Pacem Minara
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 L'art de se trouver un logement

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Kei
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Kei


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MessageSujet: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 2:49

Après s’être fait bousculer, Kei se réveilla assez rapidement. Son sommeil avait été parsemé d’étranges rêves dont seulement des images floues persistaient désormais dans son esprit. Il était épuisé et ses membres lui obéissaient difficilement. Il aurait pu avoir des briques à la place des pieds et n’aurait probablement même pas vu la différence. Il trouva toutefois la force de se lever et parti en compagnie de Sinak et Rigga. La lumière du jour commençait tout doucement à se diffuser au travers des maintes rues sinueuses de la ville. Celles-ci étaient heureusement pour la plupart vides, en contraste avec le brouhaha du jour précédent, ce qui semblait réjouir le trio. Après quelques minutes de cheminement, à un rythme de marche aussi lent que ridicule, Kei et Sinak arrivèrent dans une des rues principales de la capitale. Le jeune garçon remarqua un attroupement de petites personnes dans un des recoins de l’allée. Leurs visages étaient cachés par des capuchons noirs où seules leurs bouches étaient visibles et celles-ci paraissaient sévères et sombres. Des enfants?, pensa-il. Kei sentit Sinak se crisper à ses côtés. Ce fut un infime changement dans sa tenue, mais quoique subtil, l’enfant le perçu. Quelques des figures se retournèrent vers eux, murmurants des mots incompréhensibles dans l’air frais de la matinée. Kei se sentit mal à l’aise devant tous ces étrangers qui semblaient se rapprocher de plus en plus. Il n’eut cependant pas le temps d’angoisser davantage, car il fut tiré par le bras et se retrouva après peu entraîné par Sinak dans une petite bâtisse.

Une odeur forte flottait dans l’air, son arôme se frayant un passage jusqu’aux narines de Kei qui lui, réticent, s’enfouissait le nez dans les mains. L’endroit en tant que tel était assez chaleureux, des meubles en bois se retrouvaient un peu partout dans la pièce principale et un comptoir rustique se dressait à l’entrée, derrière lequel une femme à forte taille se dressait, d’un air intimidant. Elle fixait d’un regard perçant les quelques hommes qui dormaient aux diverses tables de l’endroit. Le garçon l’entendit murmurer à voix basse : « Ces imbéciles qui ne respectent jamais les heures de fermeture... »

Kei sentit peu à peu un malaise monter en lui. Il avait mal au ventre et faim depuis quelques jours, mais cette douleur était différente. Elle était présente avec lui depuis quelque temps déjà, mais la fragrance qui surplombait l’endroit n’avait fait qu’amplifier son mal de cœur, qui était seulement une partie des symptômes qu’il expérimentait. En effet, entre les maux de ventre, les douleurs à la tête, les étourdissements et la fatigue chronique qui l’habitaient, Kei n’avait guère eu de moment de repos. Sa vision commença à s’embrouiller et ses jambes à trembler, le garçon eu alors le réflexe de s’appuyer sur quelque chose. En temps normal, il se serait appuyé sur la personne à ses côtés, mais Sinak, si petit de taille, ne pouvait correctement remplir la tâche. Il se rendit alors au comptoir et s’appuya sur celui-ci, avant de carrément s’étendre tout le haut du corps sur la surface, la tête écrasée contre le bois froid, râlant à la manière des quelques ivrognes qui flânait dans la taverne. Vider de toutes ses forces, l’enfant n’eut la force de se relever et laissa sans réponse les exclamations de la dame qui se trouvait devant lui.


Dernière édition par Kei le Mar 31 Déc - 2:54, édité 1 fois
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Sinak Pathara
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 2:53

Ils m’ont vu, ils m’ont découvert, ils savent que je suis là, ils vont me reporter, me capturer, me ramener, me torturer, me tuer. Je le sais. Je le sens.

Sinak se déplaça le plus naturellement possible, loin des fenêtres, afin de ne pas être vu depuis l’extérieur. Pendant qu’il prenait instinctivement ces précautions, des brides de pensées désordonnées et paniquées lui traversaient sans cesse l’esprit.

L’Organisation Secrète… Agents envoyés par mon père… Viadhanga… Ennemis… Espions… Limace, limace, limace…

Il tentait de se reprendre, mais il ne semblait y avoir rien qu’il puisse faire pour empêcher la panique de le manipuler. Ainsi, toutes ses tentatives de se contrôler lui-même furent vaines, quand à contrôler la situation, il n’y pensait même pas. Son propre affolement le mettait en déroute et si ces exclamations indignées résonnantes n’avaient point surgit à ce moment précis, Sinak serait resté figé derrière le mur pour l’éternité. Il tourna lentement la tête, en essuyant machinalement son front en sueur, puis, aperçut Kei, couché sur le comptoir. Non loin de lui, Rigga reniflait et grattait avec acharnement un grand sac qui devait probablement contenir de la nourriture. Le nain leva les yeux au ciel. Il ne manquait donc plus que cela, que ses deux compagnons fassent des bêtises. Sa chienne était sur le point de ravager une partie des réserves alimentaires de cette taverne et Kei, qui semblait être en plein délire, énervait l’humaine qui tenait la place. En plein délire? Le cœur de Sinak fit un puissant et douloureux bond dans sa poitrine. Sans réfléchir, le nain se précipita instinctivement vers le garçon au moment même où l’humaine imposante derrière le comptoir allait le secouer rudement.

- Attendez madame! Mon ami est très malade, pardonnez son comportement.

Le nain se leva sur la pointe des pieds et regarda avec inquiétude le visage de Kei. Ce dernier semblait complètement absent et souffrant. Sinak eut un second élan de panique. L’enfant avait absolument besoin de repos, de nourriture et de soins. Tout de suite.

- Madame! Avez-vous des chambres à louer en haut de votre taverne? Connaissez-vous un médecin?

- Cette bête, elle vous appartient également?

- Quoi?!

- Le chien. Il est à vous?

- Oui, oui!

- Alors désolé, je n’ai pas de chambre pour vous.

- Je vais vous payez.

Sinak fit rapidement le tour du comptoir et rejoignit la dame, qui le regarda d’un air dégoûté et presque scandalisé. Ignorant ce dédain franc et ouvert à son égard, le nain se mit à fouiller frénétiquement dans son sac. Il avait amené une poignée de pierres précieuses de la Montagne des Nains. Ces dernières devraient assurer sa subsistance pendant un moment. Même s’il n’avait aucunement prévu de les utiliser ainsi, dès son arrivée, il tendit le petit rubis qu’il venait de sortir de sa besace, à cette humaine qu’il ne connaissait point, qu’il n’avait même pas pris le temps d’observer et à qui il ne faisait surtout pas confiance. Il savait qu’il faisait une grave erreur, qu’il commettait un acte imprudent, irréfléchis, dangereux et compromettant, mais il ne pouvait rien faire d’autre. Pas s’il voulait sauver Kei, ce qu’il désirait évidement. Il ne prenait même pas la peine de se poser de questions sur ce sujet.

Le nain planta un regard prestant, vif et désespéré sur l’humaine, à qui il n’avait plus le choix de faire confiance pour leur donner une chambre et pour ne pas attirer de l’attention non désirée sur eux, sur ce rubis. Sans se défaire de sa mine dégoûtée, la femme regarda la pierre, puis, fixa sur Sinak, un regard suspicieux. C’est bien la première fois qu’une humaine ne réagit pas lorsqu’on lui tend un rubis qui en vaut un million, de ses chambres puantes et malpropres!

- C’est un vrai, dit-il en soupirant.

Elle est lente, ou quoi?

La femme continua à le toiser avec méfiance, sans faire le moindre geste. D’un mouvement brusque et agacé, le nain déposa le rubis dans sa main, prit maladroitement Kei dans ses bras, appela Rigga, puis se mit à monter lentement les marches vers ce qu’il avait décidé qu’allait être leur chambre. Il n’avait ni le temps, ni les forces, ni la patience pour continuer à marchander avec cette humaine qui semblait particulièrement lente d’esprit. Il n’avait plus qu’un but simple et précis en tête : traîner ce corps lourd, faiblement animé et pourtant particulièrement bruyant en haut de l’escalier, sans tomber. S’il réussissait cette étape, la suite devrait être plus facile. Du moins, le nain l’espérait.

- Vous oubliez la clé! Tonna la voix profonde et légèrement découragée de la femme, quelque part en bas.

Merde.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 2:57

Ada regarda le nain qui se trouvait à mi-chemin dans les escaliers. Elle poussa un soupir et voyant qu’il allait redescendre chercher les clefs, elle lui vociféra du rez-de-chaussée :

-Inutile de redescendre, je vais venir vous les portez! Occupez-vous donc de votre gamin à la place! Je vous rejoins dans quelques instants, le temps de m’occuper de certaines besognes personnelles. Montez à l’étage!

Elle attendit et fixa le nain pour s’assurer qu’il avait bien compris et quand elle en fut certaine, elle se retourna et fit face aux quelques ivrognes somnolents de la place. La propriétaire appréciait peu les gens qui venaient chopiner à sa taverne, surtout les hommes. Ils étaient pour la plupart rudes, vulgaires et repoussants. Quelle étrange idée lui avait passée par la tête quand elle avait pris la décision d’ouvrir cette place. Elle ne se permettait toutefois pas de regretter son choix et quand elle était en exaspération devant ces hommes, elle se rappelait qu’elle travaillait à son propre compte et ne dépendait de personne. Ce travail n’était certainement pas le pire et elle était, grâce à celui-ci, assez aisée pour se nourrir convenablement, mieux que la plupart des gens qui erraient dans les rues du Bas Quartier de Pacem Minara. Elle ne pouvait aussi dénier qu’elle appréciait l’ambiance festive qui régnait au sein de sa taverne à la tombée de la nuit.

Ada regarda les alcooliques avec un certain air de dégout, imaginant avec pitié les pauvres femmes qui avaient dû se marier, consentantes ou non, avec ces cancres. Constatant qu’ils n’étaient pas prêts de bouger, elle tonna de sa voix forte et portante :

-ON SE RÉVEILLE LES FAINÉANTS! LA TAVERNE EST FERMÉE AU CAS OÙ VOUS NE L’AVIEZ PAS REMARQUER! JE M’OCCUPE PERSONNELLEMENT DE SORTIR TOUS CEUX QUI N’AURONT PAS BOUGER DE LEUR PLACE D’ICI QUELQUES SECONDES, ET N’ESPÉREZ SURTOUT PAS DE REMETTRE LES PIEDS DANS MON ÉTABLISSEMENT SI JE DOIS ME RENDRE JUSQU’À LÀ!

Les quelques hommes grommelèrent, puis se levèrent et quittèrent la place avec une certaine difficulté. Un d’entre eux trébucha et tomba à plein ventre à terre, pour ensuite se relever péniblement et partir à son tour, titubant d’une manière déplorable, sous le regard exaspéré de la femme. Dans l’espace de quelques minutes, l’endroit était vidé et Ada s’en trouvait soulagée. Elle alla rejoindre le nain à l’étage. Il était assis par terre, tout bêtement, au milieu du couloir, l’enfant plus ou moins conscient accoté sur lui. J’aurai tout vu moi...Quel duo étrange. Depuis quand les nains traînent-ils avec les humains de toute façon? Une pointe de suspicion émergea en elle. Pourquoi voyageaient-ils ensemble? Pourquoi l’enfant était-il aussi faible? Maltraitance? Abus? Vente d’enfants?
Ada connaissait peu le marché noir, elle l’abhorrait au plus haut point, mais elle en savait les grandes lignes. On pouvait vendre de tout là-bas... Dégoutant, pensa-t-elle. Elle décida qu’elle garderait son œil sur cet étrange personnage et s’assurerait de la sécurité du garçon. Juste au cas où.

Elle ouvrit la porte menant à la chambre 106. La pièce était assez spacieuse, amplement grande pour un petit homme et un enfant. Un lit double en bois rustique occupait le coin gauche opposé à la porte et une armoire simpliste se dressait au pied de celui-ci, appuyée contre le mur. Il y avait aussi une table de chevet et un sofa vert forêt dégarni qui avait vu de meilleurs jours. Peu importe, la chambre était très décente pour le quartier pauvre dans lequel elle était localisée. Elle disposait même d’un petit miroir sobre, accroché à un de ses murs.

Le nain déposa l’enfant sur le lit et une fois qu’il eut les mains libres, Ada y déposa le rubis qu’il lui avait donné antérieurement.

