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| Chiots et Alcool | |
| | Auteur | Message |
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Locke Casseli
Messages : 68 Date d'inscription : 06/08/2013 Localisation : Bas Quartier
| Sujet: Chiots et Alcool Dim 11 Déc - 18:12 | |
| Il s'était écoulé plus ou moins un mois depuis le retour de Locke. Après son séjour en forêt, elle s'était refait les esprits et avait repris son train de vie habituel dans le Bas Quartier. Elle avait d'ailleurs fait un effort supplémentaire et était même allée jusqu'à renforcer les liens qu'elle avait avec les autres escrocs du coin. Ils la considéraient désormais membre du groupe. Cela éviterait à Locke plusieurs bagarres inutiles et elle en était, au final, plutôt reconnaissante. C'était d'ailleurs à ce jeu qu'elle jouait en ce moment, assise avec Iago au bar. Elle était revenue chez Ada pour la première fois depuis un mois, accompagnée d'un de ses nouveaux camarades. La dernière fois, c'était...
Non, n'y pense pas.
Locke regarda son verre, puis lança un regard à la femme derrière le comptoir. Elle était bien heureuse de revoir Ada. Cette dernière, toutefois, dévisageait Iago avec un dégoût visible des lieux à la ronde. Cela ne semblait pas affecter l'homme qui, bien que doué en matière de crimes, n'était pas très vite à comprendre le non verbal des personnes qu'il fréquentait. À vrai dire, il était plutôt imbécile, et Locke aimait se tenir avec lui pour cette raison. Elle arrivait à se moquer de lui en permanence sans jamais que l'homme ne s'en rendre compte. Elle avait un plaisir fou à faire des doubles sens dont elle seule comprenait la signification. Elle tirait son amusement de cette fausse relation basée sur la déception et l'arnaque et cela lui convenait pour le moment.
Pendant qu'elle observait sa bière avec une soif renouvelée, quelque chose sur frôla les jambes et la fit sursauter. Elle se leva de son banc et pris rapidement possession de ce qui avait perturbé ses rêveries, prête à le confronter. Elle le regarda pendant quelques secondes, incrédule, puis réalisa ce qu'elle avait dans ses mains.
Un chien. Un chiot, plus exactement.
Locke pouffa de rire devant l'allure ridicule du petit animal sale qui bavait sur la manche de son chandail. Elle se retourna pour voir que plusieurs clients semblaient comme elle être perturbés par ces chiots qui envahissaient désormais l'établissement. Elle chercha Ada du regard, mais cette dernière était déjà partie de son poste, prête à remettre de l'ordre dans sa taverne. Locke sourit en pensant au pauvre imbécile qui avait laissé ces animaux dans la taverne et qui allait désormais payer le prix de son erreur. Elle se rassit au bar, tenant toujours le chiot dans ces bras, lui flattant affectueusement la tête. Iago la regardait faire avec un air dubitatif. Locke esquissa un sourire, puis lui mit le chien au visage, connaissant très bien son aversion pour les animaux.
-Enlève-moi ça du visage avant que je m'en occupe moi-même, Locke!
La jeune femme éclata de rire de plus belle en serrant son nouvel ami dans ses bras. Elle s'était ennuyée de la compagnie d'animaux dans sa vie quotidienne. À Eastloch, c'était chose du commun, mais ici à Pacem Minara, les animaux étaient moindre et en piètre état, il n'y avait pas beaucoup d'endroits pour apprécier la quiétude de la nature et l'air frais en compagnie de chien, de chats ou même d'oiseaux. Locke aimait particulièrement les oiseaux; quand elle était jeune, elle utilisait son don de guérison sur les œufs des poules de sa ferme pour les faire éclore plus rapidement. Son don agissait comme un incubateur et elle s'en servait dans les mois plus froids où les poussins mourraient facilement. Elle regardait les œufs éclore, puis elle riait, car elle trouvait les nouveaux nés affreusement laids. Mais elle les aimait. Elle les aimait de tout son cœur. Locke trouvait dans l'amour inconditionnel des animaux une compagnie qu'elle n'arrivait pas à avoir avec les humains. Comme....
Comme qui?
En même temps qu'une image du garçon aux cheveux blancs lui vint à l'esprit, Locke sentit une présence derrière elle et se retourna brusquement.
Jamais l'un sans l'autre, hein.
Sinak l'observait, non, observait plutôt le chiot qu'elle tenait dans ses bras, en attendant une chose bien évidente. Il tenait dans ses bras une multitude d'autres chiots que Locke n'arrivait à compter, qui débordait de tous les côtés. Il attendait qu'elle le lui redonne, c'était tout. Pas un regard en sa direction. Si ce n'était pas pour son obstination à rester les yeux rivés sur le chiot, Locke aurait pu croire qu'il n'avait même pas réalisé que c'était elle. Mais non, Sinak faisait une chose bien précise.
Il évitait son regard.
Il y a un mois de cela, Locke aurait été affectée par ce comportement et se serait emportée en suivant ses émotions conflictuelles du moment, mais à présent, elle était dans une position différente et elle n'allait pas rater une telle occasion, fidèle à ses vieilles habitudes.
-Je lui ai donné un nom, il s'appelle Albert! Je suis prête à tuer un homme de ton choix pour pouvoir le garder. Qu'en dis-tu?
