la pensée qu’il aidait le garçon seulement pour ensuite profiter des gens de son village, mettait sa conscience au repos. Il était tout fier de cette excuse qu’il venait tout juste de s’inventer pour justifier ses actions et espéra qu’il n’allait pas regretter l’aide qu’il apportait au garçon. Il avait déjà trop à regretter.
Cette dernière pensée le ramena inévitablement à sa mère. Il avait toujours crû qu’il avait prit la bonne décision en la laissant mourir, la décision la plus brave, la plus difficile et la plus sage. Cependant, il n’en était plus si sûr à présent. Il avait agit contre sa volonté. Il ne savait même plus quel acte était davantage une preuve de courage : faire ce qu’il devait selon d’autres, ou faire ce que lui voulait et croyait bon pour le moment. Pour la première fois, il se mit à douter de tout. De sa décision, de lui-même et de Viadhanga. Et il savait pertinemment que le doute était la dernière chose qu’il lui fallait. Le doute pouvait tout ruiner.
Par chance, le jappement de Rigga l’éloigna bientôt de ses préoccupations et il se rendit compte qu’il se faisait déjà tard et que Kei était exténué. Sinak se demanda d’ailleurs comment il avait fait pour tenir toute la journée ; sa volonté et sa détermination étaient décidément impressionnantes.
- Nous allons nous arrêter pour la nuit, décida-t-il. Va chercher du bois mort, mais ne t’éloigne pas et reviens ici dès que tu as pris tout ce que tu peux amener.
Le nain partit en quête de branches sèches de son côté après avoir envoyé Rigga avec Kei, et suite à leurs deux efforts combinés, un petit feu brûlait bientôt à leurs côtés.
Couché sur le sol, Sinak resta longtemps à observer les petites flammes qui dansaient timidement sur le maigre tas de bois. Il n’allait pas durer toute la nuit, c’était clair. En voyant tantôt la piteuse quantité de brindilles que Kei avait ramené, le nain n’avait pu s’empêcher de murmurer sous sa barbe:
- Si c’est tout ce que tu peux ramener, ça ne vaut même pas la peine de t’envoyer en chercher la prochaine fois.
Mais il n’en avait lui-même pas ramené tant. Il espérait seulement que la nuit ne sera pas trop froide et qu’ils ne gèleraient pas une fois que le feu se serait éteint.
Écoutant à présent le souffle régulier de Kei qui s’était vite endormi, Sinak se décida à faire ce qui l’avait tenté dès qu’il l’avait rencontré. Silencieusement il empoigna Kehlar et s’approcha du garçon. Le visage de ce dernier était si pur, si innocent et si enfantin, que le nain faillit sourire. Et pourtant, il devait vérifier la pureté de son cœur une dernière fois avant de lui accorder sa confiance.
Lentement, il approcha le tranchant de la hache de la tête de Kei et ferma les yeux. Il sentit son propre esprit circuler impatiemment sur le métal meurtrier. Puis, alors qu’il frôla le front du garçon, il autorisa son esprit à quitter momentanément Kehlar à aller regarder ce qui était impossible de voir de l’extérieur.
Il ne trouva aucune trace de méchanceté, de cruauté ou de duplicité en Kei. Seulement de la gentillesse et de la pureté. Rassuré, Sinak retira Kehlar et se recoucha. Il était à présent certain que le garçon ne représentait aucune menace, et certain de sa décision de l’aider. Des individus comme Kei étaient très rares et le nain avait l’intention d’en profiter pleinement. Il n’avait rien à craindre du garçon; s’il y en avait un des deux qui devait se méfier de l’autre, c’était à coup sûr Kei lui-même. Cependant il était probablement trop imbécile pour même y penser, alors Sinak était rassuré. | |
| | | Kei Personne spéciale à temps plein
Messages : 34 Date d'inscription : 05/06/2013
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Jeu 25 Juil - 23:58 | |
| Kei ouvrit les yeux et sa vision devint progressivement plus claire. Il était étendu auprès du feu, désormais éteint. Le soleil venait tout juste de se lever et le nain— non, Sinak reposait à ses côtés, visiblement toujours endormi.
Le jeune garçon repensa à l’étrange rêve qu’il avait fait le soir précédent. Il était assis dans la clairière, celle où il se trouvait il y a quelques jours à peine et sa mère se tenait devant lui, le dos tourné. Kei l’appelait une fois, deux fois, trois fois, sans jamais avoir de réponse. Incapable de se lever, il continuait à l’interpeller, de plus en plus fort, si bien qu’il finissait par crier. Sa mère restait indifférente. Il pleurait. Il pleurait à chaudes larmes, assis au milieu d'un magnifique paysage, mais devant une scène qui l'accablait. Il s’était ensuite réveillé. Les rêves de Kei étaient la plupart du temps très extravagants, mais jamais comme cela. Il ne pleurait tout simplement pas dans ses rêves, comme dans la réalité. Kei n’y repensa plus. Des rêves étaient seulement des rêves après tout.