-Je n’accepte pas de paiement sous cette forme. Revenez avec de la monnaie propre à Pacem Minara et payez-moi en bonne et due forme. Ce qui est pressant toutefois, c’est de faire soigner ce pauvre enfant. Que lui avez-vous fait pour l’amour de Dieu, c’est à peine s’il bouge encore. Allez faire changer vos rubis contre de l’argent et dépêchez-vous de lui fournir un docteur. Vous me payerez après. Dites-vous que vous avez de la chance, c’est seulement à cause de l’état lamentable de ce pauvre petit que je vous laisse la chambre. Je ne fais pas de prêts à qui que ce soit et je laisse encore moins mes chambres à des étrangers qui n’ont pas les moyens de me payer.

Ada mit ses mains sur ses hanches, à la manière d’une mère réprimandant son enfant, puis lança au nain un regard imposant, agacé et sévère à la fois. Elle observa aussi l’enfant allongé sur le lit et eu un petit pincement au cœur. Il faisait pitié.

-Bon, continua-t-elle, ce n’est pas tout, mais moi, j’ai du boulot à faire et vous, vous avez un gamin qui a besoin d’attention. Je vais être au comptoir si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit.
Ada se retourna et quitta l’endroit, laissant la clé de la chambre sur le dessus de la commode, oubliant la grandeur du nain, qui ne faisait seulement qu’un peu plus de la moitié de la taille de celle-ci, rendant l’emplacement inaccessible pour lui.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 2:58

Sinak regarda d’un air presque amusé la clé que la femme avait posé sur la commode. Cela en devenait ridicule. Tout était ridicule.

Le nain était tellement fatigué, tellement découragé qu’il avait presque le goût de rire. Sauf qu’il savait qu’il n’en avait pas la force. Puis, cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas rit, qu’il ne serait probablement plus capable de le faire à présent. Cela le rendit momentanément triste. Puis, sérieux.

Il se tourna lentement vers Kei et posa sa large main sur son front. Il était chaud. Cela eut l’effet de ramener le nain brusquement à la réalité. Il se remit à paniquer. Il sentit sa main devenir rapidement moite et son cœur se remettre à battre de façon précipitée. Rigga était étalée sur le plancher et ne bougeait plus. Sinak ressentit une inquiétude profonde qui se traduisit par un soudain dégoût pour lui-même, pour cette ville, pour cette chambre, pour cette taverne et pour cette femme absolument irritante qui ne semblait rien comprendre du tout de leur situation.

Chassant difficilement son dégoût, Sinak décida enfin d’agir et sortit de la chambre d’un pas chancelant. Il était conscient du fait que ses deux amis dépendaient de lui et il comprenait qu’il n’allait lui-même pas tenir longtemps. Cette chambre ne devait surtout pas devenir la destination finale de leur voyage qui s’était pourtant si bien amorcé. Un désir de se rebeller contre la vie saisit de nouveau le nain. Il n’allait pas laisser ses amis mourir de faim. Pas maintenant qu’ils s’étaient rendus jusqu’à ici, pas maintenant qu’ils avaient cette chambre et qu’il y avait cette femme corpulente à l’étage inférieur qui possédait des réserves de nourriture. Il allait lui soutirer autant d’aliments qu’il faudrait et par n’importe quels moyens afin de sauver Kei et Rigga. Il savait qu’il en serait capable.

D’un mouvement décisif, il s’engagea dans l’escalier. Puis, soudainement, le monde chavira sous ses pieds. Il sentit que quelque chose venait de mal se passer. En un instant à peine, toute la taverne venait de changer. Elle était devenue floue et tournoyait tout autour de lui à un rythme effréné. De plus, elle le battait. Il recevait des coups puissants et réguliers sur son dos, sur sa tête, sur ses côtes et sur ses cuisses. Étourdi et effrayé, Sinak ferma les yeux. Il ne pouvait même plus bouger son corps ; c’était l’environnement qui le contrôlait. L’air et la matière semblaient tous deux s’être rassemblés pour le capturer dans une phénoménale tornade déroutante, pour le déstabiliser et l’abattre. Le nain se demanda pourquoi ils s’acharnaient autant sur lui.

Puis, brusquement, il fut libéré. La tempête qui l’avait emporté venait de laisser tomber brutalement son corps au sol. Peut-être qu’elle pensait qu’elle en avait déjà fini avec lui. Cependant, Sinak savait que c’était faux, car il pouvait sentir dans tout son corps les puissants et vigoureux battements de son cœur. Ces derniers étaient comme des coups de marteau. Ils le secouaient, le battaient et lui envoyaient des chocs dans tous ses membres, comme pour le ramener à la réalité, pour lui rappeler qu’il était bien vivant. Sinak essaya de les tromper un moment, de se convaincre qu’il ne pouvait faire autre chose que rester étalé, mais les marteaux étaient impossible à ignorer. Pas plus que cette douleur omniprésente qui prouvait à ses membres qu’ils étaient encore fonctionnels.

Alors le nain n’eut d’autres choix que faire cet immense effort et ouvrir ses yeux. À travers sa vision floue, il distingua partiellement un visage de femme incrédule et une surface plane et sale. Probablement le plafond et l’humaine de la taverne. Sinak se demanda si cette dernière avait été secouée par la taverne elle aussi. Quelque chose lui disait que non. Il savait pourquoi d’ailleurs. C’était parce qu’il avait déclaré la guerre à la vie. Cette dernière tentait depuis quelque temps de se débarrasser de lui, de le prendre par surprise au moment où il était le plus vulnérable. Jusqu’à présent, il avait survécu. Toutefois, s’il voulait continuer son combat et s’il voulait sauver Kei et Rigga, il fallait qu'il mange au plus vite.

- Ma…

Il avait voulu dire « madame », mais le son que ses cordes vocales venaient de produire ressemblait davantage à un cri d’orignal étouffé. Sinak s’éclaircit la gorge et reprit :

- Madame, mes amis et moi n’avons pas mangé depuis plusieurs jours, pouvez-vous s’il vous plait nous fournir un peu de nourriture? Je vous payerais ensuite. J’ai plus que les moyens de le faire, je vous l'assure.

Le nain savait qu’il venait d’avouer à l’humaine à quel point ils étaient vulnérables. Cependant, cela n’avait plus d’importance maintenant. Il venait de débouler les escaliers devant elle, qu’y avait-il de pire qu’il pouvait dire ou faire? Il était déjà descendu si bas qu’il ne pouvait simplement plus s’enfoncer davantage. Il était arrivé au fond, alors plus rien n’importait. De plus, il connaissait un point faible chez les humains. Un point faible dont il était plus que déshonorable de se servir, mais qui se trouvait à être la dernière ressource de Sinak. La pitié.

Puis, il avait remarqué un autre point faible qui était particulièrement intéressant chez la femme. Son intérêt et son empathie pour Kei, son semblable. Le nain était certain qu’il pouvait miser là-dessus.

- Si le garçon ne mange pas tout de suite, il risque de mourir, dit-il gravement, conscient du fait qu’il n’utilisait pas une ruse, mais bien qu’il disait la vérité.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 3:00

La dame ne savait comment réagir. Devait-elle rire, devait-elle être exaspérée que de tels personnages envahissent ainsi sa taverne? En y réfléchissant, elle penchait plutôt vers l'envie irrésistible de s'esclaffer devant cette scène si surréelle et ridicule. Elle n'avait désormais aucune raison de s'inquiéter de la santé et de l'avenir du jeune garçon, car elle pouvait voir que l'homme avec lequel il voyageait ne représentait aucune menace. Il était en fait, très vulnérable et lamentable, surtout dans la position dans laquelle il se trouvait présentement. Ça fait mal à ton égo, nain? pensa Ada. Certainement, se déclara-t-elle à elle-même. Les hommes avaient toujours ce sentiment incongru qu'ils étaient supérieurs, meilleurs. Quelle honte devait-il avoir de se retrouver dans une pareille situation, devant une femme en plus, comme cela devrait être embarrassant! Ada sourit malgré elle, mais voyant le nain sobre au sol, elle se ressaisit. C'était déplacé de rire ainsi de quelqu'un qui s'était blessé en dégringolant les escaliers de sa taverne.

En dégringolant les escaliers...

Ada ne put se retenir.

La femme poussa un fort gloussement, sortit tout droit de son ventre.
Le nain grommela. Que disait-il? Elle ne pouvait entendre. Il reprit parole, sa voix cette fois-ci beaucoup plus claire et distincte.

-Madame, mes amis et moi n’avons pas mangé depuis plusieurs jours, pouvez-vous s’il vous plait nous fournir un peu de nourriture? Je vous payerais ensuite. J’ai plus que les moyens de le faire, je vous l'assure.

Il eut un moment de silence.

-Si le garçon ne mange pas tout de suite, il risque de mourir.

Ada réfléchit à ce que son nouveau visiteur venait de lui dire. Un détail clochait. Mes amis? Pourquoi mes amis? Ils ne sont que deux après to-

Le cabot.

Ada fut légèrement irritée. Elle n'aimait pas que des animaux entrent dans sa taverne, ils étaient la plupart du temps sale et faisaient des dégâts, en plus d'avoir une odeur très déplaisante. Elle devait donc s'occuper de nourrir trois bouches? C'est moi qui suis ridicule si j'accepte les termes de cet imbécile, pensa-t-elle. Toutefois, elle ne put s'empêcher de penser à l'enfant. Ce que disait le nain  était vrai, le jeune était en effet très mal en point. Elle ne pouvait fermer les yeux sur ce fait. Elle poussa un soupir.

-Si j'étais à votre place, mon cher, je me soucierais autant sinon plus de ma propre santé. Non, mais regardez-vous, tomber des escaliers de cette manière. Les marches de ma taverne sont toutes égales et amplement larges, particulièrement pour un homme de votre taille, mais vous n'êtes tout de même pas arrivé à les descendre d'une manière convenable. Vous êtes aussi mal en point que l'enfant avec qui vous voyagez. Bien sûr, laissez-moi le plaisir de vous accommoder.

Ada se pencha et d'un geste précipité souleva le nain et le mit sur son épaule, à la manière d'un travailleur transportant des matériaux lourds.

-Attention, on  retourne à la chambre les enfants! C'est en haut que ça se passe!

L'imposante femme monta d'un pas décisif les marches qui avaient si rudement attaqué son invité plus tôt et entra à nouveau dans la chambre où l'enfant reposait, cette fois-ci complètement endormi. Quelques minutes seulement s’étaient écoulées, il devait être terriblement faible. Ada déposa le nain sur le lit, à côté du jeune garçon qui murmura de faibles sons incompréhensibles en se faisant déranger dans son sommeil.

-Voilà,  alors pour l'amour du ciel ne bouger plus cette fois-ci et laissez-moi aller chercher de la nourriture.

La propriétaire de la taverne descendit au rez-de-chaussée, puis à la cave où elle alla chercher de la nourriture, assez pour pouvoir servir de copieux repas aux nouveaux clients. Elle arrangea rapidement à cuisine deux soupes aux champignons et deux plats constitués de viande et de divers légumes. Sur le chemin du retour, elle s'arrêta net. Elle redescendit en poussant un râlement et alla chercher des restes de repas précédents pour nourrir le chien. Une fois revenue à la chambre 106, elle déposa le bol pour le chien sur le plancher de bois, puis les repas sur un cabaret au pied du lit. Elle tira le vieux sofa vert en le déplaçant ainsi au chevet du lit, puis secoua d'une délicatesse surprenante l'enfant qui dormait.

-Réveille-toi mon garçon, je t'ai apporté de quoi manger. Il faudrait que tu te refasses des forces, si tu voyais ta tête en ce moment...

Ada s'assit par la suite sur le fauteuil, prête à y rester pour un bon bout de temps, prit une position confortable, puis dit au nain:

-Vous aussi, mangez. J'accepte de vous aider à récupérer vos forces, mais cet enfant a besoin de beaucoup plus que de la nourriture. Ah, plusieurs gens viennent à ma taverne durant la soirée, vous pourrez toujours vous renseigner sur les médecins des environs en parlant à mes clients. Je ferai quelques recherches de mon côté aussi. Mon nom est Ada, et le vôtre est...?
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 3:01

Il y avait quelque chose dans cette femme, qui était à la fois bon et pourri. Toutes ses actions, toutes ses paroles semblaient emplies de compassion, de compréhension et de bonté. Pourtant, elles étaient toutes d'une insolence, d'une grossièreté et d'une arrogance insupportables. Même la nourriture qu'elle avait apportée représentait un affront. Une soupe aux champignons hein? Aux champignons!