Locke, un sourire moqueur aux lèvres, mais étonnamment très franc et doux, attendit la réponse du nain, sous le regard incrédule de Iago, qui se demandait s'il était approprié pour lui de partir maintenant. La jeune femme, les yeux pétillants, se mit à rire lorsque le petit chiot lui lécha le bout du nez et son sourire se renouvela. Elle dégageait pour l'une des rares fois dans sa vie à Pacem Minara, une joie pure, quasi enfantine.
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| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: Chiots et Alcool Lun 19 Déc - 19:12 | |
| En apercevant la taverne au coin de la rue, Sinak esquissa un sourire. Il aimait habiter là et il aimait rentrer le soir, lorsque l’endroit était bondé et qu’on entendait déjà dans la rue, une rumeur ponctuée de quelques exclamations plus stridentes, témoignant du niveau d’intoxication déjà élevé de quelques-uns des clients d’Ada. Lorsqu’il entra, un brouhaha familier accueillit le nain. Cette multitude de gens et l’atmosphère de la pièce se révélaient être une tanière chaude et rassurante. Comme d’habitude, Sinak passa absolument inaperçu. Il rentrait chez soi – ou plutôt dans la chambre louée qu’il considérait maintenant comme un chez-soi – tout aussi imperceptiblement qu’il en sortait et l’entassement de saoulons dans le hall lui procurait une sorte d’anonymat dans lequel il se sentait confortable. Seule Ada était consciente de ses allées et venues, son œil aguerri de propriétaire de bar ne manquait pas une seule personne traversant le cadre de sa porte. Sinak s’arrangeait toujours pour croiser son regard lorsqu’il rentrait : c’était sa façon de saluer l’humaine qui l’avait accueilli. Il descendait plus tard pour souper et ils échangeaient alors quelques paroles. Cependant, le seul moment lorsque Sinak lui parlait réellement, c’était lorsqu’il l’aidait à faire le ménage, une fois la nuit tombée et tous les saoulons mis à la porte.
Cette habitude s’était installée lorsqu’une nuit, en descendant chercher de l’eau pour les chiots, Sinak l’avait surprise en train de passer seule le balai. Habituellement, c’était la tâche de Ren et Ada l’assistait pour accélérer le travail. Cependant, comme il l’avait appris cette nuit-là, Ren s’était récemment trouvé une copine et il demandait parfois congé à sa patronne pour aller lui rendre visite. Spontanément, Sinak avait proposé son aide à Ada, et depuis, c’était devenu une habitude de descendre pour faire le ménage de la taverne en sa compagnie. De toute façon, le nain se réveillait fréquemment au milieu de la nuit. Des cauchemars de guerre ne cessaient de le hanter et il semblait que malgré tous ses efforts, il lui était impossible de rompre complètement avec sa vie passée. C’était donc en quelque sorte rassurant de descendre et de parler à Ada en faisant le ménage : ensuite, il s’endormait très rapidement et son sommeil était plus réparateur. Tout le monde y trouvait donc son compte.
Au début, le nain ne parlait pas beaucoup, Ada non plus d’ailleurs, si ce n’était que pour donner un compte rendu des clients désagréables de la journée. Néanmoins, une sorte de complicité s’était installée entre eux et ils avaient fini par se partager des réflexions plus personnelles. Sinak aimait bien Ada; elle avait littéralement changé sa perception des humains. Il lui avait raconté comment il avait rencontré Kei et comment Kei l’avait ensuite quitté, et même s’il n’était pas certain que la propriétaire de la taverne le croyait, le nain était au moins satisfait de lui avoir partagé la vérité. Il s’était également trouvé un travail, à la forge. Le forgeron l’avait engagé très rapidement en le voyant à l’œuvre. Il y gagnait un salaire de crève-faim, mais au moins il parvenait maintenant à payer son loyer et à se nourrir, ainsi qu’à subvenir aux besoins de sa nouvelle petite famille de chiens. Tout le reste importait peu.
Alors qu’il montait l’escalier, le nain sourit en s’imaginant la horde de chiots s’entassant devant la porte en entendant ses pas. Dès qu’il ouvrirait la porte, ils allaient tous lui sauter dessus et il allait s’écrouler par terre en riant, surplombé par une armée de langues baveuses et de petites queues agitées. Il allait supplier Rigga de le prendre en pitié et de ramener à l’ordre ses…
Oh non.
Sinak se précipita vers la porte qui était entrouverte. Il l’ouvrit d’un coup sec et découvrit Rigga dormant dans un coin. Autrement, la pièce était vide.
Ren a sans doute oublié de fermer la porte en allant porter les restes de nourriture pour les chiots…
Rigga se réveilla. Sinak lui lança un regard mauvais.
-Tu n’aurais pas pu les empêcher de sortir? Lui lança-t-il découragé.
Rigga agita ses oreilles, bâilla et se remit en boule. Le nain soupira et se précipita vers l’escalier. Bien sûr. Bien sûr, ils étaient déjà en train d’envahir toute la taverne et les gens sursautaient, déconcertés. Sinak se rappelait très bien de ce qu’Ada lui avait dit : Tu peux garder ta garderie, mais à condition que je ne vois aucune patte sale débarquer dans ma cuisine ou dans le bar en plein milieu d’une soirée!