Ça pique. Le jeune garçon se frotta vigoureusement le front avec la paume de sa main. Un léger picotement lui traversait toute la tête et c’était pour lui très agaçant. Ça pique, ça pique, ça pique! Kei redoubla d’ardeur dans son frottement et sortit un léger râlement. Après avoir essayé plusieurs différentes manières de faire disparaître cette démangeaison, le garçon abandonna et poussa un léger soupir en s’enfouissant la tête dans le creux de ses mains. Il bouda ainsi pendant plusieurs minutes, puis se releva et alla explorer les environs. La forêt dormait encore elle aussi, comme son nouvel ami. Peu d’animaux étaient éveillés et même les ruisseaux semblaient être au repos. Il se promena encore un peu, mais ne trouvant rien captant son intérêt, il revint rapidement au lieu de campement et s’assit à côté de Sinak. Il a l’air fâché même quand il dort, pensa Kei. Cela le faisait rire. Il eut la soudaine envie de jouer avec les joues du nain pour lui changer son expression maussade, mais se rappela vite de la terreur qu’il avait eu la première fois qu’il l’avait rencontré et un frisson lui traversa le corps. Il abandonna vite cette idée. Je vais te regarder de loin alors.
Kei se balança sur lui-même et attendit patiemment le réveil du nain. Une fois qu’il fut réveillé, les deux quittèrent leur lieu de repos et reprirent leur chemin en direction de son village, en compagnie de Rigga. Kei devenait de plus en plus impatient avec chaque pas qu’ils prenaient. Il avait terriblement hâte de revoir sa mère. Son cœur devenait léger et son rythme de marche s’accélérait juste à l’idée de revenir chez lui. Il ne perdait pas une minute à regarder le paysage, pas une seconde pour caresser un animal et ne s’accordait aucun moment de repos. J’ai hâte, j’ai hâte. Il serait probablement à présent plus grand que sa mère, qui était presque aussi frêle et fragile que lui. Ses frères et sœurs auraient eux aussi grandit, et les gens du village seraient—
Kei ralentit sa marche. Ce n’était pas normal. Il était presque arrivé et pourtant, il ne reconnaissait pas les lieux. Ici à l’habitude se serait tenue une ferme, mais seul un tas de débris reposait au sol. Aucun bâtiment n’était discernable. Le village était censé surplomber l’horizon. Où était-il? Kei était à présent complètement arrêté. Il lança un coup d’œil furtif au nain, puis scruta les lieux de nouveau. Le néant. Ce n’était pas possible. Son cœur s’emballa et sa vision devint floue. | |
| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Dim 28 Juil - 1:24 | |
| Ça ne fera pas une armée très puissante. Et il n’y a même pas de provisions que nous pourrions emporter. Il n’y a rien, rien que des cadavres en décomposition et des amas de débris pourris. C’est ça ton village Kei ?! Sinak était très déçu. Pas autant que le garçon probablement, et pas pour les mêmes raisons, mais tout de même grandement déçu. Il parcourut l’endroit désolé du regard. Il fixa désespérément la trace laissée par la guerre. Ce n’était pas beau à voir. Il savait que les empreintes de la guerre resteront encore longtemps présentes, partout. Comme des traces de pieds d’un assassin sans pitié, laissées sur du béton liquide. Un béton qui avait séché à la fin de la grande guerre. L’assassin ne laissera plus de nouvelles traces, pas tout de suite du moins, mais les anciennes demeureront toujours gravées dans la terre, dans les cœurs et dans l’histoire. Ni la pluie, ni la neige, ni le vent ne pourront jamais les effacer. Le temps peut-être, mais même à lui, cela coûterait des efforts inestimables. Sinak contemplait la trace de l’assassin, la trace de la guerre, d’un air à présent perdu. Il en avait vu des morts, des cadavres, des horreurs. Il en avait vu tellement qu’il ne les comptait même plus. Il avait vu le cruel visage de l’assassin, l’œil de l’enfer, les actions terribles de la guerre. Il avait sentit la main du meurtrier empoigner son cœur, le serrer de toutes les forces, l’arracher de sa poitrine et le laisser quelque part traîner, sur le chemin terrible de sa vie. Ce qu’il voyait n’était pas nouveau. C’était comme revoir le visage d’un ancien ennemi. Un ennemi impossible à tuer. Un ennemi immortel que tant d’imbéciles croyaient avoir vaincu. « La Paix » n’était rien d’autre qu’un mot. La guerre, elle, était beaucoup plus. Elle était une fatalité, une réalité, et Sinak en avait pleinement conscience. Cela ne lui était pas caché. Tout comme ne lui était pas cachée l’identité de l’assassin qui avait passé par le village de Kei. Les nains. C’était leur œuvre, il n’y avait aucun doute. C’était un fait aussi évident qu’était évidente pour lui, la honte qu’il éprouvait en voyait ce qu’ils avaient fait, ses semblables.