Sinak se demanda si elle savait que son dernier repas avait été une poignée de champignons empoisonnés. Non, évidement, elle ne le savait pas. La réponse était évidente. La femme n'y était pour rien. C'était la vie. Elle s'était, cette fois, servie d'une humaine corpulente et impudente pour lui faire un clin d'oeil discret et lui rappeler qu'elle savait tout et qu'elle ne le lâcherait pas. Jamais.

Sinak pensa à tout cela évidement après avoir vidé le bol de soupe à une vitesse surprenante. Il ne s’était même pas demandé si la nourriture avait pu être empoisonnée. C'était à savoir qui avait fini de manger avant, Rigga ou lui?

La première bouchée avait en effet été terriblement douloureuse. Sinak avait senti, comme une roche tombant dans les abîmes, la nourriture faire un peu trop rapidement son chemin et tomber lourdement dans son ventre vide. Il avait attendu quelques secondes avant de prendre une autre cuillerée. Cette dernière passa mieux. Dès lors, il n'avait plus compté ses bouchées. Il avait simplement rempli au plus vite son estomac, tentant inconsciemment de prendre le plus de soupe possible dans sa cuillère et avaler ensuite au plus vite. Le nain ne goûtait même pas ce qu'il mangeait. Il savait simplement que c'était la meilleure nourriture qu'il n'avait jamais mangée et s'empressait de la dévorer rapidement, agressivement, violemment et désespérément.

Puis, après la soupe, sa rage et son empressement se calmèrent légèrement. Il jeta un regard à Rigga. La chienne avait fini les minables restes que la femme lui avait donné et regardait à présent le plat de Sinak avec des yeux avides. Le nain était conscient qu'elle avait besoin de beaucoup plus de nourriture pour elle et ses chiots et tous les deux étaient conscients qu'en un seul bond, elle pourrait l'obtenir. Toutefois, Sinak savait qu'elle ne le ferait jamais, jamais elle n'oserait lui voler de nourriture. C'est pour cela qu'il lui donna le deux tiers de sa propre portion de viande.

Il jeta ensuite un regard à Kei et à l'assiette qu'on lui avait amené. Elle était bien garnie, il n'aurait donc pas besoin de partager davantage. L'état du garçon l'inquiétait énormément toutefois. De plus, il n'aimait pas la façon dont la dénommée Ada s'occupait de lui. Il n'aimait pas sa façon d'être non plus, sa façon de parler, de s'exprimer et de les regarder.

"J'accepte de vous aider à récupérer vos forces, mais cet enfant a besoin de beaucoup plus que de la nourriture", avait-elle dit.

Comme si elle était seule à être arrivée à une telle conclusion. Il savait que Kei était malade et il le savait mieux qu'elle, qui venait à peine de le rencontrer. Ou encore:

"Vous aussi, mangez."

Merci du conseil! Je n'aurais jamais pensé faire cela, après tous ces jours de famine!

Refoulant son irritation, Sinak finit de manger le repas que l'humaine lui avait apporté. Il détestait cette dernière. Il se sentait faible, impuissant, insignifiant, stupide, vulnérable, incompétent, ridicule et humilié devant elle. C'était d'ailleurs exactement ce qu'il était. Il était pathétique et il faisait pitié. Le pire dans tout cela, c'était qu'il était tellement fatigué qu'il ne pouvait même pas se fâcher ni contre lui même ni contre la femme. Se fâcher contre cette dernière aurait de toute façon été un acte stupide, car elle lui avait apporté de la nourriture. Cependant, elle prenait un air hautain et découragé. Elle le traitait comme un enfant ! Un enfant !

Les doigts tendus du nain s’accrochèrent furieusement à sa hache. Il émit un faible grognement irrité. C’était une de ces positions dans lesquelles il n’aimait particulièrement pas se retrouver. Il aurait préféré passer deux autres jours dehors sans manger plutôt qu’être aux prises de cette humaine qui semblait prendre plaisir à l’humilier.

Cependant il n’avait pas de forces pour faire quoi que ce soit, d'exprimer son indignation d'une quelconque manière. Il devait absolument dormir. Dormir dans une chambre inconnue à côté de Kei en se faisant observer par une humaine potentiellement dangereuse ? Qu’est-ce qui garantissait que la nourriture n’était pas qu’une ruse pour lui faire perdre toute précaution ? Qu’est-ce qui garantissait qu’Ada ne faisait pas partie de l’Organisation Secrète ?

Sinak secoua la tête avec découragement. Il avait déjà perdu toute précaution le jour où il avait accepté Viadhanga. Il avait déjà perdu tout pouvoir d’agir le jour où il avait cessé de manger pour permettre à Kei et Rigga de tenir plus longtemps. Il avait déjà perdu toute crédibilité devant l’humaine et devant lui-même au moment où il avait déboulé les escaliers. Il n’y avait rien à faire, rien à penser, aucune précaution à prendre.
Il pouvait dormir paisiblement.
Parce qu’il ne pouvait plus se fier à lui-même.

Un nain ne pouvant plus se fier à lui-même ne pouvait en aucun cas être identifié comme celui qui était porteur du secret de Viadhanga. Il n’y avait aucune chance que l’humaine, même si elle faisait partie de l’Organisation, le reconnaisse.

-Sinak, répondit-il à Ada, plusieurs minutes après qu’elle lui ait demandé son nom.

Ensuite, sans même un regard de gratitude, il se tourna sur le côté, ferma les yeux et s’endormit.
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Locke Casseli

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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 3:03

Locke passa l'entrée principale de la taverne. Les vieilles planches de bois craquaient sous ses pieds, elle pouvait les sentir s'affaisser doucement sous ses pieds, quoiqu'elle ne pouvait pas les entendre, tous sons étouffés par le brouhaha habituel de la place. Elle prit place au comptoir, positionnée quasiment au milieu de celui-ci, face à Ada, entourée de plusieurs hommes bruyants. Un bref échange de regards discret avec la maîtresse de la place suffit pour que cette dernière lui apporte un rafraîchissement. Locke était une habituée et connaissait bien la propriétaire.

En cette soirée, la jeune femme était particulièrement épuisée, les derniers jours ayant été plutôt difficiles.
Qui aurait cru que de simples bandits du Bas Quartier auraient pu être aussi coriaces?

Locke, la nuit dernière, s'était retrouvée coincée par trois jeunes adultes dans le coin d'une ruelle. Ils lui avaient demandé son argent et quand la femme leur avait répondu sur un ton condescendant qu'elle n'avait aucune envie de partager ses richesses avec eux, un flot de coups de poings brutaux lui était tombé dessus. Bien sûr, Locke ne les avait pas laissés partir sans les bousculer à son tour, mais cela n'avait eu pour effet que d'enrager davantage ses assaillants. L'un d'eux, après s'être fait frapper au visage par la jeune femme, avait sorti son couteau et avait, d'un mouvement rapide et précis, poignardé Locke au ventre avant de s'enfuir. Considérablement affaiblie, la jeune femme n'avait eu d'autre choix que de se soigner elle-même, d'une manière qu'elle aurait préférée évitée...

Imbéciles... ils auraient facilement pu me tuer... Quels cons, mais quel genre de-

-Comment te portes-tu Locke? Ça fait un bon bout de temps qu'on ne s'était pas vues.

Le train de pensée de la jeune femme fut interrompu par la voix forte d'Ada, qui s'était désormais confortablement installée sur le comptoir, les bras pliés, appuyés sur celui-ci. Locke releva sa tête et commença alors à converser avec la propriétaire. Les femmes parlèrent de tout et de rien, de leurs emplois respectifs, de l'incident avec les bandits, de la vie au Bas Quartier, etc. et par la suite, Ada lui parla d'une aventure hors de l'ordinaire qui s'était passée à la taverne, pas plus tard que ce matin...
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 3:05

Sinak regarda l’escalier d’un air défiant.

N’ose pas me refaire le même coup que ce matin.  Je t’ai à l’œil, pensa-t-il en jetant un regard sévère à la première marche.

Lentement, il posa un pied sur cette dernière. Un grincement long et plaintif se fit légèrement entendre avant de se perdre dans le brouhaha de la taverne. Le nain sourit brièvement.

Voilà qui est mieux, mon insoumis.

Sinak descendit l’escalier d’une démarche triomphale. Une bonne journée de sommeil et voilà qu’il se sentait mieux. Un poids énorme venait de quitter ses épaules. Quelque chose avait changé en lui. Il se sentait détendu, pour la première fois depuis beaucoup trop longtemps. Kei était toujours malade, Rigga avait une apparence squelettique et elle allait bientôt accoucher, il était, lui-même, probablement traqué par les agents de l’Organisation Secrète, mais tout cela ne lui semblait plus aussi terrible, plus aussi menaçant. La fatigue semblait l’avoir mené trop loin. Il avait dépassé le point culminant et se trouvait à présent dans une zone de calme et de paix, où tout était étrangement silencieux, pâle et doux. Il était au centre de la tornade.

Bam !

La vision du nain s’obscurcit un moment, puis redevint claire. Trop claire.

Maudit conard !

Sinak bouscula furieusement l’homme qui l’avait frappé. Ce dernier ne sembla même pas s’en rendre compte, ce qui ne fit qu’augmenter la rage du nain. Tout était brusquement redevenu normal. Le coup à la tête avait chassé les dernières brides de sommeil du nain et la tornade violente l’avait de nouveau englouti.

J’ai besoin d’un verre de rhum. Non, un seau de rhum. Ou un tonneau complet.

Sauf qu’avant, il devait trouver un médecin pour Kei. Ada avait proposé de questionner ses clients…

La taverne était bondée. Sinak remonta l’escalier à moitié pour avoir une meilleure vue d’ensemble. Les clients étaient pour la majorité des humains. Quelques nains étaient rassemblés dans un coin et semblaient rapporter beaucoup de profits à Ada, mais le reste de la salle était remplie d’humains. Sinak les détestait. Leurs esprits n’étaient composés que de trois choses : d'égoïsme, de certitude qu'ils étaient supérieurs aux autres et de préjugés.

Le nain repéra rapidement Ada derrière son comptoir. Elle semblait discuter avec une jeune femme. Sinak allait regarder ailleurs, lorsque quelque chose chez cette dernière retint son attention. Elle lui rappelait quelqu’un…

Il plissa les yeux, tentant de mieux discerner ses traits. Puis, cela lui revint. Il s’agissait de l’humaine qui possédait un don de guérison. Celle qu’il avait surprise entrain de se soigner dans la sombre ruelle. Une étincelle d’espoir enflamma le cœur de Sinak. Il ne pouvait mieux tomber.

Il attendit qu’Ada s’éloigne un peu pour servir d’autres clients, puis, se fraya un chemin jusqu’à l’élue. Après s’être assuré qu’il s’agissait bien d’elle, il décida de l’aborder.

-Madame ! Cria-t-il au dessus du chahut, une main posée naturellement sur sa hache.

La jeune femme ne sembla pas l’entendre. Il lui tapota la jambe de façon insistante pour attirer son attention.

-Madame, j’ai besoin de votre aide. Mon ami est malade et je suis certain que vous pouvez l’aider avec vos talents de guérisseuse. Ne vous inquiétez pas, je vais vous payer, dit-il en tentant de refouler son dégoût envers l’humaine ainsi qu’envers sa propre impuissance.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 3:06

Locke sentit quelque chose tambouriner sur sa jambe, frappant furtivement le tissu de ses pantalons. Elle descendit le regard pour apercevoir d'où provenait cette désagréable sensation et aperçu que c'était une personne qui agissait de la sorte, dans le but d'attirer son attention. C'était un nain, à vrai dire, un nain à l'air agacé, qui essayait en vain de dissimuler son état d'âme sous un sourire forcé assez manqué.

-Madame, j’ai besoin de votre aide. Mon ami est malade et je suis certain que vous pouvez l’aider avec vos talents de guérisseuse. Ne vous inquiétez pas, je vais vous payer.

Mes talents de guérisseuse?