Le nain se précipita vers les tables et entreprit de ramasser les chiots, un à la fois, en bredouillant des excuses. Un, deux trois, cinq, sept…il en manquait un, ou plutôt une. La seule femelle de la portée. Sinak parcourut la pièce du regard. Pourvu qu’elle n’ait pas trouvé les cuisi…Oh non. C’était pire que ça encore. Qu’est-ce qu’elle faisait là?
Tout en tentant, tant bien que mal, de retenir les chiots qui pendaient de ses larges bras, le nain marcha lentement vers l’humaine qui tenait le dernier d’entre eux en riant. Il se posta devant Locke en attendant, mal à l’aise, qu’elle lui redonne l’animal. Il abordait le même regard indifférent que lorsqu’il venait tout juste de la rencontrer et qu’il faisait semblant de l’ignorer toutes les journées. -Je lui ai donné un nom, il s'appelle Albert! Je suis prête à tuer un homme de ton choix pour pouvoir le garder. Qu'en dis-tu?
Ça, c’était inattendu. Faisait-elle exprès?
Sinak la regarda enfin. Elle semblait très joyeuse, mais quelque chose avait changé. Quelque chose, quelque part, s’était rompu et n’y avait plus de retour en arrière. Un piston était tombé d’un mécanisme, et le nain observait la machine défectueuse de leur relation d’amitié brisée avec embarras et suspicion. Il désirait en finir avec cette discussion au plus vite et s’enfermer dans sa chambre avec sa petite famille, loin des humains comme Locke et loin des vieux souvenirs.
-C’est une femelle, commença-t-il par répondre.
Normalement, il aurait sorti un discours outré pour expliquer que Jasmine – c'était le nom qu'il donnait au chiot que tenait Locke – faisait partie de sa famille et que jamais il ne la laisserait lui prendre un membre de sa famille. Cette fois par contre, Sinak n’avait pas le cœur aux exposés pathétiques. Il ne savait pas si c'était la joie pure de l'humaine qui l'avait empêché de répondre de la sorte ou seulement son empressement d'en finir avec la discussion, mais il finit par dire:
-Elle n’est pas à moi. Tu vas devoir demander la permission de Rigga pour la garder. Je ne crois pas qu’elle soit prête à être adoptée par contre. Elle boit encore le lait de sa mère à l’occasion.
Le nain espérait que ce discours bizarre décourage l’humaine. Il espérait aussi que cela ne la pousserait pas à revenir plus tard. Il tendit maladroitement une main pour pouvoir saisir le chiot. Il voulait que ça soit clair qu'il désirait seulement reprendre Jasmine et se trouver dans sa chambre, hors de portée des interactions sociales. | |
| | | Locke Casseli
Messages : 68 Date d'inscription : 06/08/2013 Localisation : Bas Quartier
| Sujet: Re: Chiots et Alcool Mar 20 Déc - 21:11 | |
| -C’est une femelle.
-Elle n’est pas à moi. Tu vas devoir demander la permission de Rigga pour la garder. Je ne crois pas qu’elle soit prête à être adoptée par contre. Elle boit encore le lait de sa mère à l’occasion.
Locke perdit un peu de l'éclat qui résidait dans ses yeux. Bien sûr, elle ne pourrait pas avoir le chiot. Elle ne pourrait pas s'en occuper correctement et Sinak ne lui donnerait jamais le bonheur d'avoir un nouveau compagnon de vie; il se méfiait trop d'elle. Déçue par ce retour un peu trop sec à la réalité, elle donna un léger baiser sur la tête du chiot et le remis sans résister davantage dans les bras de Sinak sous l'air ahuri de Iago qui ne l'avait jamais vu démontré une telle forme d'affection.
-Mais tu sais Sinak, Locke aussi est un nom d'homme et je le porte quand même. Mes parents voulaient absolument un garçon, donc ils se sont dit dans leur grande intelligence que choisir le nom de leur enfant avant l'accouchement favoriserait leur chance. Locke: un nom viril pour un beau petit garçon. Bref, je suis quand même là, j'ai un nom d'homme et je me porte très bien! Je suis sûre qu'Albert est du même avis. Nous sommes pareilles, elle et moi.
Locke rit un bref instant. Elle n'avait pas d'amertume envers ses parents qui s'étaient entêtés à lui laisser un nom d'homme après leur déception initiale; à vrai dire, elle trouvait cela plus amusant qu'autre chose.
-Bon de toute façon, vas-y, elle doit s'ennuyer de sa mère.
Locke afficha un sourire peiné en disant cette phrase. Non pas parce qu'elle s'ennuyait de sa mère, mais parce que contrairement au chien, elle n'avait nulle part où retourner. À la fin de la soirée, elle quitterait Iago et se retrouverait seule dans son appartement sale, sous de minces couvertes avec un sentiment de vide qui lui serrerait le coeur.
Vide de merde, pensa-t-elle. | |
| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: Chiots et Alcool Mer 21 Déc - 2:35 | |
| Le nain faillit échapper le chiot lorsque Locke le lui rendit. Il avait été perturbé par l’amour témoigné par l’humaine à l’égard du chiot. Le baiser déposé sur la tête de Jasmine avait une douceur et une élégance purement féminine du point de vue de Sinak. C’était un acte tout à fait spontané et enfantin, et soudainement, Locke prit l’apparence d’une jeune fille qui venait de se faire refuser la garde d’un petit animal par des parents indifférents. Le nain en fut momentanément ému. -Mais tu sais Sinak, Locke aussi est un nom d'homme et je le porte quand même. Mes parents voulaient absolument un garçon, donc ils se sont dit dans leur grande intelligence que choisir le nom de leur enfant avant l'accouchement favoriserait leur chance. Locke: un nom viril pour un beau petit garçon. Bref, je suis quand même là, j'ai un nom d'homme et je me porte très bien! Je suis sûre qu'Albert est du même avis. Nous sommes pareilles, elle et moi.