Un humain n’est bon que quand il est mort, disait toujours son père. Sinak ne savait même plus s’il était d’accord avec lui. Parfois je me dis que nous ne devrions tous point exister. Que tout serait plus simple ainsi…
Il lança un regard plein de regret et de compassion à Kei. Sinak ne ressentait aucune pitié pour ceux de son village. C’était des humains. Ils étaient morts et il n’y avait rien à faire. Cependant, Kei était quelque chose de plus qu’un simple humain. Il y avait quelque chose de pur et de primaire en lui. Il était comme un animal, et le nain aimait et comprenait plus les animaux qu’il n’aimerait et comprendrait n’importe quel nain, humain ou elfe.
Pauvre Kei, pensa le nain.
Nous méritons ce qu’il nous arrive, répliqua presque aussitôt la voix ferme et dure de son père dans son esprit.
C’est faux! Voulut s’écrier Sinak. C’est faux, il n’y a rien de plus faux dans l’Univers! Ma mère ne méritait pas de mourir torturée à mort! Kei ne méritait que son village entier soit pillé, que ses proches soient cruellement assassinés!
Le nain sentit une rage profonde se réveiller soudainement en lui. Et une haine comme il n’en avait pas éprouvée depuis la mort de sa mère, déferler en vagues puissantes à l’intérieur de lui. Une haine qui finit par le dominer, une haine qui émanait de lui comme émanait la puanteur nauséabonde des cadavres en décomposition.
Je vous déteste! Je vous ai déclaré la guerre quand vous m’avez arraché ma mère et mon cœur, maintenant je vous le répète au cas où vous l’aurez oublié! Kei ne méritait pas ça! Ce que vous avez fait est injuste et sans honneur. Je vous promets, non je vous jure, sur mon honneur, sur ma vie, sur la vie de Rigga, sur ma barbe, sur Kehlar, sur la vie de ce garçon et sur tout ce qui en vaut la peine dans cet Univers, je vous jure que tant qu’il y aura du sang dans mes veines, de l’air dans mes poumons, une tête sur mes épaules, je vous jure que tant que je vivrais, tant qu’il restera quelque chose de moi, ce quelque chose ne cessera jamais de vous combattre, de vous défier et de vous haïr.
Sinak ne savait pas précisément encore qui était ce « vous », mais il savait pertinemment qu’il le détestait plus que tout dans l’Univers. Il savait aussi pertinemment que ce vous existait et qu’il était responsable de tous les malheurs de sa vie et des vies des autres. Et il savait pertinemment qu’il croyait plus que jamais en toutes ses paroles et promesses. Il savait qu’il ferait tout ce qui était son pouvoir pour se venger des malheurs de Kei et de ses propres malheurs. Il savait que c’était le seul combat qu’il serait capable de mener et qu’il y mettrait toutes ses forces et toute son âme. Il savait que ce combat en valait la peine et que jamais, jamais il n’allait abandonner.
Je me battrais jusqu’à mon dernier souffle, Kei. Pour moi, pour toi et pour tous ceux qui sont comme nous. En mon nom et au nom de tous les souffre-douleurs de la vie, je vous re-déclare la guerre. Jamais, plus jamais, nous ne vous laisseront en paix. Un jour vous allez souffrir, tout comme nous avons souffert. Un jour j’espère, ce sera ma main qui vous arrachera votre cœur. Ce jour, vous devriez le craindre. Parce que je jure sur toute ma volonté qu’il arrivera un jour, ce jour.
- Viens Kei, dit-il d'une voix ferme et déterminée. Nous n'avons plus rien à faire ici. | |
| | | Kei Personne spéciale à temps plein
Messages : 34 Date d'inscription : 05/06/2013
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Mer 31 Juil - 19:26 | |
| Je veux retourner chez moi... Je veux revenir... Ma mère... mes frères et sœurs... Je dois juste... retrouver ma maison... Ils seront là... à m’attendre... Oui... Ils seront là... C’est seulement à quelques pas maintenant... ...Je suis presque arrivé...
« Viens Kei, nous n'avons plus rien à faire ici. »
...Plus rien à faire...?
-Non!