Locke fut excessivement surprise par ces paroles. Toutefois, celle-ci, contrairement au nain, resta impassible et son visage ne se contracta d'aucune manière inhabituelle, rendant sa stupéfaction impossible à discerner. Où est-ce que cet être aurait-il pu apprendre qu'elle avait un don? Les habitants de son village natal étaient exclusivement des humains et leur mentalité les rendait peu amicaux face aux étrangers, jamais ils n'auraient divulgué de telles informations. Alors où? Comment?

Locke y réfléchit pendant un moment, puis décida de jouer la carte de l'ignorance. La situation la plus plausible était en effet que le nain n'avait aucune connaissance sur son don et qu'il était seulement un imbécile, désespérément à la recherche d'un médecin bon marché et dupe.

-Ai-je l'air d'un médecin ou d'une sage-femme? Crois-moi si je faisais partie d'une ou l'autre de ces catégories, je serais tranquille dans mon appartement personnel au Haut Quartier en train de boire seule, loin de tout ce bruit et ces idiots. Je ne peux pas t'aider, désolée.

Locke releva la tête et fixa sa bière d'un air déçu, ses propres mots l'ayant fait souhaiter pendant un instant qu'elle fut ailleurs. Elle but une grande gorgée et reposa la bouteille sur le comptoir.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 31 Déc - 3:08

Sinak fixa ouvertement le visage de la femme, attendant qu’elle lui réponde. Sa réaction à sa demande était très difficile à prédire, son regard étant indéchiffrable et son expression des plus impassibles. Le nain fronça les sourcils. Les humains ne pouvaient tout simplement pas n’exprimer aucune émotion, peut importe la situation dans laquelle ils se trouvaient. Sinak comprit donc immédiatement que l’étrangère lui cachait volontairement quelque chose.

On ne place un mur que lorsqu’on veut cacher quelque chose au regard d’autrui. On construit un rempart pour se protéger.

Il ne pouvait comprendre pour l’instant de quoi s’agissait-il, mais il savait qu’il pourrait bientôt le déduire. La femme réfléchissait longtemps pour répondre. Cela signifiait clairement qu’elle était entrain d’inventer.

Quand on réfléchit, on invente généralement. C’est rare qu’on réfléchit pour dire la vérité ou pour donner une réponse pure et exacte à une question simple.

-Ai-je l'air d'un médecin ou d'une sage-femme? Crois-moi si je faisais partie d'une ou l'autre de ces catégories, je serais tranquille dans mon appartement personnel au Haut Quartier en train de boire seule, loin de tout ce bruit et ces idiots. Je ne peux pas t'aider, désolée.

Sinak sourit intérieurement. L’inconnue venait de tout lui donner. Après tout, les humains n’étaient pas si compliqués à comprendre. Il suffisait de penser comme eux, en égoïstes sans honneur, reculants à aider et surtout, menteurs et cachottiers.

-Non, tu n’as l’air ni d’un médecin, ni d’une sage-femme, répondit le nain, prenant soin de la tutoyer comme elle l’avait fait.

Le respect c’était soit mutuel, soit inexistant.

-Tu as plutôt l’air d’une gamine mal élevée, continua-t-il, sans manières ni éducation, qui passera le restant de sa vie à pourrir dans ces ruelles sombres et n’apporter aucun bien à la société. Une humaine qui vivra et mourra sans que son passage change quelque chose. Une personne inutile et égoïste, comme tant d’autres, cracha-t-il finalement avec dégoût.

Sans lui laisser le temps de répondre, il enchaîna :

-Malgré tout cela, je te demande d’aider mon ami. Si tu as au moins quelque respect envers toi-même et si tu as au moins un peu d’honneur en toi, suis-moi s’il te plait et soigne-le. Je t’ai déjà dis que j’allais te payer, tu n’as rien à perdre.

Il fit une légère pose, fixant l’humaine dans les yeux.

-C’est la dernière fois que je te demande de m’aider de façon pacifique, dit-il finalement. Tu as intérêt à soigner mon ami, comprends-tu ? À moins que tu aies davantage envie que je dévoile ton secret aux gens ? Veux-tu vraiment qu’ils sachent que tu as un…

Le nain ne finit pas sa phrase. Il savait que l’humaine devinerait ce qu’il allait dire. Pour l’instant, il lui laissait une chance. Cependant, cela serait la dernière.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMer 15 Jan - 0:08

Locke jura intérieurement. Comme elle avait envie de le frapper, de lui rentrer la tête dans le comptoir. Cet imbécile, ce pur inconnu l'insultait librement et en plus de cela, la menaçait. Et pour quoi? Un ami? Quelle blague, c'était d'un ridicule. Il mettait en danger tout ce qu'elle avait protégé durant ces dernières années pour une personne qui souffrait probablement d'un rhume. Il n'avait aucun respect ni honneur s'il se permettait de détruire ainsi des années de travail d'une étrangère comme cela. Il était sans l’ombre d’un doute au courant des dangers que courrait un Élu dont l’existence du don était connue. Qui est l'enfant mal élevé maintenant? Imbécile. Crétin. Plus elle y pensait, plus elle le détestait.
Plus elle le haïssait.

-Alors comme cela, je vais vivre et mourir sans que mon passage ne change rien? Dis-moi ma belle diseuse de bonne aventure, quel intérêt alors que je soigne ton ami, si mon existence est si futile?

Elle fit une pose, puis reprit.

-Tu sais, toutes ces insultes m'ont fait beaucoup de peine. Tu frappes fort toi, même avec les gens que tu ne connais pas. Je trouve que tu juges bien trop rapidement. Tu te permets de faire des suppositions sans même t'arrêter pour y réfléchir pendant un instant. Des suppositions complètement fausses, en plus de cela. C'est très vexant.

Locke fixa son interlocuteur avec un air exagéré de mère réprimandant son enfant.

-Peu importe, je veux bien aller soigner ton ami, car contrairement à ce que tu sembles croire, malgré mon côté sarcastique, je suis quelqu'un avec un minimum d'empathie. J'ai déjà été dans de semblables situations moi aussi, mentit Locke. Nul besoin de te fâcher, montre-moi où il est et je l'aiderai comme je peux.

Locke se leva de son banc et attendit les instructions du nain. Elle regarda brièvement autour d'elle en se replaçant les cheveux. Elle expira profondément. Peu importe où le nain la guiderait, elle serait sur ses gardes. Plus important encore, elle apprendrait d'où il tenait ces informations à propos de son don.
Peu importe le prix à payer.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMer 15 Jan - 23:49

-Alors comme cela, je vais vivre et mourir sans que mon passage ne change rien? Dis-moi ma belle diseuse de bonne aventure, quel intérêt alors que je soigne ton ami, si mon existence est si futile?

Justement, je te donne une chance de faire quelque chose de bien…Non je t’oblige à faire quelque chose de bien. Je t’ordonne de saisir cette merveilleuse occasion, n’est-elle pas gentille la belle diseuse de bonne aventure ?

En passant cela, Sinak s’imagina spontanément habillé en diseuse de bonne aventure et tenant une boule de cristal dans ses mains. Cette image le troubla profondément et il tenta de s’en débarrasser au plus vite. En vain.

Toutefois, heureusement, l’humaine recommença à parler sous peu et il put enfin se concentrer sur autre chose.

-Tu sais, toutes ces insultes m'ont fait beaucoup de peine. Tu frappes fort toi, même avec les gens que tu ne connais pas. Je trouve que tu juges bien trop rapidement. Tu te permets de faire des suppositions sans même t'arrêter pour y réfléchir pendant un instant. Des suppositions complètement fausses, en plus de cela. C'est très vexant.

Pffff…

-Peu importe, je veux bien aller soigner ton ami, car contrairement à ce que tu sembles croire, malgré mon côté sarcastique, je suis quelqu'un avec un minimum d'empathie. J'ai déjà été dans de semblables situations moi aussi, mentit Locke. Nul besoin de te fâcher, montre-moi où il est et je l'aiderai comme je peux.

Ah oui? Madame se sent soudainement bienfaisante?

Sinak fronça les sourcils. Il y avait quelque chose de suspect dans la réaction de l’humaine.

Le nain avait comprit dès le départ qu’elle n’avait aucune intention de soigner Kei. Son refus premier en était une preuve. Ensuite, elle avait visiblement cédé à ses menaces. Cependant, quelqu’un cédant à des menaces, ne se sent pas généreux par la suite. Au contraire.

Si tu veux mentir, prends la peine de bien le faire au moins! Tu es ridicule, en  plus de mentir, tu fais cela très mal! Qu’y a-t-il de plus misérable?

Ainsi, il était évident que toute cette soudaine bonté était le résultat d’une comédie ratée. Son empressement pourtant, semblait au contraire bien réel. Écrasée sur sa chaise quelques instants plutôt, l’humaine était à présent très active, autant physiquement que psychologiquement. Elle avait visiblement quelque chose en tête et ce n’était assurément pas un plan pour mieux soigner Kei.

Pendant un moment, Sinak se demanda comment lui répondre. Devrait-il jouer à son jeu et faire l’imbécile? Le remercier et la conduire joyeusement au chevet de son ami?

Le nain s’imagina en train de sourire à l’humaine. Il vit ses lèvres se décomposer, se tordre, se placer de façon inhabituelle et affreuse. Un sourire niais et raté.

Sinak chassa rapidement cette pensée. Il avait déjà l’air assez idiot et il serait probablement un comédien encore plus ridicule que la femme à côté de lui. Alors il décida de ne pas faire semblant. Il allait lui montrer l’exemple, il allait lui apprendre ce que c’était l’honneur et l’honnêteté.

Sans même lui accorder un regard, le nain bougonna :

-Suis-moi.

Il se dirigea ensuite vers l’escalier, priant pour que ce dernier soit docile encore une fois. Ce n’était pas le moment de tomber.

Gardant son regard rivé droit devant, Sinak grinça des dents et serra Kehlar dans sa main. Il était à partir de ce moment sur ses gardes plus que jamais.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptySam 18 Jan - 20:35

Locke regarda le jeune garçon malade dans le lit avec une étrange fascination. Il était blême, aussi pâle que les draps dans lesquels il était enveloppé. Fièvreux, affaibli, ammaigri, elle avait rarement vu quelqu'un d'aussi mal en point. Ce n'était pas un rhume après tout. À vrai dire, plusieurs aspects de la situation surprenaient Locke. Le chien blotti dans le coin de la pièce, le fait que « l'ami » soit un enfant; un humain, les cheveux blancs de ce dernier, etc. Elle avait beau y penser et y repenser, elle ne pouvait en tirer aucune conclusion. Que se passait-il ici? Le nain et le garçon étaient sans l'ombre d'un doute les voyageurs qu'Ada avait mentionnés plus tôt, mais la propriétaire semblait tout aussi confuse qu'elle à leur propos. Elle avait toutefois mentionné le caractère hostile du petit homme et maintenant que Locke avait fait le lien entre celui-ci et l'inconnu qui l'avait menacé, elle se sentait d'autant plus dégoutée à son égard. Être impoli avec moi, ça se comprend, mais être impoli avec une femme comme Ada.. Quel homme grossier...

La jeune femme sentit une haine soudaine monter en elle. Non seulement ce nain l'avait dénigrée et insultée à profusion, mais il s'était permis d'agir rudement avec Ada aussi. Locke n'avait même pas été violente ou excessivement désagréable avec lui. Elle avait juste été elle-même, elle avait juste essayé de protéger son secret. Elle lui avait donné un spectacle rempli de mensonges ridicules pour le distraire, mensonges qui n'avaient pas pour but de tromper, mais plutôt d'alléger l'ambiance. Qui croirait à ses sottises de toute façon? Personne. Elle voulait seulement se changer la tête de toutes les bêtises qui l'avait assaillie un moment plus tôt. À la place de les retourner, Locke avait tourné le tout au ridicule. Elle avait été gentille.

Malgré le fait que la jeune femme n'éprouvait aucune haine envers le jeune garçon et n'avait aucun problème à l'idée de le soigner, elle ne pouvait le faire. Pas pour lui.

Aucune raison d'épargner la souffrance à des gens indignes.

Locke s'approcha du lit et s'accroupit au chevet du jeune garçon, feignant d'examiner pendant quelques instants la condition de ce dernier, puis se releva.

-Désolée d'avoir à te dire ça, mais ton enfant est une cause perdue, aussi bien dire qu'il est déjà mort. Mes pouvoirs peuvent guérir des blessures comme des entailles sur la peau, des maladies anodines, mais ils ne peuvent pas ressusciter les gens déjà partis. As-tu seulement vu dans quel état il est? Je ne te demanderai pas l'histoire derrière ça, mais cet enfant a été poussé bien au-delà de ses forces.