Sinak devait avouer que ces paroles étaient remplies de sens, le genre des prénoms, féminin ou masculin, était tout à fait arbitral : il avait été décidé un jour qu’Albert était un nom d’homme, et depuis, c’était devenu une réalité. Pourtant, il n’y avait rien de plus masculin que féminin dans le nom en tant que tel ou dans sa sonorité. Surtout aux oreilles d’un chien. Tout cela n’était que des sottises inventées pour se compliquer la vie. Le problème n’était pas avec Albert, mais avec le fait que le chiot s’appelait déjà Jasmine.
-Bon de toute façon, vas-y, elle doit s'ennuyer de sa mère.
-Attends Locke! Lança Sinak de façon précipitée.
Oups, il avait mal prévu son coup. C’était sorti trop vite et il n’avait aucune idée de ce qu’il voulait dire. N’avait-il pas voulu partir et clore cette discussion au plus vite?
Merde, j’ai l’air d’un con.
Le fait était que la joie et la déception de la jeune humaine avaient touché grandement Sinak : il était sensible aux personnes qui étaient douces avec les animaux. Il se rappellerait toujours du moment lorsqu’il avait pris Rigga sous son aile. Il était resté une nuit chez une naine et il avait remarqué le chiot sous la table. Son hôte lui avait expliqué qu’elle était la seule de la portée à être encore en vie. Elle l’avait volontiers laissée à Sinak, de toute façon elle n’avait rien pour la nourrir : les restes allaient déjà aux nains sans-abris et aux blessés de guerre qui dormaient dehors. Pour Sinak, ce petit être minuscule représentait une réelle bouée de sauvetage, un rappel du fait qu’il y avait encore quelque chose de beau et fragile dans ce monde, quelque chose qu’il fallait à tout prix protéger et pour quoi il fallait continuer à vivre.
-Puisque tu sembles apprécier les chiots, veux-tu venir m’aider à les nourrir? Proposa-t-il à Locke. Tu pourrais tous les rencontrer et les flatter et tu pourrais venir dire bonjour à Rigga. Je te paye le souper. Alors, ça te dis?
Sinak trouvait sa propre invitation très maladroite et ridicule, il s'attendait partiellement à un éclat de rire moqueur en réponse, mais il espérait au fond que Locke accepte. Il souhaitait la voir sourire de nouveau en tenant un chiot dans ses bras, il voulait voir de nouveau quelque chose de beau dans le milieu sans pitié dans lequel ils vivaient. D'une certaine façon, l'humaine avait redonné espoir au nain. | |
| | | Locke Casseli
Messages : 68 Date d'inscription : 06/08/2013 Localisation : Bas Quartier
| Sujet: Re: Chiots et Alcool Mer 21 Déc - 22:22 | |
| Locke ne put s'empêcher de sourire bêtement avant même d'assimiler l'information qui venait de lui être transmise. Son subconscient, lui, semblait déjà avoir tout saisi et seule l'intonation agréable de Sinak contribuait à son bien-être. Il n'était pas fâché; c'était bien au-delà de ses attentes. Elle resta figée quelques instants avant que sa surprise diminue et qu'elle puisse comprendre l'origine de ses émotions:
-Puisque tu sembles apprécier les chiots, veux-tu venir m’aider à les nourrir? Tu pourrais tous les rencontrer et les flatter et tu pourrais venir dire bonjour à Rigga. Je te paye le souper. Alors, ça te dit?
Un repas gratuit, des chiots et un ami.
Un ami?
Cette liste mentale déconcerta Locke et elle se sentit soudain assaillie par une force extérieure. Elle était dans un état d'esprit étrange, entre la panique et la fébrilité. Elle fixa Sinak quelques instants avec un sourire bizarre avant de mettre ses mains sous les aisselles de Iago en le soulevant énergiquement de son banc avec une aisance qui surprit les hommes à proximité:
-Bon! Alors c'est bien beau tout ça, mais il faut se dire au revoir au final! On se revoit au marché noir! Si tu vois Val, dis-lui de m'attendre pour ce vendredi! Je crois que j'ai trouvé un moyen de nous faire un marché plus profitable. Entre temps, tu peux me....
Locke dirigeait Iago vers la sortie en le poussant grossièrement dans le dos tout en continuant son monologue. Elle ne laissait aucune chance à l'homme de répondre ou de contester ses actions. Elle lança un bref regard à Ren, qui ouvrit promptement les portes de la taverne pour laisser passer Iago à l'extérieur, puis les referma tout aussi rapidement. Ce genre d'événement semblait arriver fréquemment, si souvent que la jeune femme avait établi une sorte de rituel avec le garçon. Ada regarda brièvement en direction des deux, poussa un soupir d'exaspération et retourna à ses occupations.
