Kei

Informations de base
Prénom: Kei
Nom de famille: Inconnu
Âge: 16 ans
Métier: Aucun
Lieu de naissance: Village de Kahelli
Lieu d'habitation: Forêt
Race: Humaine

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*brouillon*

J’étais assise face au feu qui crépitait faiblement. Aucune chaleur ne semblait s’en dégager. Je pouvais apercevoir mes enfants du coin de l’œil, grelotant au fond de la pièce, blottis les uns contre les autres. Je pouvais l’apercevoir, lui.

Le seul qui se distinguait parmi toutes les petites silhouettes entremêlées.

« Kei, » murmurais-je.

Le blanc de ses cheveux semblait refléter la lumière qui émanait du foyer. Mais ne serait-ce pas plutôt lui qui brille? Je ris à contrecœur.

Kei, l’aînée de mes enfants. Kei, le petit à la tête un peu trop pâle. Kei, la risée du village. Kei, le Jikuu. Ce nom me fit grimacer. Je l’avais toujours détesté. C’était celui qui avait décidé du destin de mon petit. Une couleur de cheveux un peu différente, un garçon qui parle peu. Pourquoi cela importait-il? Pourquoi Jikuu?

Jikuu pour les enfants différents.

J’avais souvent entendu parler du traitement que ces enfants recevaient un peu partout dans le pays. Des horreurs, mais aussi des contes de fées. De l’enfant provenant du Ciel au démon venu tenter les humains, les Jikuus étaient vus et accueillis très différemment selon la région où ils étaient nés.

Autrement dit, soit nés sous une bonne étoile, soit maudits dès leur naissance.

Mon fils n’avait jamais été très chanceux.

Une couleur de cheveux, une personnalité silencieuse. Quelle différence? N’était-il pas humain, lui aussi? Mon enfant ne montrait pas beaucoup d’émotions, pas plus qu’il était bavard. Toujours dans la lune, il était distrait et semblait parfois être parti dans un autre monde. Je peux aussi admettre que, même en étant sa mère, j’arrivais difficilement à déceler ce qui se passait dans sa tête. Toutefois,  pour tous les enfants qui, comme lui, voyait les choses différemment, quelle était la personne qui avait osé décider aussi cruellement de leur destinée?

J’allai rejoindre mes enfants et je regardai Kei dormir paisiblement, sa poitrine se gonflant et s’affaissant au rythme de son souffle. Il était si joli. Kei, mon adorable petit garçon aux yeux verts pétillants. Ton silence ne me dérangeait pas. Seulement te voir jouer parmi les animaux de la forêt me rendait heureuse. Seulement entrevoir un sourire occasionnel sur tes lèvres était assez. Seulement sentir la chaleur de ta main dans la mienne me suffisait.

S’il vous plaît, regardez, regardez mon fils. Il est comme les autres. Il respire. Il vit, tout comme vos enfants. Laissez-lui une chance, vous verrez.

Pourquoi? Pourquoi ne jouez-vous pas avec lui? Ne le laissez pas seul, il va être triste.

S’en débarrasser? Mais je ne peux pas. Je ne veux pas, c’est mon enfant. C’est mon fils.

Taisez-vous, taisez-vous tous. Arrêter, s’il vous plaît...

...

Laissez le vivre...

« Kei, je t’aime mon amour. »

Je passai ma main dans sa chevelure. Une larme glissa sur mon visage et je me dépêchai de l’essuyer avec la paume de ma main. Personne ne choisirait pour mon fils. Personne.

Ce soir-là, je décidai d’agir.

Le lendemain, je préparai un sac rempli de vivres et de vêtements que je lui donnai et le laissai partir dans la forêt. Je lui donnai sa chance. À Kahelli, son sort était déjà scellé, mais qui savait, peut-être que plus loin, passé la forêt, un avenir attendait mon enfant. Une cité pour l’accueillir comme un roi. Une personne pour l’aimer et le chérir, pour le protéger. Moi, je restai auprès de mes plus jeunes, priant à tous les jours pour sa sécurité. Peu de temps après, la guerre éclata et le village fut complètement détruit et mis à feu. Ce fut sous l’horrible spectacle des corps inanimés de mes petits que je sus que j’avais pris la bonne décision.

Kei est vivant, sain et sauf. Je l’ai sauvé.

Les cadavres autour de moi disparurent. Je ne vis plus le sang sur le plancher de ma demeure, ni le feu qui se propageait dehors. Plus rien de cela n’existait pour moi. Je ne voulais pas partir dans cet état.

Ma dernière pensée en fut une d’espoir, d’espoir pour le petit garçon aux cheveux blancs errant dans la forêt.

La haine pour toi a disparu en même temps que ce village et ses habitants. Tu peux te permettre de vivre désormais.

C’est ton histoire qui commence.

«Kei... »

Je fus une des rares villageoises à mourir avec un sourire aux lèvres.