Locke soupira, puis mit sa main dans sa poche pour en ressortir un poignard.

-Toutefois si tu veux, je peux lui faire une coupe juste ici, au cou.

La jeune femme traça avec la pointe de son poignard une ligne imaginaire, la lame passant dangereusement proche de la peau de l'enfant.

-Ça sera sans douleur et sans sang. Ça lui épargnera la souffrance de mourir lentement, son corps ne peut plus le supporter de toute façon. Pas de dégâts, le tout sera très propre.

Elle attendit quelques instants, puis reprit la parole.

-Je te propose même de te débarrasser moi-même du corps, qu'en dis-tu? En y pensant, le marché noir regorge de désaxés qui seraient prêts à l'acheter. Tiens, je vends son corps, prend une petite partie de commission et te donne le reste de l'argent. Tu n'auras même pas à me payer pour mes services, tu feras du profit. C'est encore mieux que ce que tu étais venu me proposer, une pierre deux coups. Faisons ça et n'en reparlons plus. Oublions nos différends.

Locke dans un aura malsaine s'approcha de l'enfant. En réalité, elle n'avait aucune intention de le tuer. L'acte l’écœurait. Elle voulait seulement faire mal à l'inconnu qui l'avait jugé incorrectement, qui l'avait préalablement classé dans une catégorie sans même se questionner à son sujet. Elle était mal élevée, sans manières, sans éducation, inutile, égoïste? Si c'était dans cette réalité que le nain la voyait, alors elle allait lui en donner pour son argent. Elle allait revêtir le vêtement mal ajusté et le porter comme si c'était une taille parfaite.

Elle voulait le mettre en colère, lui faire perde le contrôle.
Elle voulait se battre.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyDim 19 Jan - 15:00

Depuis quelque temps, le nain avait l’impression d’être pris dans une tempête. Une tempête dans laquelle tout voltigeait autour de lui à une vitesse fulgurante. Tout y compris le temps. Il revoyait des choses qu’il avait crues oubliées. Il revoyait des objets, des visages, des scènes. Il vit des armes filler autour de lui, tentant en vain de le blesser. Il vit des barreaux, des fouets, des visages, des sourires, il entendit des voix. Il vit des doigts, des mains, des bras, des jambes, toutes en entrain de voler autour de lui. Arriva enfin la tête. La tête de sa mère qui riait comme un démon. Sinak eut envie de vomir.  

La meilleure façon de faire souffrir les gens n’est pas de les blesser physiquement et encore moins de les tuer. La meilleure façon de faire souffrir les gens, c’est de blesser et tuer ceux qu’ils aiment. Il n’y a pas de douleur pire que tu peux infliger à quelqu’un. Rappelle-toi de ça, mon fils. Les innocents meurent, les coupables souffrent, les tyrans se moquent.

Sinak avait envie de lui faire ravaler ses paroles. Il avait envie qu’il s’étouffe avec ces dernières. Il avait envie qu’il meure. Il n’avait même pas envie qu’il souffre, il avait juste envie qu’il disparaisse de ce monde.

Le nain avait toujours crû que son père était le pire individu à exister. À présent, il voyait que tous étaient, d’une certaine façon, comme lui. L’humaine devant lui avait employé la même logique que son père. Sinak ne comprenait pas comment une telle idée ait pu lui passer par la tête. Il ne comprenait pas comment de telles paroles pouvaient sortir de la bouche de quiconque. Il ne comprenait pas comment ils pouvaient penser à des choses pareilles. Il ne comprenait pas comment de tels gens puissent exister. Il ne comprenait pas comment de tels gens puissent vivre avec eux-mêmes. Il ne comprenait pas comment il arrivait à survivre lui-même, dans un tel monde.

Les anges meurent, les démons souffrent, les diables se moquent.

Il avait l’impression que cette phrase était gravée dans la plus ancienne des roches de la terre et signée par la vie elle-même. Cette dernière s’était tatouée cette réalité partout sur son corps. C’était pour cela que Sinak la détestait tant.
***
Le nain se secoua intérieurement et se força à quitter cet horrible monde de souvenirs dans lequel l’humaine l’avait involontairement projeté. Alors qu'il revenait à la réalité, multiples émotions se combattaient pour garder leur place dans son cœur. Toutes laissèrent une trace sanglante, mais une seule parvint à rester. Elle était noire, suintante et elle pourrissait son être. Sinak ne connaissait même pas son nom. Cependant, cela importait peu.

Sa hache était déjà sortie. Il regardait l’humaine droit dans les yeux. Elle ne savait pas, elle ne pouvait pas comprendre. Son poignard était ridicule, elle était ridicule. Le menacer ainsi était l’équivalent de menacer avec un brindille, quelqu’un qui tient une épée.

Sinak pouvait facilement la tuer, elle et son âme. Cependant, il n’avait aucune envie de le faire. Une femme aussi dégoûtante ne méritait pas de mourir.

"Je te propose même de te débarrasser moi-même du corps, qu'en dis-tu? En y pensant, le marché noir regorge de désaxés qui seraient prêts à l'acheter. Tiens, je vends son corps, prend une petite partie de commission et te donne le reste de l'argent. Tu n'auras même pas à me payer pour mes services, tu feras du profit. C'est encore mieux que ce que tu étais venu me proposer, une pierre deux coups. Faisons ça et n'en reparlons plus. Oublions nos différends."

Mais quel genre de fou dirait des choses pareilles? Quel genre de d’individu voudrait proposer un pareil marché? Vendre le cadavre d’un enfant? Faire des profits? Elle feignait, elle trompait, elle mentait. Depuis le début, elle n’avait cessé de mentir. Pour cela, il la détestait encore plus. Ses mensonges et sa comédie étaient ridicules. Elle faisait semblant d’être sadique, cynique et même perverse. C’était troublant. Quel genre de personne ferait cela?

Pourquoi s’acharnait-elle autant sur lui? Il voulait simplement aider Kei, ne pouvait-elle pas le voir? Comment pouvait-elle perdre ainsi leur temps, le temps de Kei? Comment pouvait-elle passer une lame de poignard à un pouce du cou d’un enfant malade? Un enfant vulnérable et sans défense? Un enfant qu’elle ne connaissait même pas? Comment pouvait-elle l’utiliser lui qui ne lui avait rien fait, pour faire mal à un autre? N’avait-elle donc pas du tout de cœur? N’avait-elle donc jamais eu d’amis? N’avait-elle donc jamais aimé quelqu’un? Comment pouvait-elle ne pas comprendre, ne pas se sentir mal de ne pas l’aider? Ce n’était pas pour lui après tout, c’était pour l’enfant.

Sinak ne pouvait comprendre pourquoi l’humaine préférait le provoquer plutôt que soigner l’enfant malade. Pourquoi elle préférait poser une mauvaise action à une bonne. Pourquoi elle choisissait le négatif au positif. Pourquoi selon elle il était plus profitable, plus satisfaisant, de l’insulter que d’aider un pauvre gamin qui avait besoin d’elle. Cette mentalité, le dépassait. C’était un comportement entièrement inhumain, comme ils aimaient tant le dire.

Le nain était dégoûté. Il grimaça, puis détourna la tête de cette horrible femme. C'était alors qu'il remarqua soudainement que Rigga s’était levée et se dirigeait vers l’humaine d’un air décidé. Cette dernière ne pouvait la voir, car la chienne arrivait de derrière.

Sinak fut légèrement surpris par ce comportement. Certes, Rigga aurait agi ainsi en temps normal, mais présentement, elle était enceinte. Les chiennes enceintes ont comme premier instinct de protéger leur portée, pas les enfants malades. Le nain devait donc avoir sous-estimé son attachement pour Kei, ou la menace réelle que représentait l’humaine. Il balaya cette dernière supposition. Elle était indubitablement mal fondée.

Il eut presque envie de sourire en voyant la progression de la chienne. Chien qui jappe ne mord pas, disait le vieux diction. Rigga ne faisait pas de bruit. Sinak savait qu’elle allait attaquer et il n’allait certainement rien faire pour l’en empêcher.

Quelques instants plus tard, Rigga sauta et rentra ses crocs profondément dans le derrière de la femme. Sinak observa quelques instants cette scène pitoyable, puis il décida d’intervenir. Malgré le fait qu’elle ne présentait aucune réelle menace, l’humaine avait quand même un poignard à la main et le nain ne pouvait prévoir ses actions. Il n’allait certainement pas la laisser blesser son amie.

Il poussa Rigga hors du chemin, puis se jeta brusquement sur l’humaine, lui faisant perdre l’équilibre. Alors qu’elle s’étala par terre de tout son long, il écarta prestement sa main dans laquelle elle tenait le poignard et la retint au sol.

-Rigga, retourne te coucher, je me débrouille. Tu ne devrais pas faire de mouvements brusques, pense à tes chiots !

Sans prendre la peine de regarder si son amie lui avait obéi, il porta sa hache au maigre cou blanc de l’humaine. Il n’y avait pas un moment à perdre. Le nain planta son regard sur Kehlar. Il allait à présent performer un petit tour de magie devant la femme qui avait osé menacer de tuer son ange. Un tour qu’il n’avait pas fait depuis bien longtemps.

Sinak ferma les yeux pour mieux se concentrer. Bientôt, il sentit une partie de son esprit, de sa conscience, s’accrocher au métal froid et coupant. Il la sentit parcourir la lame aussi aisément qu’un train sur ses rails, jusqu’à atteindre sa cible. À partir d’ici, commençait le terrain inconnu. Elle tomba sur quelque chose de mou et s’enfonça dedans. Ensuite, elle se sentit brusquement à l’étroit et se dépêcha vers la direction qu’elle croyait la bonne, à travers les épaisseurs de cette substance gluante qui devenait de plus en plus dense. On essayait de la prendre au piège, mais elle était habituée à ce phénomène. Devenant brusquement aussi tranchante que la hache qui l’hébergeait, la minime partie de la conscience de Sinak déchira les ronces visqueuses qui l’empêchaient de progresser. Ensuite, elle prit un moment pour localiser sa proie. Cette dernière était encore loin. Elle tentait de se cacher. Malheureusement, elle était prisonnière de cet abominable corps de jeune femme sans moyen de s’échapper. La conscience n’allait pas en prendre long à l’attraper. Aucune âme ne lui avait échappé jusqu’à présent et celle de cette humaine ne sera certainement pas la première.

Alors avec une parfaite précision, la conscience se dirigea vers sa victime. Elle trouva cette dernière bien plus pâle et plus lumineuse que ce qu’elle s'était imaginée. Cependant, cela importait peu. D’un coup rapide, elle aggripa l’âme rebelle dans ses serres. À partir de maintenant, il était impossible pour celle-ci de se sauver. La conscience la tenait fermement et dans un corps, l’âme n’avait pas d’armes, pas de moyen de se défendre. Elle était la partie la plus vulnérable d’un individu. À présent, Sinak tenait celle de l’humaine et pouvait faire ce qu’il voulait avec elle. Il la serra le plus fort possible, à travers les serres de sa conscience. C’était l’équivalent d’entourer fermement la gorge de quelqu’un des ses mains et menacer de l’étrangler. L’âme manquait d’air. Sa vie ne tenait qu’à un fil.

-Le sens-tu? Demanda Sinak. Tu dois le sentir, il est impossible que tu ne le sentes pas. Ça fait mal, n’est-ce pas? Très mal, certainement. Sais-tu ce qui va arriver si je serre un peu plus fort? Tu vas mourir. Et pas seulement ton corps, mais ton âme aussi. Tu n’existeras plus nulle part, tu comprends? Ou bien, je peux toujours la relâcher un peu, puis la griffer, la mordre, la couvrir de blessures et de plaies. Sais-tu à quel point c’est souffrant? Tu ne peux pas te l’imaginer. Tes pouvoirs de guérisseuse sont impuissants face aux blessures infligées à l’âme. Ces dernières sont inguérissables. Elles sont pires que tout. Veux-tu cela? Ou bien je la relâche et tu soignes mon ami? Je ne veux pas te tuer, ni te blesser, malgré toutes les horreurs que tu m’as dis, tu comprends? Je veux juste que tu soignes mon ami. C’est très important pour lui et pour moi. Tu le soignes et je jure de ne révéler ton secret à personne. Tu le soignes et je te paye. Tu le soignes et je te laisse en paix. J’ai juste besoin d’aide, rien de plus. Cependant, si tu refuses, je n’aurais pas le choix de…

Le nain ne finit pas sa phrase. C’était inutile. Il en avait déjà dis assez, à présent c’était à l’humaine de décider. Il espérait seulement qu’elle prenne la décision qui était profitable à tous et qu’il puisse ainsi sauver son ange, à travers les mains de l’humaine.


