Pacem Minara
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 Promenade de printemps (PV Nitaka)

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2 participants
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James Sozhalet
Vieil homme bipolaire
James Sozhalet


Messages : 68
Date d'inscription : 25/07/2013

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MessageSujet: Promenade de printemps (PV Nitaka)   Promenade de printemps (PV Nitaka) EmptyLun 12 Mai - 21:38

Il lui venait déjà au nez les odeurs de terre mouillée et des tulipes jaunes et violettes. Les grosses dames des Hauts-Quartiers sortaient des placards leurs robes en tulle et en dentelle, qui, par ailleurs, ne les seyaient pas du tout. Les petits morveux qui n'étaient pas morts de froid jouaient à présent dans les rues en criant comme des corneilles. Le soleil brillait de plus en plus fort, de plus en plus longtemps. Les quelques plaques de neige, oubliées jusqu'à lors par la chaleur, disparaîtraient dans les heures à venir, à son grand désespoir.

Bref, c'était le printemps. Saison bâtarde, qui amenait des temps plus mouvementés à la boutique. Les cous dodus à orner de pierreries ordinaires et futiles feraient bientôt la file devant la porte - si souvent fermée - de la joaillerie, à caqueter comme des pies sur les derniers événements mondains, organisés par un seigneur dont le nom s'étalait sur trois lignes,  ou bien un comte de je-m'en-foutisme. À quoi bon s'empiffrer de mets fins et délicats, si l'on n'en apprécie pas la saveur à sa juste valeur? À quoi bon laisser la moitié de son assiette par politesse, alors que certains ouvriers des Bas-Quartiers et leur famille ne parveniennent pas à s'offrir un morceau de viande dans les grandes occasions? À quoi bon apprêter de mille et une  façons poulets, fruits, grains? Les champignons qui poussaient dans sa cave le nourrissaient très bien, pourtant. Ça et un gratin de dindon sauvage, une fois de temps en temps...

Il décida de migrer de sa table de travail vers la cuisine, pour se prendre un bol d'avoine aux champignons. Tsk tsk. Il avait encore passé la nuit sur un petit chef d'œuvre. C'était une bague d'argent irisé, sertie de trois diamants en son centre. Trois diamants qu'il avait pigé dans sa collection personnelle. Trois diamants parmi les plus beaux qu'il pouvait y avoir dans le Royaume. Il était alors évident que cette petite merveille ne se retrouverait jamais dans les vitrines du magasin, mais plutôt abandonnée là, sur la table, avec toutes ses semblables. Ou peut-être que Yoland accepterait enfin d'enfiler une de ses créations. Il jeta un coup d'œil au cadre de la fenêtre, où les rayons du soleil se frayaient un chemin malgré le lourd drapé des rideaux de velours. Aucune tracé du satané chat. Il était sorti de la maison, tout ça sans l'avertir. Quelle bête stupide et abominable.

Au moins, il n'aurait pas à partager son bol.


Je baignais dans la lumière du soleil. Mes poils gris étaient chauds, mais mon pelage, aéré. Au grand bonheur de James, ma période de mue était passée. Durant les quelques jours de ma régénération, il lui arrivait fréquemment de faire des crises pour un simple petit cheveu dans son rôti. Quelle futilité, dis-je!

Je gambadais un peu partout, m'arrêtant pour guetter le passage d'une souris ou d'une autre petite bestiole mouvante, - oh! je ne leur ferais jamais mal, pauvres bêtes d'une intelligence inférieure à la mienne- .  Je m'amusai à éviter les grandes pattes des humains lorsque je courus sur les pavés vers une destination qui m'était alors inconnue. On avait toujours dit de moi que j'étais doté d'un grand sens de l'orientation, mais rarement que j'étais un chat  responsable et sérieux. Combinez tout et cela vous donnera un matou en cavale, parti pour une balade d'une durée illimitée et d'un trajet indéterminé, désirant profiter de la renaissance de la nature et l'éveil de la frénésie marchande.