Un cri sortit de la gorge de l'enfant. Il était viscéral, brutal, agressif et à la fois triste. C’était un cri de désespoir, un cri qui déchirait le cœur. Un cri qui aurait normalement émergé de la bouche de n’importe qui, sauf Kei. Il commença inconsciemment à courir. Peu à peu, de plus en plus vite. Ses pieds se déposaient sur des restants d’ossements, parfois accompagnés de lanières de peau, des corps autrefois humains. Enfants, femmes et hommes, tous étaient indiscernables à présent et chacun d’entre eux passait sans exception sous les pas frénétiques du garçon. Ses mains, pendant ce temps, étaient fortement agrippées aux délicates couronnes de fleurs qui elles, laissaient de fins pétales sur leur chemin. Doucement, ceux-ci se déposaient au sol et ne sachant pas où atterrir, ils tombaient dans les amas de débris, vite disparus parmi cette immense nécropole. Le jeune garçon, de son côté, continuait sa course obstinée et malgré le fait qu’il était entouré de cadavres, il ne semblait pas les discerner. Une brume était présente dans son esprit et un fin voile s’était abattu sur sa vision. Tout ce que l’enfant voyait, c’était la couleur rouge. Un rouge profond, effrayant. Le sang qui avait été versé il y a deux ans était à présent disparu, mais Kei visualisait quand même cette teinte dans sa tête et elle était plus vive et réelle que n’importe quoi d’autre. Il entendait les plaintes des morts, les pleurs des enfants. Tout cela, confondu dans une seule et même pensée qui ne quittait pas son esprit. Il arriva finalement à destination.
Le néant se tenait devant lui. Un vide horrible remplaçait le lieu qui avait autrefois été sa maison, son refuge.
Non...
Kei laissa les fleurs glisser de ses faibles mains. Il s’écroula à terre, ses genoux faillant à le supporter. Des tonnes et des tonnes d’émotions l’assaillirent et l’enfant ne sut les accueillir proprement. Son corps frêle n’arrivait pas à toutes les supporter. C’était trop. Tout simplement trop. Il ressentit alors la même sensation qu’il avait éprouvée il y a quelques jours à peine dans une clairière, face à un étranger au regard sombre. Il se sentait partir. Il était en train de se déconnecter de cette cruelle réalité. Il voulut s’agripper à une poutre de bois gisant à ses côtés pour rester lucide, mais s’arrêta. À quoi bon se retenir à présent? Il n’avait pas peur et n’avait aucune raison pour rester éveillé. Plus rien ne l’attendait ici.
Plus rien... ni personne...
Il ferma les yeux et attendit. Ce n’était plus qu’une question de temps, à présent.
Un,
Deux,
Trois.
Il ouvrit les yeux à nouveau. Une douce brise lui caressa le visage. Il regarda autour de lui. Les teintes pastel de la clairière, le ciel azur, les fleurs au sol, tout était absolument sublime. Je suis bien ici, pensa le garçon.
-Kei.
On l’appelait. Il releva un peu la tête.
-Maman.
Sa mère se tenait devant lui. Elle était habillée d’une robe simple, entièrement blanche. Ses cheveux ondulés, contrairement à l’habitude, étaient détachés et flottaient au gré du vent. Elle était particulièrement jolie.
-Pourquoi, pourquoi es-tu partie, maman? J’ai besoin de toi, j’ai besoin de vous...Reviens... Revenez, s’il te plaît.
-Tu ne devrais pas être ici, Kei...
L’enfant serrant les poings. Il se leva d’un pas décisif, avant de continuer :
-Oui! Je dois être ici! Si tu es là, alors moi aussi je reste! Je vais rester avec toi! Je n’ai pas envie d’être avec personne d’autre!
-Kei...
Eleora s’approcha de son fils. Un sourire amer se dessina sur ses lèvres. Elle déposa le revers de sa main sur la joue de son enfant, puis le regarda droit dans les yeux.
-J’ai pu remarquer que tu t’es fait un nouvel ami, je suis fière de toi. Ah, mais il doit probablement t’attendre en ce moment même. Pourquoi n’irais-tu pas le rejoindre? Va le retrouver chéri, avant qu’il ne s’inquiète trop.
-Arrête!
Kei recula de quelques pas. Des larmes coulaient le long de ses joues.
-Il n’est pas mon ami. Il me regarde de la même manière que tous les autres. Il croit que je suis idiot. Il ne me considère même pas humain. Je me fiche de lui! Je veux être avec toi! Tu n’as pas le droit de partir! Tu es la seule qui me comprend! Tu es la seule qui m’aime! Je ne veux pas être seul... s’il te plaît... Je ne veux pas... Maman...
Eleora poussa un long soupir et regarda Kei. Son pauvre Kei.