Dernière édition par Sinak Pathara le Mar 13 Mai - 18:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyVen 24 Jan - 20:07

Locke pouvait voir son épaule blessée, sentir la chaleur du sang qui coulait de ses marques de morsures, mais n'avait pas mal. Elle était seulement étourdie et confuse, tout se passait à une vitesse fulgurante. Bientôt, elle fut plaquée au sol par l'étranger pour être ensuite désarmée et assaillie de plein fouet par une douleur insupportable. Le décor de la chambre de la taverne se transforma en un endroit dépourvu de forme, une couleur blanche qui s'étalait à l'infini. Au milieu de celle-ci, Locke était debout, son épaule sans aucune blessure, mais son corps entier souffrant. Non, après constatation, ce n'était pas son corps, c'était quelque chose d'autre. Mais quoi? Elle n'en avait aucune idée, elle était dépassée par ce qui lui arrivait. Elle essayait seulement de contenir la douleur à l'intérieur d'elle, de ne pas crier. Elle ne pouvait toutefois pas empêcher son visage de se torde sous le poids du mal qu'on lui infligeait. Locke espérait sortir de cet enfer bientôt.

-Le sens-tu? Tu dois le sentir, il est impossible que tu ne le sentes pas. Ça fait mal, n’est-ce pas? Très mal, certainement. Sais-tu ce qui va arriver si je serre un peu plus fort? Tu vas mourir. Et pas seulement ton corps, mais ton âme aussi. Tu n’existeras plus nulle part, tu comprends? Ou bien, je peux toujours la relâcher un peu, puis la griffer, la mordre, la couvrir de blessures et de plaies. Sais-tu à quel point c’est souffrant? Tu ne peux pas te l’imaginer. Tes pouvoirs de guérisseuse sont impuissants face aux blessures infligées à l’âme. Ces dernières sont inguérissables. Elles sont pires que tout. Veux-tu cela? Ou bien je la relâche et tu soignes mon ami? Je ne veux pas te tuer, ni te blesser, malgré toutes les horreurs que tu m’as dit, tu comprends? Je veux juste que tu soignes mon ami. C’est très important pour lui et pour moi. Tu le soignes et je jure de ne révéler ton secret à personne. Tu le soignes et je te paye. Tu le soignes et je te laisse en paix. J’ai juste besoin d’aide, rien de plus. Cependant, si tu refuses, je n’aurais pas le choix de…

C'était l'étranger qui lui parlait? Ce petit nain étrange qui donnait des mises en garde à sa chienne comme si cette dernière pouvait le comprendre de quelconque manière? Ce nain qui se promenait avec un enfant aux cheveux blancs à moitié mort et qui lui accordait une importance démesurée? Oui, c'était sans aucun doute le cas. Mais où était-il? Il n'existait que l'immensité du palais blanc ici, personne d'autre en vue mit à part Locke. Pourtant, la voix semblait venir de partout. Locke était déroutée et la douleur qui l'enveloppait ne faisait qu'augmenter. Elle pensa pendant un moment que cet étranger devait la haïr plus qu'elle-même ne le détestait réellement.

Alors, son âme allait mourir? Quelle idée ridicule, une telle chose ne pouvait exister. Si les hommes, les nains et tout le reste des êtres vivants avaient des âmes, alors Dieu devait leur avoir donné et l'existence de ce dernier était une impossibilité pour Locke. Il n'existait rien au-delà de la mort, aucune âme, aucun Dieu et aucun paradis. Cependant, elle ne pouvait ignorer la douleur qu'on lui infligeait. Elle allait le soigner, ce foutu enfant. Ce n'était pas comme si elle avait eu l'idée de le laisser mourir sans rien faire. Locke n'était pas entièrement insensible aux souffrances des autres.

Elle sentit soudainement une vague de sentiments emplir son corps. Elle aimait l'enfant aux cheveux blancs et sa survie était essentielle à la sienne. Elle voulait le protéger, l'aider dans sa route et s'assurer de son bien-être. Toutefois, ces sentiments furent rapidement remplacés par la peur et le dégout. Elle entendit les paroles qu'elle avait dit au nain quelques minutes plus tôt et eu un mal de cœur. Elle avait envie de vomir, de pleurer. Ses propres paroles la dégoutaient et lui inspirait la haine. Comment avait-elle pu dire de telle chose, comment avait-elle pu agir ainsi...?

Non.

Locke prit du recul et ferma les yeux pour mieux se concentrer. Ces idées, ces sentiments n'étaient pas les siens. Ils étaient ceux de l'étranger. Il n'avait donc pas d'arrière-pensées? Ce qu'il lui avait dit depuis le départ était donc entièrement vrai? Pourquoi accordait-il aussi d'importance à un enfant humain, un être fragile qui n'était même pas le sien? Locke n'arrivait pas à comprendre. Elle se sentait idiote. Idiote d'avoir autant fait de mal à quelqu'un sans même le vouloir. Jamais n'aurait-elle pu deviner que le lien entre ces deux personnes était aussi fort. Elle était pathétique et il était désespéré. Peu importe, elle devait faire arrêter ses souffrances le plus tôt possible, avant que le nain ne la blesse. Elle ouvrit les yeux puis fixa droit devant elle l'immensité du vide, avant de répondre:

-Libères-moi tout de suite et je soignerai l'enfant.

Peu à peu, la blancheur immaculée de la place se transforma en chambre austère. Locke quant à elle recommença à sentir la douleur à son épaule et vit à nouveau l'enfant malade cloué à son lit. Elle toussa et se roula par terre de douleur, avant de se soigner pour arrêter le saignement. Une faible lueur émana temporairement de sa main droite et la plaie se referma sans laisser aucune cicatrice. Elle regarda ensuite l'enfant. Dépourvue d'arme, elle s'approcha de celui-ci et mit sa tête près de la poitrine du garçon pour écouter ses battements de cœur. Ils étaient faibles, mais réguliers. La condition du jeune était toutefois pitoyable et elle ne savait si elle allait réussir à le ramener à la vie. L'énergie qu'elle devait déployer pour sauver quelqu'un était directement proportionnelle à l'état dans lequel ce dernier était. Plus les blessures étaient graves, plus cela était exigeant. Locke craignait mourir avec le garçon en essayant de ramener ce condamné à la vie. Elle eut brièvement l'idée de dire ces faits au nain, mais elle se retint au dernier moment. À quoi bon? Qu'allait-il dire lorsqu'elle allait lui annoncer qu'elle frôlerait certainement la mort en essayant de sauver l'enfant? Rien, il serait indifférent. Peut-être même qu'il rirait d'elle et de la situation dans laquelle elle se trouvait. Il n'avait plus rien à dire, plus rien à faire. Locke était coincée. Même si elle ne mourait pas, elle serait considérablement affaiblie et à la portée du nain. Il pourrait faire d'elle ce qu'il voudrait. La tuer, la torturer, peu importe. Peut-être même vendre son corps au marché noir. Locke eut envie de rire, mais ne trouva pas la force. Elle ne voulait pas finir sa vie ainsi, cela serait ridicule. Elle allait se battre et faire du mieux qu'elle pouvait pour soigner le garçon. Après un moment, elle s'approcha davantage du malade, puis lui souffla au visage:

-Le monde est cruel et sans pitié, si tu n'es pas prêt à te battre, il te dévorera d'un coup. Il te rejettera au sol aussi rapidement que je t'aurai relevé. Alors je te demande, je t'ordonne de te battre et de survivre, peu importe le coût. Ma vie m'importe et je ne veux pas avoir sauvé la tienne en vain. Je ne suis pas prête de toute façon à mourir pour toi ni pour personne d'autre. Mais s'il te plaît je t'en prie, fais en sorte que mes efforts en valent la peine.

Il eut un silence.

-Et empêche ton ami de me tuer, fais-lui comprendre.

Locke mit ses mains sur la poitrine du garçon, juste en haut d'où était situé son cœur. La lumière sortit à nouveau de ses mains et ce qui dura quelques secondes sembla prendre une éternité pour elle. Locke soufra plus que jamais auparavant, plus que le nain ne l'avait blessé, plus que les criminels du Bas Quartier lui avaient fait subir. Au bout de ses forces, Locke vit finalement la respiration de l'enfant s'accélérer et le jeune se relever sur son lit, toussant et prenant de grandes respirations comme quelqu'un qui venait de se faire sauver d’une noyade. Aussitôt, elle arrêta. Le monde autour d'elle virevolta et avant de tomber inconsciente, elle eut une pensée pour le jeune garçon et espéra qu'il se souvienne de ses paroles.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptySam 1 Fév - 22:20

Lorsqu’il vit Kei se relever brusquement de son lit en toussotant, le cœur de Sinak se mit à battre plus vite et plus fort. Il avait l’impression que c’était lui qu’on venait de sortir d’un sommeil profond et incertain qui l’avait retenu prisonnier tout ce temps. Il avait l’impression que c’était lui qui venait de ressusciter. Le masque de plâtre, exprimant la frustration et la souffrance, cloué sur son visage, venait de tomber. Le nuage de poussière grise qui flottait au-dessus de sa tête et salissait chaque recoin de son être venait de s’envoler dans le vent. Un amas de pensées inquiétantes venait d’être détruit. Spontanément, Sinak sourit.

Il ne s’en rendit même pas compte. C’était un sourire qui semblait étrangement bien s’agencer à son visage. Il n’était ni ridicule, ni forcé. Il était pur et involontaire. Un peu comme un sourire d’enfant. D’ailleurs, c’est aussi avec une simplicité enfantine que Sinak se précipita vers Kei le prit dans ses bras. Son ami était de retour dans ce monde. Il ne pouvait demander mieux.

Tu voulais me l’enlever, n’est-ce pas? Tu voulais me faire souffrir encore une fois, car tu as découvert une nouvelle faiblesse. Tu as même essayé de rendre cela similaire à l’enfer que j’ai vécu auparavant, en te servant de cette humaine. Mais je t’ai vaincue. Je l’ai obligée à le soigner. Et à la fin, elle aussi s’est rebellée contre toi. À la fin, elle a murmuré des mots à Kei. Des mots dépourvus de sarcasme, de mensonge et de cruauté. Elle n’était pas celle que tu as essayé de me montrer. Elle a sauvé Kei. Rappelle-toi de cela, lorsque nous nous y mettons tous, nous pouvons vaincre tes lois.

Sinak serra Kei encore plus fort, puis le relâcha.

-Comment te sens-tu? Veux-tu que je t’apporte quelque chose? Un verre d’eau peut-être?

Il n’attendit pas la réponse de son ami et lui poussa simplement le verre entre les mains. Après avoir vérifié que le garçon ne faisait plus de fièvre en posant une main sur son front et après s’est assuré qu’il boive l’eau, Sinak reporta son attention à l’humaine. Celle-ci gisait à présent par terre, à ses pieds. Vérifiant une dernière fois l’état de Kei, comme s’il avait peur qu’à l’instant où il détournerait son regard le garçon redeviendrait pâle et malade, Sinak se pencha vers la femme. Celle-ci n’était pas morte, mais très faible. Le nain comprit que soigner Kei lui avait coûté énormément d’énergie et qu’à présent, elle était dans une sorte de transe pendant laquelle elle était entrain de se régénérer. Il réalisa également qu’elle était très vulnérable.

-Ne t’inquiète pas, aussi longtemps que tu resteras ici, tu seras en sécurité, lui chuchota-t-il avant d’essayer de la soulever.

Il n’avait aucune intention de laisser traîner des corps sur le plancher, d’autant plus que l’humaine, même si elle était inconsciente, serait assurément plus confortable si elle était étendue sur un lit. Cependant, Sinak se rendit vite compte que le poids de cette dernière n’avait rien à voir avec celui de Kei. De plus, il n’avait pas encore entièrement repris ses forces, ainsi la femme semblait peser des tonnes. Il essaya maintes fois de la hisser sur le lit à côté de Kei et au moment où il allait y parvenir, l’humaine lui retomba brusquement dessus. Le nain se trouva pris entre le plancher et le long et lourd corps de la femme. Il soupira et prit un moment de pose. Ensuite, il se releva brusquement et poussa l’humaine vers le haut de toutes ses forces. À bout de souffle, il recula et constata qu’il avait enfin réussit. Ne manquait plus qu’à placer les longs membres de la guérisseuse d’une façon un peu plus naturelle. Une fois cela fait, il la recouvrit avec la couverture et fixa son regard sur Kei. Les derniers rayons de lumière tombaient sur son visage et faisaient briller ses yeux comme deux émeraudes.