Les parfums de ces petites baies noires elfiques envahirent mes narines alors que je passais devant une échoppe de fruits. Dans les étals, des agrumes à la pelure blanche, si fine qu'on pouvait apercevoir la pulpe à l'intérieur, côtoyaient des grosses billes écaillées qui, selon la légende, étaient cueillies dans les profonds océans qui bordaient le Royaume. En fait, personne ne savait vraiment d'où provenaient ces légumes d'apparence semblable aux tomates. À tout moment de l'année, chaque dimanche, les elfes arrivaient avec quelques caisses pleines de produits inusités et repartaient les mains vides quelques heures plus tard, les bourgeois s'arrachant ces merveilles pour les festins qu'ils organisaient.

Je considérai une pomme rose, traînant sur le coin d'une planche de bois, invisible aux yeux des acheteurs et ignorée des vendeurs. Elle semblait si juteuse. Si sucrée. Si brillante. Je sautai et la croquai, pour m'enfuir sous les cris des petites bonnes femmes et des cuisiniers surdoués. Que voulez-vous, lorsqu'on est un chat, on ne peut pas atteindre les belles tables des rois, ni même les petites boutiques de cuisine exotique. Les chats ordinaires mangent des souris ou des mulots. Moi, végétarien et soucieux de ma santé, j'étais obligé de me contenter de ragoûts de champignon de piètre qualité, cultivés dans un sous-sol encombré de ces trucs coupants, dangereux et inutiles que les êtres sur deux pattes nommaient armes. Bleh. Certaines fois, comme celle-ci, j'arrivais à choper une petite friandise, afin de conserver ma santé mentale.

J'avais déjà tenté d'intégrer des zestes de citron au régime alimentaire de James, espérant à la fois varier ses repas et lui redonner un peu de gaieté. Résultat? Un magnifique plat en verre cassé au sol, un vieillard furieux crachant un ragoût de champignon dans toute la pièce, et, au malheur, un zeste de citron gaspillé. Je m'étais sauvé pour une journée ou deux, de peur que tout ait explosé dans la bijouterie.

Après une trentaine de minute à éviter le garde à qui on avait confié la mission de me capturer, je me retrouvai au bord de la place centrale des Bas-Quartiers. Les poules en liberté caquetaient et battaient des ailes. La forge, à quelques rues de là, était bien visible. Je me dirigeai vers un petit arbuste dont la moitié des feuilles étaient tombées. J'avais trouvé ma cachette secrète afin de déguster ma pomme, dont le jus coulait déjà entre mes crocs. Cependant, à la hauteur du petit bosquet, je me retrouvai face à face avec une humaine miniature, dont les grands yeux fixaient mon précieux butin. Je hérissai les poils de mon dos. Jamais un nain avec les traits physiques d'une humaine ne serait autorisé à toucher à mes précieuses vitamines, essentielles à mon teint éclatant et à mes pattes musclées. Je crachai à son égard.


.
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Nitaka

Nitaka


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MessageSujet: Re: Promenade de printemps (PV Nitaka)   Promenade de printemps (PV Nitaka) EmptyJeu 19 Mar - 14:58

Dès que Nitaka ouvrit les yeux, elle sut que quelque chose n’allait pas. Le dortoir baignait dans une lumière suspicieusement radieuse. Ce n’était pas une lumière matinale qui éclairait la poussière sur les rebords des lits, c’était une lumière vive de début d’après-midi qui transgressait la barrière imposée par les rideaux. De plus, la pièce était plongée dans un silence de mort. Pas de lits qui grincent, pas de chuchotements indiscrets, pas de sanglots étouffés dans des oreillers pleins de punaises. Les joues brûlantes d’effroi, l’orpheline se redressa sur son lit et observa hébétée la salle remplie de lits vides. Sur chacun traînait un oreiller mou et un drap froissé dont les motifs étaient composés de taches et de trous. Tous avaient déserté la pièce depuis des heures.