Iago resta à l'entrée de la taverne pendant plusieurs minutes, ne sachant comment réagir, puis mit ses mains dans les poches de son vieux pantalon et disparu dans les ruelles du Bas Quartier.
Locke revint auprès du nain avec une démarche joyeuse, tournoyant sur elle-même à quelques reprises. Elle affichait un immense sourire enfantin qui était paradoxalement à la fois spontané et calculé. Locke Casseli se cachait derrière des émotions amplifiées et tordues. Elle se mettait en spectacle pour se protéger d'un mal qu'elle n'arrivait pas à définir.
-Merci pour l'invitation Sinak, mais je te préviens, je ne fais pas que seulement porter un nom d'homme, j'ai aussi leur estomac! Ah, je me désole déjà de voir ton portefeuille à la suite des ravages causés par mon appétit!
Locke rit, puis sourit honnêtement à Sinak. Dans ces paroles, il y aurait pu se trouver quelques malices, mais en ce moment, Locke ne tentait pas d'agacer qui que ce soit. Elle blaguait seulement de manière amicale, avec sa maladresse habituelle. Les gens, malheureusement, croyaient souvent dans ces rares moments de sincérité qu'elle se moquait d'eux et les narguait. C'était le prix à payer pour constamment agir de la sorte. Lorsqu'elle criait réellement au loup, personne ne répondait à ses appels.
-Mais avant tout, c'est l'appétit des chiots qu'il faut rassasier! Je te suis, en avant tous!
Des murmures commençaient à se diffuser autour d'eux, notamment à cause de la force avec laquelle la jeune femme s'exprimait. Elle était dans une sorte de transe à cause de l'alcool et ne remarquait plus le ton qu'elle employait ou les gesticulations exagérées qu'elle faisait. Elle avait l'air plutôt étrange et même dans une taverne bruyante, elle réussissait à déranger quelques clients. Pour clore le tout, Locke pointa vers les marches, puis prit une pose militaire avant de hurler :
-Destination: Rigga!
Ce fut ce qui attira l'attention du reste des occupants de la taverne qui ne purent ignorer le cri strident de la jeune femme. Ada, au comble de l'exaspération, se dirigea vers Locke et lui dit d'une voix basse, mais ferme:
-Destination: la couette, ma chère.
Ce fut au tour d'Ada d'empoigner Locke. Or, celle-ci ne se satisfit pas de la soulever légèrement. La forte femme pris Locke par la taille, puis la mis sur son épaule à la manière dont elle voyage les lourds sacs de farine de l'extérieur de sa taverne à la cuisine. Locke, surprise par ce mouvement, éclata d'un rire tonitruant pendant qu'elle se faisait voyager au deuxième étage par son amie. Locke avait le visage rouge et la respiration coupée à cause de ses rires incessants. Ada au contraire, affichait un visage impassible et dit à Sinak:
-Toi, tu t'occupes de monter les chiots, moi je m'occupe de monter celle-là. Rapidement s'il te plaît, ils ont assez causé de brouhaha comme ça.
Ada monta les marches d'un pas décisif et se rendit à la porte de la chambre de Sinak. Celle-ci déjà entrouverte, la femme n'hésita pas à entrer et déposa Locke sur le lit avec une délicatesse en contraste avec ses gestes habituels. Penchée au-dessus d'elle telle une mère, elle lui dit d'un ton joueur:
-Allez, petite sotte. Je ne les aime pas plus que toi, mes clients, mais ils me font vivre. Tâche de te tenir un peu devant eux, s'il vous plaît. Je perds mon gagne-pain et tout est fini, tu comprends.
Locke s'approcha davantage du visage d'Ada et lui répondit avec une haleine empestant l'alcool:
-J'aime ça quand tu me prends dans tes bras, Ada...
La jeune femme ricana et lui donna un baiser sur la joue. Ada, au lieu d'être attendrie, se releva brusquement, fâchée que Locke ne la prenne pas au sérieux.
-Tu embrasses ces sales chiots qui se sont promenés je ne sais trop où, puis après tu me mets ça au visage! Parfois Locke, je me demande dans quelle sorte de monde tu vis! Tu me refais ça et tu te trouveras une autre place où te saouler!
-Oh, mais Ada, tu sais que je ne viens que pour toi! répondit Locke d'un ton chignard et suave.
La propriétaire était toutefois déjà hors de la pièce et n'entendait pas la complainte de la jeune femme. Locke se retourna sur le lit en boudant, puis aperçut Rigga au coin de la pièce. Elle se leva pour aller la flatter doucement en attendant que Sinak se libère des chiots qui encombraient ses bras. | |
| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: Chiots et Alcool Ven 19 Mai - 4:22 | |
| Après avoir fermé la porte avec son pied, Sinak déposa doucement le bouquet de chiots rassemblés dans ses bras. Ces derniers, qui semblaient parfois larges pour son corps trapu, étaient très utiles depuis que les chiots avaient commencé à jouer à l’évasion. Maintenant encore, dès qu’il les eut déposés, ils s’éparpillèrent momentanément en jappant. Leurs petits corps semblaient déborder d’une énergie illimitée. Tout comme Locke qui y avait été déposée quelques instants plus tôt, ils sautèrent prestement du lit et s’empressèrent de rejoindre Rigga. Sachant que la jeune femme lui faisait dos, le nain se permit de sourire. Locke semblait avoir laissé tomber sa garde. Elle était saoule, certes, mais Sinak avait l’impression qu’elle était honnête aussi. Il se sentait – probablement pour la première fois – détendu en sa compagnie. Ils ne menaient plus une lutte constante et absurde par déterminer qui était le meilleur, le plus fort, le plus intelligent. Le nain sentait qu’ils pourraient maintenant parler sans avoir réfléchi préalablement, sans jauger constamment le regard de l’autre et sans tension dans les muscles. Ils pourraient passer du temps ensemble sans avoir peur du ridicule, peur à la fois d’être trop fort et trop faible, peur de l’autre. Ils pourraient tout simplement être, sans se mettre en spectacle et sans se prendre pour un autre.