-Tu dis seulement cela parce que tu es fâché contre moi. Ne le sois pas, Kei, s’il te plaît. Si tu savais, si seulement tu savais comme je suis triste de ne pas pouvoir venir avec toi. Triste de ne pas avoir l’occasion de te voir grandir, triste à l’idée que mes autres enfants n’en auront même pas la chance. Ne m’en veux pas, je n’ai pas décidé que les choses se déroulent comme cela. J’aurais donné tout l’or au monde, tous les trésors que la terre à offrir en échange d’une seule brève minute de plus à tes côtés. La guerre en a décidé autrement. Il n’y a rien à faire maintenant. Toi par contre, tu as la vie devant toi. Ne la gaspille pas ici. Tu as tellement à offrir, Kei. Sort de cette illusion.
-Pas sans toi...
-Je ne peux pas...mais tu sais, à l’extérieur, il y a quelqu’un qui t’attend. Quelqu’un qui te comprend, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Quelqu’un qui se soucie de toi. Tu peux bien dire tout ce que tu voudras, je sais que toi aussi, tu t’inquiètes pour lui. Il va t’aider et te supporter. Certainement pas comme une mère, mais il sera là pour toi. Fais-moi confiance. Tu dois partir maintenant, ne rends pas les choses plus difficiles, s’il te plaît. Rester ici ne t’apportera rien de plus.
Il y eut un moment de silence. Kei savait. Depuis qu’il avait ouvert les yeux, depuis qu’il s’était éveillé dans la clairière, il était conscient de cette réalité. Il ne pouvait pas rester. S’il restait ici, alors...
Alors...
L’enfant s’approcha de sa mère et la serra dans ses bras. La serra du plus fort qu’il pouvait et laissa sa tête se déposer dans le creux de ses épaules. Le corps d’Eleora était froid. Complètement froid, mais cela lui était égal. Il s’en contenterait.
-Pardon maman, pardon... Moi aussi j’aurais tout donné pour rester avec toi...
Eleora passa ses mains dans la chevelure de son fils et lui donna un baiser sur le front. Elle l’enlaça à son tour, retenant ses larmes.
-Ne t’excuse pas, Kei, pars... Pars, maintenant.
Kei s’éloigna graduellement de sa mère. Il finit par lui tourner le dos et commença son chemin, seul.
-Kei, attends!
Le garçon arrêta ses pas.
- Accorde-moi une dernière faveur, s’il te plaît. Ne m’oublie pas. Aussi égoïste que ce souhait soit, réalise-le pour moi. Le temps passera et tu grandiras, mais ne me laisses pas disparaître. Garde nos souvenirs précieusement, d’accord? Je ne pense pas que j’en serai capable moi-même, alors protège les pour moi. C’est tout ce que je te demande. Et n’oublie pas de te battre, Kei. La vie est parfois difficile, mais elle en vaut la peine. Bat-toi pour ce qui est juste, pour tes idéaux et ne laisse jamais ton esprit s’affaiblir et se plier aux exigences des autres. Tu feras ça pour moi, Kei?
-... Oui...Promis maman. Promis.
Kei prit une grande inspiration et résuma sa marche. Il ne pouvait plus s’attarder ici. C’était mal de rester là longtemps et Eleora lui avait rappelé ce fait à mainte reprise au cours de son enfance. Plus il laissait le temps s’écouler ici, plus son réveil serait difficile. C’était pénible pour lui d’avancer, son cœur se serrait et son corps lui obéissait difficilement, mais il continuait tout de même son chemin. Il fut tenté plusieurs fois de regarder en arrière, toutefois il se retint à chaque coup, de peur de croiser son regard et de plus être capable d’avancer. De ne plus avoir la force de partir.
Arrivé à destination, il ferma les yeux et compta. Un, deux, trois...
Un paysage désolant s’affichait désormais à nouveau devant lui, mais cette fois-ci, il était d’un silence effrayant. Plus de cris, ni de pleurs. Plus de voile pour obstruer sa vision, ni de brume dans son esprit. La réalité pure. Il regarda les couronnes de fleurs qui reposaient à ses pieds, sur les décombres de sa maison. Il se sentit horriblement seul.
Pardon... pardon... pardon...
Kei quitta rapidement sa maison. Il se sentit lâche d’agir ainsi, mais il n’avait plus envie de rester sur ces lieux. Il souffrait terriblement et souhait seulement partir. Partir d’ici au plus vite. Échapper à cette réalité. Oublier...
« Ne m’oublie pas. »
Je suis un lâche.
Le garçon résuma sa course et alla rejoindre l’entrée du village.
-Sinak... Sinak...
Kei arrêta de courir. Il se trouvait face au nain, à bout de souffle. Le dos courbé, l’enfant était appuyé sur ses jambes et avait la respiration haletante. De la sueur coulait le long de son front. Il était considérablement affaibli.