Nitaka sentit sa gorge se serrer. Quand elle se réveillait dans le silence, elle avait l’impression d’être morte. Chassant sa panique, la jeune fille posa avec précaution son pied nu sur le plancher. La fraîcheur des planches rudes la sortit finalement de sa stupeur et les bruits de la rue parvinrent enfin à ses oreilles. Soulagée, elle courut à la fenêtre et l’ouvrit avec tellement de précipitation qu’elle manqua de tomber sur la tête de Foph, l’itinérant qui dormait appuyé contre le mur de l’orphelinat. Son vrai nom devait être quelque chose comme Soph ou peut-être même Christophe, mais il n’arrivait plus à le prononcer depuis qu’il avait perdu la moitié de ses dents. Le sans-abri Foph donc, souleva brusquement son chapeau décoloré par le soleil et plissa les yeux. Lorsqu’il aperçut Nitaka, il souleva sa main sale en guise de salut et demanda d’un air soucieux « Tfu f’en nef fomisse? ».

Tu t’en es remise? Remise de quoi?
Se demanda l’orpheline.

Elle avala sa salive et perçut un goût âcre au fond de sa gorge. Aussitôt, le souvenir du breuvage empoisonné lui revient en mémoire et des larmes lui montèrent aux yeux.

C’était hier. Elle arpentait le marché et scrutait les étals de son regard fouineur. Elle connaissait la majorité des marchandises et le tempérament des vendeurs dont elle portait encore, pour la plupart, une marque sur sa peau. Il n’y avait qu’une seule table qu’elle ne connaissait pas. Elle était pleine de bouquets de fleurs séchés. Madame Selda aimait beaucoup mettre des bouquets de fleurs sur la table de la salle à manger, mais les vraies fleurs, belles, vivantes et colorées coûtaient beaucoup trop cher. Nitaka avait déjà voulu en voler au fleuriste pour lui en offrir, mais elle s’était retenue de justesse : madame Selda ne l’aurait jamais crue si elle avait dit qu’elle les avait achetées. Mais, des fleurs sèches, qui sait, peut-être qu’elle avalera l’histoire. Elle s’approcha pour observer les petits tas de tiges, puis ouvrit grand les yeux en apercevant les prix.

-Madame! Vous pensez vraiment que les gens sont assez stupides pour payer des bouquets séchés-pourris même pas beaux le double qu’ils pourraient payer pour des vraies fleurs? S’exclama-t-elle indignée.

La marchande lui sourit. C’était un sourire condescendant, celui que les adultes accordaient aux enfants insignifiants. Nitaka serra les poings.

-Petite, ce ne sont pas des bouquets de fleurs séchés, ce sont des plantes médicinales aux propriétés…

La jeune fille ne la laisse pas finir. Elle avait empoigné le bouquet le plus proche et filait déjà entre les passants. Cette bonne femme nous prend tous pour des idiots! Je vais lui montrer ce que... Brusquement, elle fut attrapée par les cheveux et tirée vers l’arrière. En même temps, elle reçut un puissant coup au ventre et à la tête. Le souffle coupé, elle tomba au sol parmi les acheteurs affolés. Deux paires de mains la saisirent sous les bras et la tirèrent à travers le marché.

-On la tient maman! Cria la petite voix irritante de l’un de ses agresseurs.
-On a bien fait notre travail maman!

Lèche-cul! Pensa Nitaka. Autour, des commerçants se mirent à rire, d’autres à applaudir. La jeune fille se releva et se mit à asséner des coups à droite et à gauche, enragée. Elle les haïssait tous. Elle les haïssait… Quelque chose à l’odeur étrangement forte passa sous son nez. Aussitôt, le monde disparut devant ses yeux et sa tête bascula vers l’arrière. Elle eut à peine le temps de paniquer avant de sombrer dans l’inconscience.

La jeune fille se réveilla sur le plancher d’une petite maison qui sentait les plantes brûlées. Elle eut la nausée.

-Maman, elle est ressuscitée!
-Laisse-la se reposer chéri, je vais lui parler.