Sinak repensa à tout ce qui venait tout juste de se passer : sa rencontre inattendue avec Locke, son invitation spontanée, la réaction de la jeune femme, la façon comment Ada l’avait balancée par-dessus son épaule et tout le reste. Tout d’un coup, la situation lui parût extrêmement comique. Le sourire du nain ne cessait de s’élargir, jusqu’à ce qu’il ne soit plus en mesure de contrôler son hilarité et qu’il éclate finalement d’un rire puissant qui fit sursauter Rigga. Le son surprit Sinak lui-même, qui fit une pause marquant son incertitude, avant de se remettre à rire de plus belle.
Le nain se rappela comment il avait déboulé l’escalier, comment il avait mangé des champignons empoisonnés et comment il s’était fait voler toutes ses possessions. Son rire tonitruant muta en ricanements peu gracieux, puis, à mesure que d’autres événements totalement ridicules lui revenaient à l’esprit, son rire se diversifiait, passant du grave au plus aigu, par toutes sortes de gloussements. Sinak n’avait jamais ri de la sorte. En réalité, il n’avait jamais ri tout simplement. Ce moment de bonheur était une réelle découverte; il avait l’impression d’avoir franchi une frontière invisible qui lui avait donné accès à un nouveau monde où tout était permis et dans lequel rien n’était grave.
Le nain glissa au sol pour mieux se tordre de rire et profiter davantage du moment. Il savait comment être libre maintenant; ce n’était pas en récupérant Viadhanga, ni en tuant son père, ni même en ressuscitant sa mère.
La réponse, la clé du bonheur et de la survie, elle était si simple que cela était ridicule. Sinak s’esclaffa de nouveau.
-Locke…commença-t-il, avant d’être interrompu par une énième crise d’hystérie. C’était si simple. Il pouvait rire, il pouvait tout foutre en l’air, il pouvait cesser de s’inquiéter ou même de penser. Il pouvait rire sans arrêt jusqu’à sa mort.
Les chiots l’avaient rejoint. Ils lui sautaient dessus, lui mordaient les joues, les orteils, les cheveux. Cela ne contribua qu’à rendre le nain plus heureux.
-Locke, parvint-t-il finalement à articuler. Locke, chère amie, que veux-tu manger?
Dernière édition par Sinak Pathara le Mar 30 Mai - 23:57, édité 1 fois | |
| | | Locke Casseli
Messages : 68 Date d'inscription : 06/08/2013 Localisation : Bas Quartier
| Sujet: Re: Chiots et Alcool Ven 19 Mai - 16:18 | |
| Ce son lui évoqua le tonnerre. Ses yeux s’écarquillèrent sous le choc et elle chercha l’origine du bruit. Quand elle était jeune, Locke avait très peur du tonnerre et elle finissait souvent les larmes aux yeux suite à la surprise que lui provoquait celui-ci. Son frère se moquait d’elle puisqu’elle était à l’habitude si forte pour une gamine de son âge. Mais Locke ne contrôlait pas la réaction de son corps face aux bruits sourds; ses larmes étaient quasi instantanées. Ce fut le même phénomène qui se produisit à ce moment : sous l’effet de l’alcool, Locke se retrouva propulsée 16 ans à l’arrière et ses yeux s’embrouillèrent de larmes. Cela lui prit plusieurs secondes pour réaliser que le son du tonnerre provenait de Sinak et que ce bruit était en réalité un rire.
Un rire?!
Locke fut pris d’une frousse et tenta de s’éloigner de son compère, mais elle s’enfargea seulement dans les couvertures du lit et se retrouva au sol, les yeux toujours rivés sur le nain. Elle se dit qu’il avait perdu la tête, qu’un excès de rage envers elle s’était manifesté en rire malsain. Elle regretta de l’avoir agacé, d’avoir voulu lui piquer un chiot et même d’avoir rencontré et aidé Kei. Ses pensées dérapaient et n’étaient plus du tout rationnelles.
Toutefois, Sinak continua à rire et son rire se diversifia, empruntant des chemins qui lui semblaient tout nouveaux, et Locke finit par comprendre que ce rire maladroit était tout ce qui avait de plus sincère. Sinak semblait parti dans de vieilles pensées et n’était pas conscient de ses environs. Locke se permettra ainsi de l’observer sans aucune gêne ou artifice. En regardant la bouche grande ouverte et souriante de Sinak elle pensa à sa mère qui lui disait souvent qu’un sourire changeait complètement le visage de quelqu’un. La jeune femme n’avait jamais compris la justesse de ces paroles avant de se retrouver devant Sinak. Il semblait avoir rajeuni de plusieurs années. D’ailleurs, elle se demandait quel âge il pouvait bien avoir? Lui avait-elle déjà demandé? Elle l’avait toujours considéré comme son aîné de plusieurs années, ne pouvant concevoir l’idée d’un jeune nain. Peut-être était-elle plus vieille que lui? Des questions qui ne lui avaient jamais traversé l’esprit se bousculaient désormais pour une place dans sa tête. Il semblait que ce rire l’avait rendu plus humain à ses yeux et que Sinak était maintenant un être approchable. En pensant cela, Locke réalisa le racisme de cette vieille expression et celle-ci la remplit de dégoût, mais ne sachant un équivalent qui transmettait le même message, elle laissa tomber le tout.