Émeraude…Se rappelant brusquement qu’il devait payer l’humaine pour le service qu’elle lui avait rendu, Sinak plongea sa main dans sa besace. Ses doigts trouvèrent instinctivement la pierre qu’il cherchait. Il la sortit lentement et marcha jusqu’à l’unique fenêtre de la pièce. Le soleil était sur le point de se coucher et une douce lumière tomba sur le joyau qu’il tenait. C’était un saphir d’une teinte rosâtre qu’il était très rare de rencontrer. Sinak n’en avait qu’un seul et sa valeur était inestimable. Son éclat vitreux était magnifique et sa couleur rose était d’une douceur infinie. Le nain ne savait pas si l’humaine aimait cette couleur. Peut-être qu’elle était une de ces personnes qui vouaient une haine inexplicable à cette teinte si douce et féminine. Sinak ne l’avait choisi que parce que le saphir était de la même couleur que les lèvres de la guérisseuse…et aussi parce qu’il trouvait qu’elle la représentait, en quelque sorte. Cependant, cela n’avait aucune importance. Elle allait probablement le vendre au marché noir de toute façon. Soupirant, le nain glissa doucement la pierre sous l’oreiller de l’humaine, puis reporta son regard sur Kei.

-En veux-tu une toi aussi? Demanda-t-il au garçon.

Sa main fouillait déjà dans sa besace, comme si la réponse de Kei n’avait aucune importance. Il trouva rapidement la pierre qu’il avait voulu lui donner depuis le moment où il avait vu ses yeux. Une petite émeraude vert pâle qui avait le même aspect à la fois cristallin et opaque que les yeux de l’enfant. Elle semblait être étrangement composée de plusieurs teintes et contrairement aux autres pierres, il ne pouvait voir au travers. À l’intérieur de l’émeraude, régnait le mystère. Comme dans les yeux de Kei.

Sans hésiter, Sinak tendit la pierre précieuse au garçon.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyLun 10 Mar - 23:13

-Comment te sens-tu? Veux-tu que je t’apporte quelque chose? Un verre d’eau peut-être?

Les mots se bousculaient et s'entassaient tous pêle-mêle dans la tête à Kei. Ils étaient si coincés, désorganisés et nombreux que le garçon n'arrivait pas à les comprendre. Il savait qui lui parlait, il pouvait reconnaître la voix familière de Sinak, mais rien au-delà de cela. Il prit le verre d'eau qu'on lui donna et le bu à grandes gorgées. Il avait l'impression de ne pas avoir rien avalé depuis des siècles; il pouvait sentir chaque goutte d'eau couler le long de sa gorge sèche. Cela était soulageant, agréable. Le jeune garçon regarda brièvement autour de lui et aperçu Rigga couchée sagement au sol. Aussitôt, son cœur s'emballa. Il était si heureux d'être ici, avec ses amis. Il avait envie de serrer Rigga dans ses bras, envie de partir se promener avec Sinak. Il se sentait vivant. Quelques minutes plus tard, Kei se fit de nouveau interpeller par Sinak:

-En veux-tu une toi aussi?

Sans pouvoir donner sa réponse, le garçon se retrouva avec une pierre précieuse dans la main. Il ne comprit pas toute de suite son utilité et, intrigué par sa jolie couleur, décida de croquer dans cette dernière. Il fut déçu de réaliser que l'objet en question ne se mangeait pas et le ressortit de sa bouche pour ensuite le tourner curieusement de tous les côtés dans ses mains.

-Sinak... ça se mange pas... je fais quoi avec...

Kei continua d'observer l'objet de tous ses côtés, le mettant en face de la fenêtre pour y faire pénétrer les rayons de soleil. Rapidement, il se lassa de la pierre et la déposa sur le ventre de la jeune femme qui reposait à ses côtés. Il se leva ensuite et alla s'agenouiller près de Rigga. La chienne, heureuse de le voir, remua joyeusement la queue. L'enfant lui flatta doucement la tête et après quelque temps se retourna vers Sinak.

-C'est qui la dame là, c'est ta sœur? demanda le garçon, fixant intensément l'humaine qui se trouvait sur le lit de bois. Sa question n'avait pas de sens, mais l'enfant ne le réalisait pas. Pour lui, des personnes vivant sous le même toit, peu importe leur race, étaient une famille. Il n'était pas conscient des différences qui, pour les gens normaux, étaient la source de conflits et d'injustices.

-J'ai dormi longtemps? Je me souviens plus de rien... Ma mère me dit souvent que dormir trop, ça l'embrouille l'esprit, puis on se sent tout bizarre après...

Kei parlait beaucoup plus que d'habitude, car pour une raison qu'il n'arrivait pas à bien définir, il avait envie de communiquer. Il voulait discuter avec Sinak, lui partager ses pensées et ses émotions et il se sentait assez en forme et alerte pour le faire.

-J'aimerais... rencontrer ta famille...

Le garçon sembla réfléchir à ce qu'il venait de dire pendant un moment, puis reprit:

-On peut aller dehors, Sinak? Je veux aller me promener avec Rigga...

Kei prit la main de Sinak, toujours assis au sol, puis attendit sa réponse. Il n'avait aucune envie de rester à l'intérieur, il préférait grandement l'air frais de dehors. Il espérait avoir le consentement de son ami.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyDim 16 Mar - 19:41

-Sinak... ça se mange pas... je fais quoi avec...

Le nain planta son regard sur Kei. Il avait l’impression de s’être précipité dans un élan de joie vers un mur, seulement pour se retrouver écrasé contre ce dernier. Il avait oublié qu’il ne pouvait pas passer au travers des murs, que Kei ne pouvait pas comprendre et apprécier son cadeau. Sinak avait été stupide de l’oublier.

-C'est qui la dame là, c'est ta sœur?

Le nain tourna brusquement la tête, scrutant intensément la chambre. Toutefois, il se rendit bientôt compte que l’enfant désignait la femme qui l’avait guéri. Il secoua lentement la tête, en se disant qu’au moins la vie n’avait pas été assez cruelle pour lui donner cette humaine comme sœur.

-J'ai dormi longtemps? Je me souviens plus de rien... Ma mère me dit souvent que dormir trop, ça l'embrouille l'esprit, puis on se sent tout bizarre après...

Tout bizarre après…Une légère inquiétude s’empara de Sinak. Il fronça les sourcils et lança un regard suspicieux à l’humaine. Il était vrai que Kei était bizarre. Il parlait plus que d’habitude : il venait en réalité de battre son record de quantité de mots prononcés à la minute. Le nain espérait qu’il n’avait pas eu tort de faire confiance à la guérisseuse.

-J'aimerais... rencontrer ta famille...

Le regard de Sinak revint brusquement vers Kei. L’instant d’une seconde, ses yeux furent froids et son expression enragée. Elle osait le provoquer à travers la seule personne qui comptait pour lui à présent… Elle ne pouvait pas faire ça, elle ne pouvait pas se servir de Kei pour lui faire mal. L’enfant le regardait d’un air innocent, joyeux et réveillé. Il flattait Rigga et semblait heureux. Non, elle ne pouvait pas le blesser de cette façon. Maintenant qu’il avait Kei, elle ne pouvait plus.

Les traits du nain se détendirent aussitôt qu’il le comprit. Pour une fois, il avait été plus intelligent qu’elle et ne s’était pas laissé prendre à son jeu. Il posa ses yeux attendris sur l’enfant et comprit brusquement qu’il pouvait être heureux, malgré tout.

-On peut aller dehors, Sinak? Je veux aller me promener avec Rigga...

Il faisait noir dehors, mais le nain accepta la requête de Kei sans hésiter. Faisant signe à Rigga de les suivre, Sinak ouvrit la porte, mena ses amis à travers la foule de soûlons rassemblés dans la taverne et sortit dehors. Il fut accueilli par le soir avec sa noirceur, sa froideur et son vent. Comme par magie, le vent fit envoler ce qu’il restait de tristesse dans son coeur, le froid glaça ses inquiétudes et le noir lui cacha ses souvenirs douloureux. Il inspira à fond cet air frais qui sentait peut-être la poussière, la saleté et la misère, mais qui portait aussi en lui le parfum de la liberté.
Étrangement, le vent avait meilleur effet sur lui que n’importe quelle boisson. Il adorait son froid et sa violence qui le ramenaient à la réalité, tout en l’enivrant et le rendant étrangement euphorique.

Rigga bondit devant et Sinak entraîna Kei à sa suite, en se demandant comment n’avait-il pas réalisé plus tôt qu’il était libre. Libre de décider de tout, y compris de sa famille.

-Tu sais Kei, commença-t-il, tantôt tu m’avais demandé de te présenter ma famille. Hé bien, tu ne pourras pas tous les rencontrer maintenant, mais je peux te parler d’eux. Je vais commencer par ma mère.

Il prit une pose, se remémorant le visage doux et chaleureux de sa mère, tel qu’il le connaissait depuis qu’il était tout petit.

-Ma mère…elle était très gentille. Je l’aimais beaucoup. Lorsque j’étais petit, nous allions nous promener sur le bord du ruisseau souterrain et elle me trouvait sans cesse des petites pierres précieuses. Je n’arrivais jamais à en trouver moi, mais elle, elle ne semblait en manquer aucun. Mes pierres préférées étaient les émeraudes. Elles sont comme la roche que je t’ai donnée. Je les aimais beaucoup et ma mère tentait sans cesse de m’en trouver. Les pierres qu’elle aimait, elle, c’étaient les saphirs. Un jour, j’ai essayé d’en trouver un pour sa fête. En me promenant toujours le long de ce ruisseau, j’en ai aperçu un géant. J’étais tellement heureux de pouvoir le lui offrir! Elle avait semblé tellement contente de son cadeau, à sa fête! Beaucoup plus tard, j’ai appris que ce que je lui avais donné n’était pas un saphir géant, mais simplement un amas de cristaux de sel. J’avais été très déçu, mais ma mère m’avait rassuré en me disant qu’elle adorait son cristal de sel et qu’il était plus beau à ses yeux que n’importe quelle pierre précieuse.

Sinak arrêta brusquement de parler, se rendant compte qu’il était ridicule. Kei ne l’écoutait peut-être même pas. Il se tourna vers l’enfant et réalisa à sa grande surprise qu’il était encore attentif. Alors il continua.

-J’avais aussi deux petits frères. Nous jouions beaucoup ensemble lorsque nous étions petits. Ils adoraient me faire des mauvais coups. Par exemple, ils aimaient faire des nœuds dans ma barde. J’avais aussi Hynn, Lilith et Garyn. Nous étions inséparables. Nous nous partagions chaque morceau de pain, chaque secret, chaque joie et chaque peine. Enfin, il y a Rigga. Tu la connais déjà...

Sinak se tut de nouveau, se sentant horriblement pathétique. Plus il parlait, moins il était crédible. Je sonne comme une fillette naine qui a un surplus d’émotions. Il secoua la tête, découragé de lui-même. Si son père l’avait entendu, il serait mort d’incrédulité et de honte.

Le nain jeta quelques regards hagards autour de lui et constata à son grand soulagement qu’il n’y avait personne dans la rue, mis à part quelques chats errants, Kei et Rigga. Il se ressaisit donc et se promit de ne plus se laisser emporter, de ne plus tenter de raconter un cauchemar sous forme de conte de fée.
Lentement, il tourna la tête vers Kei et le regarda un moment sans rien dire. Puis, désirant briser le silence, il lui dit la première chose qui lui vient en tête :

-Parle-moi maintenant de ta famille à toi.

Trop tard, il se rendit compte de la cruauté de ses paroles.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyLun 14 Avr - 23:52

-Parle-moi maintenant de ta famille à toi.

Kei inclina sa tête et réfléchit pendant un moment. Sa famille étant excessivement grande, il ne savait pas par où commencer.