-Je veux partir... S’il te plaît, Sinak... Partons... maintenant...
Le garçon garda la tête baissée en prononçant ces mots, honteux. Sa faible voix craquait sous la pression et la peine qu'il essayait tant bien que mal de supporter.
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| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Jeu 8 Aoû - 14:39 | |
| -Non!
Le cri transperça le cœur de Sinak comme une flèche. Une vive douleur envahit rapidement son cœur, mais il la combattit avec la force et la fureur du monde entier. Il était plus fort qu’elle. Peu importe le nombre de flèches, il serait toujours plus fort. Sa souffrance n’allait pas l’écraser, le réduire en poussière, le noyer dans le néant. Non. Elle allait lui donner des forces. Le nain le savait et se sentait plus vivant que jamais. La rage. La haine. La fureur. La force. La détermination. Elles circulaient avec le sang dans ses veines. Elles faisaient partie de lui, elles l’animaient. Sa souffrance et la souffrance des autres n’allaient plus jamais réussir le rabaisser. Elles allaient au contraire le monter plus haut. Toujours plus haut.
Sinak monta un regard défiant et révolté vers le ciel. Celui-ci était bleu, dégagé, innocent, mais le nain n’y croyait pas. Ce n’étaient rien de plus que des mensonges.
Vous pouvez bien faire semblant de ne pas m’entendre, de ne pas me voir. Vous pouvez bien m’ignorer, pour maintenant. Mais je vous préviens, vous allez le regretter. Vous allez regretter tout, car viendra le jour quand vous ne pourriez plus m’ignorer. Ce jour là, je serais sans pitié. Je vais vous mener à votre fin.
Ces pensées étaient adressées ouvertement au « vous », au ciel menteur. Le nain espéra qu’ils avaient attendu. Il jeta un dernier regard menaçant à ses invisibles ennemis, puis se referma sur lui-même.
Oui, je vais les mener à leur fin. Et ce qui est merveilleux en plus, c’est que je sais exactement comment je vais le faire.
Sinak sourit intérieurement.
Je sais exactement ce qui peut les détruire. Viadhanga.
-Je veux partir... S’il te plaît, Sinak... Partons... maintenant...
Tiré de ses pensées, le nain se tourna vers le garçon. Ce qu’il vit ne fut rien de plus qu’un enfant honteux, effrayé, infiniment triste, abattu et souffrant. Sinak soupira. Il ne pouvait pas faire semblant que rien ne s’était passé. Il ne pouvait pas ignorer le désespoir et le malheur profond de Kei. S’il faisait cela, alors il n’était pas mieux que le « vous ».
Sinak posa une main assurée sur le bras du garçon, son épaule lui étant inaccessible. Il espérait ainsi lui transmettre sa force, sa détermination et son espoir. Kei lui avait un jour transmit son espoir. C’était à son tour maintenant.
D’un geste brusque et vigoureux, le nain secoua l’enfant. Il devait le réveiller, le sortir de sa torpeur.
- Kei, dit-il fermement. Kei, regarde-moi.
Sinak n’aimait pas converser avec le vide, alors il voulait être certain d’avoir l’attention du garçon avant de continuer à parler.
- Kei, je suis désolé et je te comprends.
Jamais il n’avait crû que de tels mots sortiraient de sa bouche, et surtout, qu'elles seraient adressées à un humain. Puis, il se rappela que le garçon n’en était pas tout à fait un, alors sa conviction et son désir de l’aider ne firent qu’augmenter.
- Tu ne pouvais rien faire pour éviter ce désastre, et tu ne peux rien faire pour ramener ceux de ton village. Ta tristesse ne pourra aucunement les aider. Tu dois être fort Kei, tu m’entends? Tu dois te battre, tu dois être fort en mémoire de tous ceux que tu as aimés. C’est la moindre des choses que tu peux faire pour eux. Et puis…tu ne seras jamais seul. Je vais veiller sur toi Kei, je te le promets.
Sinak espéra qu’il ne regretterait pas ses paroles. Il l’espérait de tout son cœur. Il serra de nouveau le bras du garçon d’un geste voulu rassurant, puis l’entraîna loin, très loin du village. Rigga les suivit silencieusement, comme si elle comprenait l’horreur à laquelle venait d’être confronté son nouvel ami et ne voulait pas le déranger dans sa peine.
Quand tomba le soir, le nain annonça qu’ils s’arrêtaient pour la nuit. Il laissa Kei avec sa chienne sous un arbre, et alla chercher du bois pour le feu. Demander de faire cette tâche à Kei était totalement inutile, comme les expériences précédentes l’avaient si bien démontré.