Elle continua à observer Sinak, qui était désormais sur le sol, incapacité à faire toute autre chose que rire. Elle sourit au nain et salua intérieurement sa spontanéité qui ne se souciait d’aucun regard ou commentaire externes.
-Locke...
La jeune femme cru entendre son nom entre deux respirations bruyantes du nain qui tentait de reprendre son souffle.
-Locke, Locke, chère amie, que veux-tu manger?
Chère amie?
Ce fut au tour de Locke de s’esclaffer.
-Chère amie?! Qui aurait cru que tu étais une bonne femme du Haut Quartier déguisé en nain? C’est quoi cette formulation de politesse de merde!
Locke avait cette fois-ci des larmes de rire qui lui coulaient des yeux. Il ne lui suffisait que de s’imaginer Sinak redire cette phrase pour que son fou rire recommence de plus belle. Il faut dire qu’elle l’imaginait aussi à l’heure du thé, habillé en robe, demandant à sa copine ce que les cuisiniers devraient leur préparer pour le repas du midi. Mais cela, bien sûr, elle ne lui dirait pas. Cela lui prit un bon moment pour calmer ses éclats de rire, puis elle réalisa que ceux-ci, contrairement aux autres qu’elle faisait habituellement, n’étaient pas calculés et ne servait pas à projeter une certaine image d’elle. Elle avait trouvé Sinak drôle et avait ri, c’était tout. Cela était malgré tout quelque chose de très particulier et inhabituel.
Elle essuya ses larmes, puis repris le souffle et réfléchit à sa réponse. Qu’avait-elle envie de manger? Même ses connaissances du Bas Quartier avec qui elle dînait souvent ne se souciaient de lui demander son opinion. Tous ces hommes lui étaient complètement indifférents. Elle se demandait parfois même si ils la considéraient comme une femme. Pas qu’elle le souhaitait, mais cela, pour une raison qui lui était inconnue, arrivait quand même parfois à la blesser.
-Ce que je voudrais, c’est qu’on partage les restes de cuisine avec les chiens ici avec nos plats à terre sans façon! Si on attend encore peut-être une heure, Ada va pouvoir nous donner plein de trucs à bouffer sans que t’aies à payer!
Ceci était peut-être une demi-vérité. Locke avait l’habitude de manger les restes de cuisine puisqu’elle n’était pas riche, mais elle ne pouvait pas dire que cela était ce qui lui plaisait le plus. En réalité, elle n’osait pas dire autre chose parce que l’idée d’être endettée envers Sinak l’effrayait grandement, encore plus qu’envers n’importe quelle autre personne. | |
| | | Sinak Pathara Nain peu sympathique
Messages : 92 Date d'inscription : 05/06/2013 Localisation : derrière toi conard
| Sujet: Re: Chiots et Alcool Mer 31 Mai - 2:21 | |
| -Chère amie?! Qui aurait cru que tu étais une bonne femme du Haut Quartier déguisé en nain? C’est quoi cette formulation de politesse de merde!
Sinak allait répliquer que les femmes du Haut Quartier n’étaient pas les seuls êtres polis dans ce monde et que cette politesse, contrairement à celle des nains, était pure hypocrisie, mais il se ravisa, car il savait que Locke connaissait tous ces faits. Il ne fit donc aucun commentaire et se contente de regarder rire l’humaine avec un sourire idiot. C’était à la fois si beau et si laid un humain qui rit. Cependant, le plus important, c’était l’émanation de liberté que le rire dégageait. Sinak se demandait pourquoi il n’avait pas découvert cela plus tôt.
-Ce que je voudrais, c’est qu’on partage les restes de cuisine avec les chiens ici avec nos plats à terre sans façon! Si on attend encore peut-être une heure, Ada va pouvoir nous donner plein de trucs à bouffer sans que t’aies à payer!
Sinak sourit maladroitement à Locke. Il dirigea ensuite son regard vers la fenêtre pour éviter de croiser celui de la jeune femme et de se sentir pressé de répondre. Les dialogues, ce n’était pas son point fort. Ou plutôt, ça ne l’était plus. Depuis que Kei était parti avec son cousin, le nain n’était plus capable de parler avec honnêteté, de s’ouvrir aux autres, de prendre des initiatives sérieuses et de faire entendre son opinion. Il n’était plus capable d’aider les autres et il communiquait en employant le moins d’effort possible, c’est-à-dire en grognant, articulant peu et employant le moins de mots possible pour dissuader tout individu d'avoir envie de lui parler. Il s’était ouvert un peu à Ada, certes, mais c’était dans un contexte particulier, au beau milieu de la nuit lorsqu’il se sentait plus seul que jamais.