-Ma mère s'appelle Eleora. Elle aime beaucoup les plantes et la nature. Mon père s'appelle Arlen, mais je le vois pas souvent... Je sais pas ce qu'il aime.

-Sinon...

-Sinon il y a tous mes petits frères et petites soeurs, Kei enchaîna. Il y a Iyana, Marie, Uaine, Viviane, Eva, Théo, Elliot, Josef et Lyre. Je mélange souvent Josef et Lyre parce qu'ils sont nés en même temps et maman se fâche contre moi. Elle dit que je ne fais pas attention et qu'ils ne se ressemblent pas du tout. Mais elle me pardonne.

Kei ne savait pas quoi dire d'autre. Il ne connaissait pas très bien sa famille, à l'exception de sa mère... Ah oui! Il venait de se rappeler de quelqu'un, quelqu'un qui lui rendait souvent visite autrefois, quelqu'un qui lui était important.

-J'ai aussi un cousin... En fait, j'ai beaucoup de cousins, mais juste un qui vient nous voir. Il s'appelle Eryn. Il est blond et ressemble un peu à ma mère... Parfois, il me frotte la tête trop fort et j'ai mal. Mais il est gentil avec moi. Les autres... ils m'ignorent...

-Euh...

-Là, je sais plus quoi dire...

Kei fixa Sinak les yeux grands ouverts, en attendant que celui-ci lui dise quoi faire. Décidément, l'enfant ne savait donner suite à une conversation. Il désirait communiquer, mais n'en avait pas les aptitudes. C'est pour cette raison que la plupart des membres de sa famille l'avaient déclaré cause perdue et s'en étaient rapidement désintéressés. Pourtant, les efforts étaient toujours là. Le petit Kei, durant toute son enfance, c'était acharné à la tâche. Est-ce que quelqu'un l'avait seulement remarqué?

Le garçon continua de regarder le nain sans parler, espérant avoir de l'aide pour continuer à parler.
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyJeu 1 Mai - 22:15

Sinak resta interdit un moment. Kei avait parlé de sa famille avec tant d’honnêteté et de simplicité qu’il avait failli apercevoir les fantômes de toutes ces personnes défuntes, marchant à leurs côtés. Le nain pouvait facilement se les imaginer. Kei avait parlé d’eux au présent, les faisant apparaître sans vraiment leur redonner la vie. C’était troublant et quelque peu morbide.

Même les animaux se rappellent des membres de leur famille qu’ils ont perdu.

Cela veut-il dire qu’il est moins qu’un animal? Ou au contraire, qu’il est plus qu’un animal et qu’un humain à la fois?


Le nain regarda l’enfant, comme s’il pouvait répondre à ses questions silencieuses. Drôlement, l’enfant le regardait avec un air semblable.

-Euh...

-Là, je sais plus quoi dire...

Encore une fois, des paroles trop honnêtes, trop pures, que personne ne prononçait habituellement. Tu as encore tant à apprendre Kei…ou est-ce les autres qui devraient apprendre de toi ? Le nain secoua doucement la tête. Trop de questions, pour un soir.

-Parle-moi de ton village, demanda-t-il à l’enfant.

Il était conscient qu’il ne faisait que rentrer le couteau davantage dans la plaie. Cependant, il était visiblement seul à l’être. Si Kei ne réalisait pas la présence de cette plaie, cela ne changerait rien de la guérir, de l’ignorer ou de faire semblant de l’oublier. Ce qu’il ne savait plus, ne pouvait plus lui faire mal. De plus, Sinak était curieux. Il avait toujours vécu dans la montagne, où il n’y avait rien que des roches. Le nain n’avait jamais su à quel point cette montagne était un enfer avant de voir la forêt. Kei y avait vécu, alors il avait sans doute des choses à raconter. Des choses colorées et vivantes. Pas inertes et grises. Dures et sans émotions comme les roches. Noires, humides et suintantes. Dans la montagne, l’air sentait la captivité et la nourriture goûtait la privation. Kei, lui, avait goûté à la fraîcheur, à la liberté, aux couleurs et au soleil. Sans doute, il ne s’en était jamais vraiment rendu compte. Il n’avait sûrement pas réalisé sa chance d’avoir eu un plafond bleu clair sur lequel voguaient les nuages. Bien sûr, il n’avait pas vécu toutes ces années avec des tonnes de granite lui pesant sur la tête, l’écrasant au sol et réprimandant le moindre sentiment de grandeur et d’accomplissement. Bien sûr, bien sûr…

Sinak secoua de nouveau la tête. Il fallait oublier tout cela. C’était le passé et le passé ne valait rien aux yeux du présent. Le nain se concentra sur la rue, sur le ciel noir, sur les rires gras provenant de l’intérieur des maisons, sur les insultes lancées d’une fenêtre à l’autre, sur les chuchotements peu subtils, sur les miaulements des chats bagarreurs, sur les jappements inquisiteurs de Rigga provenant de quelque part devant eux, sur les ballottements des lanternes et sur le doux sifflement du vent. Ensuite, le nain se tourna vers Kei pour écouter sa réponse. Pris dans le chahut étrangement organisé de la ville, il avait bien envie d’entendre parler de forêt.
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Kei
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptySam 10 Mai - 0:37

-Parle-moi de ton village.

Kei réfléchit à nouveau pendant quelques instants. Son village, il ressemblait à quoi, déjà? Il n'y était pas souvent, à vrai dire il quittait rarement sa maison et quand il le faisait, c'était pour aller dans la forêt. Le minuscule marché, l'église et le parc étaient des endroits qui lui étaient interdits. Non pas par aucune loi écrite, mais par un consentement général. Kei le savait sans qu'on ait à lui dire. C'était un fait, une vérité indéniable. Un garçon comme lui n'avait rien à faire là-bas.

-...Mon village était très petit. Il y avait un marché, une église, un parc et une taverne. Les gens se connaissaient tous entre eux et ils sortaient souvent dehors pour se parler. Notre maison, elle était à l'orée de la forêt et c'était l'une des plus petites du village. Je peux pas dire rien d'autre parce que j'y allais jamais au village de toute façon. La forêt c'est mieux. Là au moins...

Tiens, il parlait au passé. Pourquoi parlait-il au passé? Le cœur de Kei se serra. Il savait que quelque chose clochait. Il pouvait entendre les reproches incohérents de sa mère dans le fond de son esprit, ces paroles qui voulaient le ramener à l'ordre. Oui oui, il le savait, quelque chose n'allait pas, quelque chose n'était pas correct. Qu'est-ce que cela changeait, au bout du compte? Il s'en foutait. Le jeune garçon se sentit brusqué. Pour la première fois depuis le début du voyage, il se sentait blessé. Les paroles insouciantes de Sinak lui avaient rappelé de douloureux souvenirs. Il voulait oublier, il voulait prétendre qu'il n'était pas affecté.

-... Non. Je suis tanné de parler de mon village. De toute façon quand je parle ça sort tout croche parce que je suis con. Il fait froid Sinak, on rentre, je suis fatigué.

Con. Kei ne comprenait pas réellement la signification de ce mot. Tout ce qu'il savait, c'est que c'était mal, que c'était méchant. Il le savait, car les enfants du village le lui répétaient souvent. Dès qu'il s'approchait d'eux, les insultes commençaient à couler. "Pourquoi tu ne parles pas, tu es trop con?" "Regardez comment il s'exprime, on dirait que sa mère lui a jamais rien appris! C'est pour ça que t'es con comme ça!" "Kei est un idiot, il ne comprend rien, laisse le faire." C'était vrai de dire que Kei ne comprenait pas toujours tout, mais il ressentait les émotions véhiculées par ces paroles et il savait. Il sentait le dégoût des enfants, il sentait le rejet des adultes. Kei n'était pas si con. C'était pour cette raison qu'il n'aimait pas son village. Il ne voulait pas en parler et il ne voulait pas y retourner. Il était plus ou moins conscient du fait qu'il était différent et c'était pour cette raison que le mot con lui faisait aussi mal. C'était pour cette raison que parler du village était aussi désagréable.

Pour la première fois depuis le début de son voyage, Kei n'attendit pas le consentement de Sinak pour aller de l'avant. Il se mit aussitôt sur le chemin de retour.
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Sinak Pathara
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MessageSujet: Re: L'art de se trouver un logement   L'art de se trouver un logement EmptyMar 13 Mai - 0:10

-...Mon village était très petit. Il y avait un marché, une église, un parc et une taverne. Les gens se connaissaient tous entre eux et ils sortaient souvent dehors pour se parler. Notre maison, elle était à l'orée de la forêt et c'était l'une des plus petites du village. Je peux pas dire rien d'autre parce que j'y allais jamais au village de toute façon. La forêt c'est mieux. Là au moins...

Sinak fronça les sourcils. Il y avait quelque chose qui clochait. Kei ne parlait pas seulement de son village au passé, il parlait également comme s’il ne l’aimait pas. Il y avait un certain agacement dans sa voix et de la tristesse peut-être? Non, pas de tristesse. C’était un mot trop faible, trop léger, trop vulnérable. Kei ne paraissait pas vulnérable. Il paraissait…fâché? Importuné? Révolté? Irri-

-... Non. Je suis tanné de parler de mon village. De toute façon quand je parle ça sort tout croche parce que je suis con. Il fait froid Sinak, on rentre, je suis fatigué.

Tiens, voilà. Le volcan venait d’entrer en éruption. C’était un tout petit volcan insignifiant que personne ne remarquait, qui ne causait de mal à personne et qui ne faisait presque pas de bruit. Un petit volcan propre à Kei. Sinak avait vu la fumée, mais n’avait pas réussi à comprendre ce qui se tramait. À présent il était enseveli sous la lave. Cela ne brûlait pas ; la lave n’était même pas chaude. Elle avait déjà durcit et emprisonné le nain.

Ce dernier était sous le choc. C’était tout ce qu’il pouvait comprendre. Ensuite, cela se compliquait. Était-il inquiet pour Kei? Était-il surpris? Perturbé? Se sentait-il coupable? Était-il découragé? Fâché? Il ne savait pas.

Cela lui prit toutes les forces de l’univers pour se retourner vers Kei qui avait commencé à marcher vers la taverne. La lave s’étira comme un élastique autour de lui.

-Kei tu n’es pas con.

-Je suis désolé, Kei.

Ses paroles se perdirent en chemin. Volées par le vent avant d’atteindre leur destinateur ou englouties par la lave boueuse, tantôt sèche, tantôt liquide. Sinak ne tenta pas de les renvoyer. Il resta bêtement planté sur place à regarder l’enfant s’éloigner, trop désemparé pour réagir convenablement. Cependant, il nota deux choses, pour lui-même. Il les plaça doucement dans sa besace en se promettant de toujours avoir celle-ci avec lui lorsqu’il serait près du garçon.

1. Ne plus parler du village de Kei
2. Kei n’est pas con

Une fois cela fait, Sinak se permit de prendre une grande inspiration. Il regarda Kei en plissant les yeux. Une seule phrase de l’enfant lui avait révélé un tas de choses sur lui. Ou plutôt une seule chose, qui était assez signifiante pour détruire une partie de l’idée qu’il avait eu jusqu’à présent de Kei. Comment aie-je pu penser le connaître? Cela le perturbait. En quelques instants, beaucoup de choses avaient changé.

Le nain se permit de faire quelques pas. La lave à ses pieds avait disparût. Il appela Rigga et alla rejoindre l’enfant. Ils marchèrent en silence. Sinak ne fit pas semblant que rien ne s’était passé – il lança quelques regards qu’il espérait compréhensifs vers l’enfant – mais se retint de faire le moindre commentaire. Que pouvait-il dire? Qu’arriverait-il à dire?

L’entrée de la taverne les sauva bientôt tous les deux du silence étouffant qui les écrasait depuis qu’ils s’étaient mis sur le chemin du retour. L’odeur de l’alcool, le brouhaha incessant, les affreux rires, les bruits de verres brisés et les coups de poings violents sur les tables, tout cela irritait Sinak. Il avait seulement envie de dormir. Demain, il penserait à la boisson. Il monta l’escalier le plus rapidement possible et attendit que Kei et Rigga le rejoignent. Il remarqua ensuite que la porte de leur chambre était entrouverte. Il entendit des voix, une, scandalisée, appartenait à Ada et l’autre, endormie, à l’humaine guérisseuse. Il soupira et lança un regard découragé à Kei. Abordant un air à la fois découragé et irrité, le nain fit son apparition dans le cadre de porte.
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