Alors qu’il ramassait une énième branche, Sinak prit conscience de sa faim qui creusait un trou de plus en plus profond dans son estomac. Il ne se rappelait même pas du dernier repas convenable qu’il avait mangé. Son estomac vide le faisait souffrir, au point qu’il n’avait plus tellement faim, mais seulement mal. C’était excessivement désagréable, et le nain ne voulait même pas s’imaginer comment cela devait être pour Kei. Soupirant, le nain se pencha pour ramasser une autre branche. Au même moment, son regard tomba sur le sol, et il aperçut…un champignon. Pendant un moment il le fixa bêtement, puis une expression affamée et victorieuse illumina ses yeux habituellement si ternes.
Sinak tomba au sol sur ses genoux et cueillit lentement le champignon. Il l’observa de tous les côtés, le huma, puis mordit dedans. Il mâcha rapidement, puis avala. Il attendit quelque secondes, les yeux fermés, puis lui rouvrit, satisfait. Il n’était toujours pas mort, donc le champignon devait être comestible. Et puis, sa couleur semblait tout à fait normale, il était d’un beige…honnête et…digne de confiance. De plus, il n’avait aucune odeur suspecte. Il sentait les champignons et la terre. Tout heureux de sa trouvaille, le nain en chercha d’autres du regard. Une demi-heure plus tard, il revint au « campement », alluma un feu, puis présenta fièrement à ses amis, la poignée de champignons qu’il venait de cueillir.
- Ce soir, nous allons avoir un souper digne d’un roi, annonça-t-il solennellement, tout en enfilant les champignons sur une brindille afin de les faire griller au dessus du feu. | |
| | | Kei Personne spéciale à temps plein
Messages : 34 Date d'inscription : 05/06/2013
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Mar 13 Aoû - 0:05 | |
| Kei se réveilla et ouvrit lentement les yeux. Le soleil n’était pas encore levé et la forêt somnolait encore. Il poussa un léger soupir. C’était pour lui une habitude de se réveiller à une heure pareille, mais il ne réussissait jamais à s’y habituer. Il n’aimait pas la solitude. Avoir ne serait-ce qu’un petit animal éveillé à ses côtés l’aurait plus que comblé, mais il était complètement seul. Simplement lui et la quiétude de la forêt. Il referma ses yeux et pensa aux évènements d’hier.
Plus grand-chose n’était clair dans son esprit. Il se rappelait de sa mère, du village et de Sinak, mais tout cela était très flou. Il se souvenait qu’il avait eu une grande discussion avec Eleora et que Sinak lui aussi avait été inhabituellement bavard, mais qu’avaient-ils dit? Quels mots avaient-ils échangés? Kei n’aurait pu dire.
Se battre... se souvenir... être fort... ?
Kei s’enfouit le visage dans le creux de ses mains et se concentra pendant plusieurs minutes, sans succès. Impossible de mettre aux clairs les évènements d’hier. Il était certain que ceux-ci rejailliraient de sa mémoire à un moment ou un autre, mais ce n’était pas pour aujourd’hui.
Ah...J’espère que ce n’était rien d’important...
Soudainement, une douleur lui prit au ventre. Kei grogna légèrement, s’enroula les mains autour de son abdomen et se recroquevilla sur lui-même. Immobile pendant plusieurs longues minutes, la douleur persistait et il lui, de son côté, continuait ses faibles râlements. Toutefois, après quelque temps, cette douleur devint subitement vive et intense et Kei cria de surprise avant de se retourner brusquement et heurter de plein fouet Sinak. Les deux compagnons avaient dormi plutôt proche, la nuit étant froide et le garçon semblait avoir complètement oublié ce fait. Il avait frappé Sinak de tout son corps et ses mains et ses pieds reposaient désormais maladroitement sur son compère. Les yeux de Kei s’écarquillèrent tandis qu’il fixait le nain, à présent complètement réveillé.
Oups...
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| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: La rencontre de l'énergumène et de l'enfant barbu (pv: Kei <3) Mer 28 Aoû - 23:07 | |
| Des murs. Des gens à l’intérieur. Beaucoup de gens. Beaucoup trop. Des niveaux, des paliers, et au milieu, une tour. Un endroit dégoûtant, répugnant. Un endroit abominable. Des rues sales et puantes. Des commerces suspects et pauvres. Mais surtout les gens. Voleurs, tueurs, escrocs, violeurs, fous. Égoïstes, hypocrites. Des gens renfermés sur eux même, des gens rejetant les autres, des gens ne s’aimant pas. Des gens autrefois bien peut-être, des gens devenus le pire d’eux-mêmes. Des rats confinés dans ces hauts murs, des gens pris au piège de leur vie, de leur misère. Des gens levant lentement la tête pour regarder en haut. En haut, il n’y avait pas de ciel. Seulement des nuages ténébreux annonçant le désastre. Mais les regards des gens n’étaient pas fixés sur les nuages, loin de là. Ils regardaient tous ensemble Viadhanga, qui brillait parmi les nuages au dessus d’eux, toute radieuse. Ils ne savaient pas vraiment qu’elle était là, mais Sinak la voyait. Un demi-sourire apparut sur son visage. Bientôt, ils sauront.