Depuis qu’il avait commencé à travailler, il ne mangeait que cela des restes. Il ne s’était permis aucun répit, aucun luxe. Il s’était simplement occupé à survivre à ses journées, à endurer sa solitude jusqu’à ce qu’il retrouve le museau humide de Rigga contre son front. Maintenant, il avait la chance de passer une soirée qui allait revigorer son esprit stagnant et lui redonner envie de vivre. Néanmoins, Sinak hésitait. Il n’osait pas se l’avouer, mais Locke l’intimidait beaucoup plus qu’Ada, car contrairement à cette dernière, Locke ne laissait jamais paraître ce qu’elle pensait réellement. Le nain avait pourtant tant envie d’être simplement franc avec elle. Aussi enfantin que cela puisse paraître, il avait simplement envie qu’ils soient amis.
-Je suis d’accord pour la partie « à terre sans façon », car je n’ai aucune envie de retourner dans le tapage grossier de la taverne pleine de sueur, mais j’insiste pour qu’on mange autre chose que des restes, dit-il finalement, surpris par son propre ton confiant. Quand je vivais à la montagne, on n’avait pas souvent accès à de la nourriture diversifiée. Il faut dire que les nains ne sont pas très doués en agriculture. Mais ici, il y a tellement de choix! J’aimerai donc qu’on se choisisse, pour une fois, un repas qui ne sera pas dissous par des gorgés de bière précipitamment avalées. Manger seul, ce n’est jamais très intéressant, mais en bonne compagnie, c’est une autre histoire. Alors, qu’est-ce que t’en dis? | |
| | | Locke Casseli
Messages : 68 Date d'inscription : 06/08/2013 Localisation : Bas Quartier
| Sujet: Re: Chiots et Alcool Dim 13 Aoû - 1:08 | |
| Locke essuya avec le dos de sa main les quelques gouttes de sueur qui s'étaient formées sur son front. Elle fixait maladroitement Riga pour tenter de rediriger le regard de Sinak vers celle-ci. À vrai dire, elle souhaitait disparaître, se faire toute petite pour que la rougeur sur ses joues soit indiscernable à l'œil humain. Elle sentait ses veines palper avec ardeur et n'avait pas besoin de miroir pour savoir qu'elle ressemblait à une gamine de 12 ans qui venait de recevoir son premier baiser. La jeune femme avait honte et se trouvait ridicule, mais elle était étrangère à la sincérité spontanée de Sinak et surtout, à des mots qui n'étaient pas blessants. Qui était-il? Locke, au final, n'en avait aucune idée.
Vite, répond, imbécile.
-C'est sûr que les nains ne doivent pas être très bons en agriculture, ils ont de petites mains dodues et en plus, si on prend par exemple le maïs, le plant est plus grand que toi, donc essaie d'en cueillir!
Locke regardait à présent Sinak avec un regard tout a fait sérieux, puis assimila ce qu'elle venait de dire. Sa bouche avait été plus rapide que son cerveau. Elle sourit maladroitement pour retenir son rire, en vain, puis s'esclaffa:
-Pardonne-moi Sinak, je ne suis pas très bonne pour faire la conversation, je n'ai jamais eu de cours.
Elle se demanda momentanément si les gens du Haut Quartier avaient réellement des cours sur la conversation. Elle se dit que même eux ne devaient pas être imbéciles à ce point, puis classa l'affaire comme réglée.
À court d'idée pour continuer la conversation, elle se dirigea vers Albert puis la pris délicatement dans ses bras. Elle adorait l'innocence des chiots et leur curiosité naturelle. Elle se demanda quel nom Sinak lui avait donné. Il était sûrement beau et bien pensé, un nom choisi avec amour. Elle en était presque jalouse, désormais convaincue que le chiot portait un plus beau nom que le sien. Sinak était attentionné aux êtres vivants qu'il prenait sous son aile, qu'ils soient animaux ou humains. Il avait malgré lui une tendresse hors du commun, Locke pensa-t-elle. Elle arrêta toutefois ces pensées-là, de peur qu'elles envahissent davantage son esprit. Elle approcha son visage d'Albert, puis commença à répondre à Sinak en donnant l'impression de converser avec le chien.
-Tu penses que j'avais de la bonne nourriture moi, en vivant sur une petite ferme de merde? Oh non! À première vue ça pourrait être mélangeant, car il est facile de supposer que manger de ce que l'on récolte ne peut être mauvais, mais rien de plus faux! Mon père gardait toujours les meilleures récoltes pour les revendre et on se retrouvait ainsi avec les légumes pourris et le lait caillé. Lui, il s'en mettait dans les poches, en tout cas. D'ailleurs, je ne sais toujours pas ce qu'il faisait avec cet argent. Bref, ce que je veux dire, c'est que moi aussi j'aimerais bien manger pour une fois.
Locke suspendit ses pensées, puis s'approcha de Sinak pour lui murmurer à l'oreille:
-Mais je dois t'avouer que la cuisine d'Ada n'est vraiment pas la meilleure. Je connais un endroit, c'est un peu risqué, mais ça en vaut la peine, ça te dit?
La jeune femme avait retrouvé son sourire espiègle et elle était fébrile à l'idée de sortir de la taverne pour explorer Pacem Minara la nuit en compagnie de Sinak. | |
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| Sujet: Re: Chiots et Alcool | |
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