C’était la bonne femme aux bouquets. Affolée, Nitaka tenta de se lever sur ses coudes. Des coups de tambour résonnèrent alors au centre de sa tête, ou plutôt des pas précipités sur le plancher. Elle voulut regarder l’arrivant, mais une main la repoussa brutalement au sol avant qu’elle ne puisse lever les yeux.

-Je vais t’apprendre ce que c’est, voler à ma mère!

C’était la petite voix irritante. Un visage d’enfant aux yeux d’animal était penché au-dessus d’elle. Horrifiée, Nitaka ferma les yeux et sentit un liquide âcre, brûlant et empestant l'herbe se verser dans sa bouche. Elle s’étouffa et cracha ce qu’elle put au visage du garçon, puis, complètement réveillée à présent, elle se releva tant bien que mal et bondit vers la fenêtre la plus proche. Mue par sa peur, elle sauta par terre et courut longtemps dans les rues sombres de Pacem Minara. Cependant, le vrai cauchemar ne commença que lorsque la boisson fit effet. Nitaka aurait passé toute la nuit à délirer, à crier et à pleurer dans les ruelles, si Foph ne l’avait pas trouvée et n’avait pas été assez bon pour la ramener à l’orphelinat.
Nitaka ferma les yeux pour ne pas se rappeler de toutes les choses horribles qu’elle avait cru voir et entendre.

-Fa va fitfakfa?
-Oui, ça va… Répondit la jeune fille sans regarder l’itinérant.

Elle baissa la tête et essuya ses larmes. Elle n’avait pas vu de monstres, d’araignées géantes ou de rats aux yeux rouges. Ce qu'elle avait vu était beaucoup plus horrible et ne la concernait qu'elle seule. Nitaka se mit à pleurer de nouveau. Elle se détourna de la fenêtre et partit en courant. Elle dévala l’escalier et traversa la salle à manger sans regarder personne.

-Nitaka! Ça va?! Où vas-tu? Je t’ai laissé un peu de pain de côté si jamais…

L’orpheline ignora madame Selda et sortit prestement dehors. Il n’était pas question que celle qu’elle respectait le plus au monde la voie dans cet état.

Nitaka erra longtemps dans les ruelles. Finalement, elle se coucha sur un tas d’herbe sèche, sur le bord d’une basse-cour. Elle avait terriblement faim, mais il n’était pas question qu’elle retourne à l’orphelinat et encore moins au marché. Elle regarda des pigeons picoter des graines sur le chemin poussiéreux et se surprit à jalouser leur facilité à se trouver de la nourriture à n’importe quel endroit. Si seulement j’étais un pigeon…si seulement j’étais… Soudain elle aperçut une pomme. C’était une belle pomme brillante et sans défauts, sans moitié pourrie, qui se promenait sur le chemin. Ensuite, elle aperçut le chat. C’était un chat bien nourri au pelage  étrangement lustré. Nitaka n’avait vu des chats pareils que dans les fenêtres des maisons des grosses madames riches. Cependant, ce chat-là se promenait au beau milieu du Bas-Quartier avec une pomme dans la gueule. Nitaka resta un moment sans respirer tellement elle était abasourdie. Ses hallucinations étaient-elles revenues? Hésitante, elle se releva et vint se planter devant le chat. Elle avait très faim et n’avait rien digéré depuis hier, sauf le poison du petit garçon-bouquet-sec. Le félin cracha dans sa direction. Nitaka en profita pour lui soutirer le fruit d’un geste vif d’experte.

-Désolé…les chats ça ne mange pas de pommes.

Elle croqua avidement dans le fruit et émit un bruit d’appréciation alors que le jus sucré se répandait dans sa bouche. Elle regarda ensuite le chat. Il semblait sur le point de bondit sur elle pour lui arracher les yeux. Nitaka sourit, la bouche pleine.

-Fâche tfoi fas minou, che feux fartacher avec tfoi!

Elle croqua de nouveau dans le fruit, puis cracha le morceau sur le chat.

-Oups, c’était supposé atterrir devant toi. En tout cas voici ta part et bon appétit. Nul besoin de me remercier!
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