Un choc ébranla soudainement le corps du nain. Un choc brutal qui le retira trop soudainement de son rêve, lui provoquant une douleur mentale. Il porta lentement sa main à sa tête et ferma les yeux, alors que des étincelles lui picotaient de façon abominable le crâne. Il enleva Kehlar d’en dessous de sa tête. Les picotements disparurent d’un coup, ainsi que les dernière brèches de sa vision. Sinak avait dormi sur sa hache, qui l’avait gratifié cette nuit de ce songe. Le nain savait que Kehlar ne lui donnait jamais de rêves qui ne signifiaient rien. Celui-là, comme bien d’autres, était particulier. Au début, tout avait été flou et peu défini, devenant lentement de plus en plus complexe et révélateur, jusqu’à ce que…
Sinak ouvrit les yeux et lança un regard mauvais à Kei. Pourquoi fallait-il qu’il gâche toujours tout? Le nain émit un petit grognement irrité, poussa délicatement le garçon et se leva. Il étouffa aussitôt un second grognement, cette fois provoqué par la douleur soudaine dans son ventre. Il ne lui prit pas long à comprendre son origine.
Maudits champignons.
Un bref regard lancé furtivement à Kei fut suffisant pour lui indiquer que les champignons ne l’avaient pas épargné lui non plus. Même Rigga était étrangement silencieuse et crispée ce matin.
J’espère seulement qu’ils ne feront pas le lien entre le mal de ventre et les champignons.
Sinak décida donc de faire semblant que rien ne s’était passé et se mit à effacer silencieusement les traces de leur camp comme il le faisait à chaque matin. Abordant son expression irritée coutumière, il dispersa les cendres et camoufla l’ancien emplacement du feu et leur lieu de sommeil. Satisfait, il annonça le départ, et les trois se mirent lentement en route, sans déjeuner. Serrant les dents, le nain tenta d’oublier les crampes dans son estomac.
Au moins, nous ne sommes pas morts, se dit-il pour s’encourager.
Des encouragements, il en eut bien besoin dans les jours qui suivirent. Même venant de soi-même, ils étaient les bienvenus. Les prochains jours s’avérèrent à être longs et pénibles. La maigre nourriture que Sinak arrivait à dénicher, il la donnait toujours à Kei et Rigga, prétendant avoir déjà mangé avant. Ce n’était pas difficile de mentir à Kei…quant à Rigga…elle devait penser davantage à ses chiots qu’à lui en ce moment. Sinak en faisait tout autant, c’était pour cela qu’il la nourrissait en priorité. Elle avait besoin de s’alimenter adéquatement pour le bien de sa portée. Quant à Kei, il était un enfant, et un enfant faible en plus. Ainsi, deux bouches à nourrir. Le nain n’osait même pas penser à la sienne. Lui, il était fort et bien bâtit, il pouvait passer son tour. Néanmoins, à chaque fois qu’il séparait les fruits en parts égales entre ses deux amis, une pensée amère lui traversait l’esprit.
La dernière chose que j’ai mangée, et ce, il y a quatre jours, était une belle brochette de champignons empoisonnés.
À chaque fois que soudainement sa vision se voilait et qu’il risquait de perdre connaissance, à chaque fois que la famine lui rongeait les entrailles avec un peu plus d’ardeur, le nain se remémorait ces murs qu’il avait vus. Il sentait qu’ils étaient quelque part, non loin, devant eux. Juste derrière ces arbres. Oui, ils devaient être là. Derrière ces murs ternes, Sinak savait qu’il allait trouver ceux qui allaient l’aider dans sa mission. C’était pour cela qu’il refusait d’abandonner, qu’il continuait à avancer malgré la souffrance, qu’il tâchait encore de cacher avec soin sa faiblesse à ses compagnons.
Enfin, alors qu’il sentit que les forces allaient bientôt le quitter complètement, le couvert des arbres disparut abruptement et apparurent devant lui, ces fameux murs. Les traits de Sinak, crispés depuis, semblait-il, une éternité, se détendirent lentement. Il regarda les murs, puis monta les yeux en haut. En haut de ce royaume inconnu, pendant un bref instant, Sinak aurait juré voir la lumière éblouissante de Viadhanga. Il sourit faiblement.
Ils étaient arrivés. | |
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